Pentagone ou la théorie d’UN complot – 2/11Par Michel Straugof ? Le 11 septembre 2018
http://lesakerfrancophone.fr/pentagone-ou-la-theorie-dun-complot-211Notre cerveau est en général très réticent face aux changements importants. Ces derniers perturbent ses habitudes de raisonnement, le plongeant dans une zone où ses repères traditionnels deviennent inopérants et/ou erronés. L’impossibilité de se rattacher à du vécu, déclenche alors des réflexes de refus et de blocage. Comment le lecteur pourrait-il admettre, ex abrupto, cette perspective de l’inside job, sans s’imprégner auparavant de la violence continue de l’Histoire étasunienne volontairement dissimulée par une information hollywoodienne ?
Je conçois d’autant plus volontiers cette difficulté à accepter, de facto, un tel niveau de turpitude de la part d’un gouvernement, qu’il m’a fallu un long moment et de nombreux éléments factuels pour y parvenir. Pour débuter notre rapide incursion dans cette Histoire, genre de réflexion politique dont fut capable un des plus adulés de leurs hommes politiques de la seconde moitié du XXe siècle, encore doté de nos jours d’une image politique quasiment lisse, Robert Kennedy.Première partie – 11 septembre 2001Vade-mecum de la préparation d’UN complot
2 – L’Histoire US et ses à-côtés.Il avait ni plus ni moins imaginé une opération sous faux drapeau, une de plus, le but visé n’étant rien d’autre que précipiter une guerre entre les États-Unis et l’URSS, guerre dont il n’était pas difficile d’
imaginer la conclusion. Cet article expose parfaitement les circonstances de cette affaire, deux pages déclassifiées d’une réunion traitant de la préparation de ce mauvais coup présentées en
annexe 2 confirmeront qu’il ne s’agit pas d’une brève de comptoir. Par sa prise en compte, vous entrez de plain-pied dans ce dont furent capables les élites dirigeantes étasuniennes depuis la naissance de cette nation. Face au matraquage médiatique sur leur soi-disant destinée de «
sauveur du Monde » et leur exceptionnalité auto-proclamée, si bien ancrée depuis des décennies, il était impossible de faire l’économie d’un long développement récapitulatif si l’on voulait révéler l’ampleur du mal. On ne peut traiter en quelques mots l’antériorité de cette nation hors norme.
Une étude un peu moins superficielle que les «
cartes postales » habituellement proposées prouvera alors que l’
inside job, développé ensuite, s’inscrit finalement bien dans ces comportements politiques habituels. Rappelez-vous les précédents historiques de notre liste des nécessités déclenchant l’intime conviction. Nous sommes le fruit de notre passé, seul le recours à l’Histoire – et celle des États-Unis est courte – répond objectivement à ce concept. La brutalité, je l’ai déclaré d’entrée fut, est et restera la façon d’opérer des gouvernements étasuniens au fil des temps. L’oublier ou refuser de le reconnaître, c’est définitivement compromettre les chances de comprendre tout ou partie des raisons ayant amené ce 11 septembre. Le plus souvent, elle s’exercera si le régime démocratiquement élu des autres nations ne plaît pas au «
Maître » ou si elles tentent simplement de s’opposer à leur mise en coupe réglée.
Mais cette brutalité n’hésite pas également à frapper les siens, l’exemple de ce qui sera bon comme manière de s’imposer fut donné par
George Washington lui-même. France et Angleterre avaient un différend sur la «
propriété » de terres américaines, pas encore étasuniennes, mais la commission nommée en 1749 pour l’aplanir à l’amiable n’alla pas assez vite pour lui. Le 28 mai 1754, il attaqua donc avec sa troupe – sur un territoire où il n’avait aucune autorité puisque sous juridiction française – une patrouille de Canadiens à ce moment sans armes, en tuant la majorité. Il se vantera même plus tard, dans des aveux signés de sa main lors de sa capture, avoir lui-même abattu Joseph Coulon de Villiers de Jumonville, le commandant de la troupe canadienne. Le règne de la brutalité était lancé, les 300 esclaves de George Washington, plus riche colon de Virginie, ne nous contrediront pas. Le fait de ne pas assumer ses crimes l’était également, il se rétracta plus tard, voulant faire retomber cet assassinat sur le dos d’un chef indien, mais aucune trace de coups de tomahawk sur le corps de la victime, au contraire des impacts de balles.
Près d’un siècle plus tard et en seulement 60 ans, le gouvernement des colons blancs, nouveaux maîtres auto-proclamés de l’Ouest du pays, réduisit par un véritable génocide la population Indienne de 10 à 1 million, près de deux fois le chiffre terrible de la Shoah. À ce jour, la communauté internationale n’en garde pas le moindre souvenir et les autorités étasuniennes ont toujours bloqué les tentatives de sa reconnaissance. Là aussi la brutalité fut totale, pas de limite à la cupidité des arrivants et fin des libertés pour les survivants de ce carnage, près de 2 millions de personnes sont désormais parquées pour l’éternité dans des camps réservés, où ils vivent dans des conditions lamentables.
Dans cette critique, je vais rappeler pour certains, faire découvrir à d’autres, des faits graves, sinon gravissimes, démontrant mieux cette réalité étasunienne. Pas d’amalgame toutefois avec les présidents ayant maintenu ou tenté d’améliorer un état de paix, par définition fragile et une nouvelle fois, encore moins vis à vis du peuple étasunien, le premier à le payer, tant sur le plan humain que financier. Malheureusement, cette dernière catégorie de gouvernants est très nettement sous-représentée. Une étude étasunienne arrêtée en 2011 révèle que depuis 1776, création de cette nation, elle compte 214 années de guerre pour seulement 21 années de paix ! Je vous en épargne le détail année par année, mais vous pourrez toutefois le découvrir
sur ce site. Cette statistique parait suffisante pour confirmer le très faible nombre de présidents ayant choisi la paix durant leur mandat et la puissance, difficilement compréhensible autrement, de ce complexe militaro-industriel régissant en grande partie la vie de cette nation de première importance.
Pour bien marquer l’ancienneté du péril étasunien au niveau planétaire, comment ne pas citer ensuite Lamartine, déclarant en 1858 : «
Les États-Unis ont la résolution d’entrer en domination dans les affaires de la vieille Europe qu’ils déclarent caduque avec la forfanterie de leur prétendue jeunesse. Ils affectent avec l’Europe, en y apportant leur dollar, la supériorité du mépris. Si l’on n’y veille, ils seront en mesure de prendre l’Europe par la famine et le vieux continent livré au pays de tous les monopoles en subirait à jamais la loi. » Quelle étrange actualité dans ce jugement !
Complotons, complotons, ou l’Histoire en face.Complot, disais-je ? Comme les mensonges, autre facette des mêmes travers, l’Histoire étasunienne en est truffée, en commençant par la
Boston tea party, avant même la création officielle des États-Unis d’Amérique. Une querelle opposant les colons habitant le Massachusetts et la couronne britannique, «
propriétaire » à l’époque de ces terres américaines, sur un problème de taxation du thé importé, fut le détonateur pour le premier
false flag (action sous
faux drapeau) de leur – future – nation. Le 16 décembre 1773, à l’issue d’une réunion ayant regroupé plusieurs milliers de personnes à
Boston – donnant pour l’époque une plus juste estimation de leur colère – une centaine de colons déguisés et grimés comme des guerriers indiens Mohawks, montaient à bord des trois voiliers chargés de thé. Trois heures plus tard, 342 caisses de thé flottaient provisoirement dans le port avant de couler, déclenchant des représailles de l’Angleterre et, au moins partiellement, la
guerre d’Indépendance.
Continuons avec – déjà – les faux motifs des guerres au XIXe siècle. Contre le Mexique d’abord, pour lui voler d’immenses territoires (Arizona, Californie, Colorado, Nevada, Nouveau-Mexique et Utah). Le 12 janvier 1848 dans un discours devant le Congrès, Abraham
Lincoln, nouvellement entré en politique, accusait
James K. Polk, président de l’époque, d’avoir «
inutilement et inconstitutionnellement déclenché la guerre mexicano-américaine ». Il ajoutait qu’il attendait la présentation de preuves démontrant la réalité de l’agression initiale par les Mexicains, ce qui ne fut jamais produit, pour cause de mensonge officiel. Le président mexicain,
Porfiro Díaz dira plus tard : «
Pauvre Mexique, si loin de Dieu, mais si près des États-Unis ! ».
L’Espagne ensuite, empire déclinant, déjà amputé par les mêmes de Porto-Rico et des Philippines, également mise en cause grâce à l’opportun naufrage de l’
USS Maine dans le port de La Havane en février 1898. But du complot, récupérer complètement Cuba, annexer les terres au profit de l’
United Fruit Company et transformer le reste de l’île en lieux de détente sans contrainte pour les gringos. Avant l’arrivée de Fidel Castro, l’espérance de vie cubaine moyenne y était de 32 ans… Elle est aujourd’hui supérieure à celle de l’ancien propriétaire auto-déclaré ! Dans cette même période, les magouilles de Washington après l’adoption de la Constitution de la République colombienne, aboutirent à la
guerre des 1000 jours et la sécession de la province de Panama. Ce fruit bien mûr tomba juste pour leur permettre de s’installer, reprendre et achever les travaux du canal sans payer quelque royalties que ce soit à qui que ce soit.
Pour suivre le cours de l’Histoire du monde, il y eut l’excuse partielle de la mise à mort du paquebot civil
Lusitania par torpillage en mai 1915 (seulement 10% d’Étasuniens environ dans les victimes du naufrage). Une seule torpille d’un sous-marin allemand commença à faire pencher la balance pour l’entrée en guerre en Europe, près de deux ans plus tard. Cette thèse parait chaque jour un peu plus douteuse, il est maintenant largement admis une seconde explosion, intérieure cette fois au Lusitania, expliquant plus facilement la rapidité du naufrage. Mais d’autres faits font orienter l’Histoire vers le
coup fourré. Alors que USA comme Angleterre étaient, à l’époque d’importants producteurs de charbon, la pénurie de celui-ci fut la raison invoquée pour faire partir le paquebot de New-York avec une seule chaudière allumée. Ce choix fut fait sciemment, alors qu’en contradiction de toutes les lois de la mer et de la guerre, les cales de ce transport de civils étaient bourrées d’armes et de munitions destinées au théâtre guerrier européen, explicitant mieux cette seconde explosion. Sa vitesse habituelle de navigation le mettait hors de portée des submersibles de l’époque, mais du fait de cette fermeture de la majorité des chaudières, il effectua sa dernière traversée à la vitesse d’un vieux cargo, devenant une proie rêvée.
Mais dans les raisons premières de cet engagement étasunien de fin 1917, on trouve, pour la plus grande part, une «
maladresse » de
Arthur Zimmermann, ministre des Affaires étrangères allemand. Dans un télégramme au gouvernement mexicain, il envisageait une alliance militaire, dans le but d’aider ce pays à récupérer les territoires spoliés par les Étasuniens. Ces derniers ayant quasiment terminé l’asservissement de leur continent, cette proposition allemande était particulièrement mal venue. Pauvre Zimmermann, il n’avait pas du tout compris la
doctrine Monroe et ses successeurs, l’Amérique (le continent) aux Américains (ceux de Washington), «
La Fayette nous voilà » ayant bon dos ! La lutte contre les propositions de Zimmermann, jointe à la montée inquiétante des idées et du risque marxiste en Europe, semblaient plus adaptées comme raisons majeures. Ajoutons le journaliste
Edward Bernays, inventeur des relations publiques, mais dans notre cas de l’efficace machine de propagande (déjà) destinée à forcer l’acceptation du bon peuple étasunien à participer à cette boucherie. La guerre, de toute façon, c’est bon pour les affaires. En 1914, l’excédent de la balance commerciale étasunienne avec l’Europe était de 436 millions de dollars. En 1917, à la veille de leur entrée en guerre, il atteignait 3568 millions de dollars.
Ces premiers exemples pouvant sembler insuffisants pour certains, sortons du carcan temporel pour renforcer l’information sur le sujet en recueillant l’avis hautement autorisé de
Smedley Butler, Major-General du Marines Corp, décoré à de multiples reprises. Extrait de son livre
War is a racket, La guerre est un racket (Feral House, Los Angeles, 2003) :
« J’ai effectué 33 ans et 4 mois de service actif, et durant cette période, j’ai passé la plupart de mon temps en tant que gros bras pour le monde des affaires, pour Wall Street, et pour les banquiers. En bref, j’étais un racketteur, un gangster au service du capitalisme. J’ai aidé à sécuriser le Mexique, plus particulièrement la ville de Tampico, au profit des groupes pétroliers américains en 1914. J’ai aidé à faire de Haïti et de Cuba un endroit convenable pour que les hommes de la National City Bank puissent y faire des profits. J’ai aidé au viol d’une demi-douzaine de républiques d’Amérique centrale au bénéfice de Wall Street. J’ai aidé à purifier le Nicaragua au profit de la banque américaine Brown Brothers de 1902 à 1912. J’ai apporté la lumière en République dominicaine au profit des entreprises sucrières américaines en 1916. J’ai livré le Honduras aux entreprises fruitières américaines en 1903. En Chine, en 1927, j’ai aidé à ce que l’entreprise Standard Oil fasse ses affaires en paix.
Quand je repense à tout ça, je pourrais donner à Al Capone quelques conseils. Le mieux qu’Al Capone pouvait faire, c’était de racketter trois quartiers. Moi, j’agissais sur trois continents. »
Indirectement au service des plus grandes compagnies de son pays pendant plus de trente ans, il décida de dénoncer les profits engrangés par ces firmes et générés par les guerres. Son livre, très révélateur, permet de mieux comprendre les motivations, la puissance et le danger que représentent gouvernement et complexe militaro-industriel étasuniens contre les intérêts fondamentaux des États, des peuples et de la démocratie en général. Pour mieux démontrer encore un autre côté impitoyable de cette politique, Smedley D. Butler révéla en 1934 au Congrès le complot fasciste en cours d’organisation contre le président Franklin D. Roosevelt, par les dirigeants des plus grandes entreprises étasuniennes. Irenee DuPont, William Knudsen directeur de GM et quelques amis de la banque Morgan lui proposaient de prendre la tête de l’armée de 500 000 hommes qu’ils étaient prêts à financer, troupe factieuse organisée sur le modèle des Croix-de-Feu français. L’enquête diligentée par le Congrès révéla, outre la véracité de cette tentative, la réalité des assertions de Butler concernant sa mise en cause des grandes sociétés, Standard Oil, United Fruit et bien d’autres dans la totalité des agressions étasuniennes qu’il avait conduites de par le monde. Les mêmes dirigeants, que vous allez retrouver dans les lignes qui suivent, jugeaient le programme politique et économique du nouveau président trop social, trop socialiste… Roosevelt socialiste ! Les assassins de Kennedy n’ont rien inventé, sinon aller plus discrètement au bout de leur démarche !
Le mobile de la défense de la liberté, ne tenant donc pas longtemps à l’analyse, l’Histoire nous enseigna ensuite nombre de liaisons sulfureuses entre la «
démocratie » étasunienne et le régime fasciste allemand. En réalité, la première participa lourdement à la mise en place du second. Les USA furent profondément divisés sur la position à tenir vis à vis du national-socialisme montant et plus tard sur la nécessité de participer à la guerre. Une organisation comme
America First défendait les intérêts des nombreuses entreprises étasuniennes ayant investi en Allemagne depuis la fin de la guerre précédente, une déclaration de guerre contre ce pays pouvant mettre ces investissements en danger. Les coordinateurs de cette organisation, ouvertement très à droite droite et antisémite, étaient les frères Dulles que nous retrouverons un peu plus loin.
John Foster sera Secrétaire d’État sous Eisenhower,
Allan patron de la CIA durant de longues années, après avoir représenté l’OSS, son ancêtre, en Suisse durant la Seconde Guerre mondiale. Il n’est pas exagéré de déclarer les États-Unis au moins indirectement responsables de l’arrivée au pouvoir d’Hitler et surtout du conflit mondial qui suivit. Mais que de juteux bénéfices réalisés par les entreprises étasuniennes durant cette période !
Commençons par les prêts Young, du nom de
Owen Young, leur instigateur, président de General Electric, proposés par les banques étasuniennes et britanniques à l’Allemagne. Ces «
aides » furent uniquement accordées pour favoriser la chute d’un régime financièrement aux abois… participant volontairement, par la même occasion, à la propagande et l’accession d’Hitler au pouvoir par les urnes. Young était parfaitement informé de la situation tant économique que politique allemande par sa filiale installée dans le même pays ; n’est-ce pas par ce canal qu’il aidait financièrement les nazis, bien avant leur accession aux responsabilités ? Préméditation ? Ne quittons pas cette entreprise sans nous étonner de l’étrange mansuétude des bombardiers alliés à son égard. Les 10 principales usines de sa filiale allemande, German General Electric, qui avait racheté AEG, produisant l’électricité dont le Reich avait tant besoin pour son industrie de guerre, ne furent jamais bombardées. Curieusement, celles de Siemens ayant, avant la guerre, refusé le projet de rachat par General Electric et exerçant la même activité furent détruites.
Difficile de ne pas faire la corrélation ! GE fut également traîné devant les tribunaux américains après-guerre pour entente avec Krupp, nazi notoire, dès avant le conflit, sur la mise en production du carbure de tungstène et son prix, pesant lourdement dans le coût de certains projets militaires étasuniens. Après cet accord, le prix de la livre de ce produit
passa de 50 à 453$. Une partie de ce supplément de prix revenait au régime hitlérien par l’entremise de Krupp. Ce procès sera, comme bien souvent dans ce pays quand il s’agit de sociétés de taille internationale, une parodie de justice amenant à une amende ridicule par rapport aux profits illicites engrangés et la participation à un complot contre son propre pays. On voit mieux les limites du patriotisme de certains.
Ce «
phénomène » GE de non bombardement entrevu, se reproduira curieusement avec Ford qui n’était pas en reste.
Henry Ford, fasciné par le nazisme, commença à soutenir financièrement Hitler dès 1922 (selon
Antony C. Sutton dans
Wall Street and the Rise of Hitler,
Wall Street et l’ascension d’Hitler). Décoré Grand-croix de l’Aigle allemand le 30 juillet 1938,
plus haute distinction de l’Allemagne nazie pour un étranger, il écrira un peu plus tard
Le Juif International, dans lequel il affirmait que le juif était le premier problème au monde. Henri Ford injectera dans ses usines allemandes les sommes qu’il refusait d’investir à Detroit, dans son propre pays, et participera à l’effort de guerre allemand en y fabriquant du matériel, beaucoup de matériel, jusqu’au jour de la défaite… et en continuant dès le lendemain. Bizarrement, alors que Cologne était ravagée par les bombardements alliés – 90% de la vielle ville et 70% de la totalité de l’agglomération détruite – ses usines, pourtant installées dans ses faubourgs, ne furent jamais gravement atteintes. Il fallait que les ordres viennent de très haut pour que des bombardiers, peu réputés pour leur précision, arrivent à éviter le site interdit ! Par contre son usine de Poissy, dont la production était par rapport confidentielle, le fut fort tôt, renforçant l’idée de destructions volontaires des Alliés sur notre territoire pour économiquement affaiblir la France, il y a toujours un après au-delà des guerres…
Charles Wilson, président de la General Motors, construira chez Opel, sa filiale allemande, durant toute la période nazie, une grande partie des blindés et autres véhicules des armées d’Hitler, comme le fameux camion Opel Blitz. Il n’hésita pourtant pas à demander à la fin de la guerre réparation aux États-Unis pour les destructions causées à ses usines en Allemagne du fait des bombardements alliés ! Bombardiers – entre autres
Liberator – et bombes alliés étant, au moins partiellement, fabriqués dans ses usines étasuniennes. Le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la laitière. GM et Ford représentant 70% de la production de véhicules automobiles de l’Allemagne nazie en 1939, cette critique n’est pas du niveau folklorique.
Rockefeller également, un des «
Robber barons », les
barons voleurs de l’Histoire de son pays (en compagnie de Carnegie, Morgan, Vanderbilt et quelques autres), est objectivement un des principaux responsables étasuniens du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale avec sa Standard Oil. L’Allemagne, ne possédant pas les ressources pétrolières permettant sa politique belliciste motorisée, était confrontée à la quadrature du cercle. Pas de pétrole, pas de guerre, aussi éclair fût-elle, puisque basée sur la mobilité d’armées hautement mécanisées et d’une aviation aussi gloutonne ! La Standard créa, avec IG Farben de sinistre mémoire, la Standard Oil IG Farben, l’étasunienne cédant à l’allemande l’ensemble de ses brevets sur le processus d’hydrogénation du charbon ou de la lignite, le Reich ayant par contre les deux en abondance, pour produire
carburant et caoutchouc de synthèse. Dans cette aide pas du tout désintéressée, on peut ajouter la
Royal Dutch Shell, le deal étant que Hitler récupère en échange les pétroles de Bakou, où les deux entreprises avaient investi sous le Tsar. Ce coup de pouce à la préparation guerrière n’étant sans doute pas jugé suffisant par la Standard, elle livrera du plomb tétraéthyle aux nazis, jusqu’au moment où les installations allemandes furent en mesure de prendre le relais. Peu nécessaire pour les véhicules terrestres courants, il permettait un meilleur taux de compression, donc de meilleures puissances des moteurs, principalement d’avions. Sur ce produit stratégique, on situe la date de cette passation des pouvoirs après l’agression contre la Pologne, ce qui en dit long sur l’intérêt des entreprises étasuniennes et de leur gouvernement pour la paix mondiale. Les livraisons de carburant de la Standard Oil aux nazis dureront jusqu’en 1943, passant par l’Argentine et traversant l’océan vers l’Europe par tankers.
Il y eut également
l’attaque de Pearl Harbor, dont on sait aujourd’hui les dirigeants étasuniens informés, au plus haut niveau, au moins depuis la veille, le code secret japonais étant craqué depuis plusieurs mois. Volontairement, froidement, ils laissèrent mourir plusieurs milliers de leurs compatriotes (2403 tués ou disparus, 1178 blessés), le fait qu’ils soient militaires pour la plupart ne pouvant être qu’une mauvaise excuse. Il fallait un motif puissant permettant d’entrer en guerre pour le plus grand profit de ce complexe militaro-industriel. En filigrane de ces entrées dans les deux conflits majeurs successifs, la volonté gouvernementale fut le relais le plus sûr de ce dernier, contre une population se plaisant parfaitement dans cet isolationnisme gage de paix et de prospérité. Celle-ci sait ce que coûtent en drames les aventures guerrières.
Bizarrement, les fils des va-t’en guerre de Washington ne se risquent quasiment jamais dans les guerres ourdies par leurs pères. Les prémices d’intervention en Europe seront uniquement mis en œuvre pour contenir la puissance montante de l’URSS. L’Allemagne nazie, déjà bloquée devant Leningrad et Moscou en cette fin 1941, était considérée comme perdue, mais les Alliés commencèrent toutefois par l’Afrique du Nord. Il fallait envisager le cas d’un renversement de la tendance de la guerre et une victoire définitive du Reich et tenter d’abord de récupérer l’Empire français d’Afrique et ses matières premières bon marché… Sans compter la possible mise en place de marionnettes politiques françaises entièrement dévouées, permettant d’espérer éliminer l’obstacle de Gaulle.
ITT aussi, par l’entremise de ce bon Dr Schröder, président des filiales de l’entreprise en Allemagne, qui alimentera les fonds secrets de Himmler jusqu’en 1944. Connus sous l’appellation de «
fonds Keppler », ils étaient la caisse noire du Reichsführer, lui permettant une certaine latitude de manœuvre. Créés en 1933 sous le contrôle de Rudolph Hess, ils furent alimentés dès cette période à hauteur de 50% par des financements étasuniens, dont Standard Oil, ITT, General Electric, et bien d’autres. Information «
plaisante », ITT détenait une large majorité financière chez
Focke-Wulf, producteur de si bons avions de chasse détruisant chasseurs et bombardiers alliés, dont ceux des Étasuniens, tuant par la même occasion les équipages… du même pays !
Et le reste, la multitude d’entreprises US qui, plus prosaïquement, continueront à tourner avec les nazis au pouvoir, et des esclaves offerts par ces derniers dans leurs usines, Eastman Kodak, Dupont, IBM etc… C’est si bon pour la rémunération des conseils d’administration. Point particulier au sujet de cette dernière, sa filiale et franchise allemande, Dehomag, (DEutche HOllerith MAschinen Gesellschaft mbh), développant la technologie Hollerith, de machines à cartes perforées, fut accusée à l’issue de la guerre d’avoir facilité la réalisation de la « solution finale ». Elle fournira au régime allemand les machines si efficaces dans un premier temps pour recenser les Allemands de confession israélite. D’autres seront retrouvées ensuite dans les camps de concentration, pour assurer la comptabilité morbide de la disparition de toute la pauvre humanité conduite là pour toutes les mauvaises raisons allemandes. Edwin Black rapportait la surprise des premiers GI’s pénétrant dans l’usine de la firme à Sindelfingen en 1945. Ils trouvèrent quelques employés de Dehomag et surtout une usine intacte à 100 %, en très bonne condition, chaque outil, chaque machine en parfait état de marche. Ils se confièrent à Thomas Watson, président d’IBM : «
L’usine entière est intacte, épargnée pour des raisons inconnues par nos aviateurs. » Lui savait pourquoi, il réussit même à récupérer sans ennuis ses machines installées à Dachau, Auschwitz et Buchenwald entre autres, avant de rebaptiser l’entreprise IBM Deutschland un peu plus tard. (Selon L’Express, le 15 février 2001, les listes IBM par Thierry Gandillot et Jacques R. Pauwels dans Le mythe de la bonne guerre).
Le pillage étant une quasi religion pour les dirigeants étasuniens, la fin du conflit les vit envoyer des équipes dans la zone normalement confiée aux Soviétiques, juste avant que ces derniers ne s’y déploient. Sur la foi de renseignements, ils savaient que la Reichsbank avait caché dans d’anciennes mines de sel la totalité ou presque de son trésor en lingots d’or, dont beaucoup volés dans les pays occupés. Ils s’emparèrent de la totalité, dont une partie appartenant à la Banque centrale belge, qu’en revit-elle ? Ce dernier fait est narré à la fin du film
Monuments Men, oubliant juste de préciser le devenir de cet or… Le mot FIN les priva sans doute du temps nécessaire pour révéler cette information. Bien sûr, en retour, l’URSS ne reçut aucune compensation financière pour l’immensité des destructions des hordes allemandes sur son sol.
D’autres encore ? Fritz Thyssen, plus sûr soutien d’Hitler, créa en 1924 aux USA la Union Banking Corp., filiale de la Bank Voor Handel en Scheepvaart,
Samuel Prescott-Bush, grand-père de
l’autre, en sera un des directeurs. Outre la gestion des comptes et investissements de Thyssen, elle servait à la collecte et au transfert des nombreux soutiens financiers ou technologiques étasuniens vers les nazis. En juillet 1942, le New York Times titrait en première page : «
Hitler’s Angel has 3 millions in US bank », (l’ange d’Hitler (Thyssen NDA) a 3 millions de dollar dans une banque des États-Unis, la UBC). Après enquête du Congrès, la banque fut fermée en octobre suivant, au nom de la
Trading with the Enemy Act (Loi sur le commerce avec l’ennemi). Prescott-Bush, ami personnel de nombreux dirigeants du Troisième Reich, avait multiplié les
joint-ventures avec les autorités allemandes durant la période 1933-1941. Il continua à «
faire des affaires » avec les mêmes pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout commerce avec l’Allemagne ayant été interdit et ses sociétés ayant été placées sous séquestre par le gouvernement Roosevelt après l’entrée en guerre des États-Unis, au titre de la loi évoquée plus haut, il créa une constellation d’entreprises internationales pour contourner la législation. Il installa aux Pays-Bas des sociétés de blanchiment de l’argent du crime, dont la Consolidated Silesian Steel Company, propriétaire de l’usine d’Oswiecim-Auschwitz où travaillaient les esclaves issus du camp de concentration/extermination voisin. Les profits réalisés par la Consolidated Silesian Steel Company furent gérés par le même Fritz Thyssen jusqu’à sa mort en Argentine, en 1951. Un million et demi de dollars furent alors récupérés par Prescott Bush, via l’Union Banking Corporation citée ci-dessus, et placés dans une société anonyme créée pour l’occasion, l’Overby Development Company.
À la mort de Samuel Prescott-Bush, cet argent revint à George Bush père qui en confia la gestion à un homme de confiance, William Farish III (ambassadeur des États-Unis à Londres), lui-même petit-fils du financier étasunien de la société IG Farben qui fabriqua le gaz mortel utilisé dans les chambres à gaz d’Auschwitz et d’ailleurs. En 1980, George Bush père, ayant été élu à la vice-présidence des États-Unis, organisa sa propre succession de son vivant en donnant sa fortune à un trust appartenant à ses enfants. Si Georges W. Bush n’est aucunement responsable des méfaits de son grand-père, il accepta alors l’argent du crime, donnant une autre dimension à sa visite à Auschwitz comme Président des États-Unis…. et à son soutien au gouvernement israélien. (
Wall Street and the Rise of Hitler par Antony C. Sutton +
La Guerre des Bush, les secrets inavouables d’un conflit, par Éric Laurent, Plon éditeur +
Trading with the Enemy, An Expose of the Nazi-American Money Plot 1939-1944, par Charles Higham, Delacorte Press éditeur).
Avec
Kennedy père, nous finissons ce bref rappel de la nocivité de la classe dirigeante étasunienne jusqu’en 1945. Ambassadeur des États-Unis en Angleterre, Kennedy fut contraint de démissionner de son poste pour son refus de la guerre contre Hitler et son soutien à une politique d’apaisement envers l’Allemagne jusqu’en 1940. Le même fut reconnu, durant toute sa vie, comme très proche de la Mafia américaine, l’intervention de celle-ci participant grandement plus tard à l’élection du fils dans les fiefs de cette dernière. À la fin du conflit, 400 tonnes d’archives furent saisies et expédiées aux USA. Dans celles-ci, toutes ces transactions honteuses étaient parfaitement détaillées. Aucun acte d’accusation ne sera malgré tout dressé, lors du procès de Nuremberg, contre un seul des dix chefs d’entreprise au minimum, méritant largement la pendaison aux côtés des Allemands. Auraient d’ailleurs dû subir les mêmes condamnations, les responsables politiques ayant toléré, sinon encouragé, ces comportements. «
Qui ne dit mot consent. »
L’appétit venant en mangeant, ce second conflit mondial démontra rapidement aux Étasuniens qu’ils étaient en passe de réaliser un vieux rêve, devenir les maîtres du monde. Ne comprenez pas autrement les deux explosions nucléaires sur le Japon. Là aussi, l’enfumage officiel fit valoir une noble cause, épargner la vie de nombreux GI’s pour mieux cacher au public un des plus grands crimes contre l’Humanité de cette période pourtant fertile en la matière. Plutôt que de s’acharner sur des objectifs militaires risquant de rendre les coups portés, ils avaient décidé d’appliquer la technique allemande des bombardements aveugles «
traditionnels » sur les villes, contre des civils désarmés. Les 120 000 morts du dernier raid aérien classique
à la bombe incendiaire sur Tokyo – à opposer aux
80 000 d’Hiroshima – en sont les témoins muets. Cette démonstration d’une politique de terreur ne s’adressait pas uniquement au Japon, mais à toute la planète à titre d’avertissement de ce dont ils étaient désormais capables, et plus particulièrement à l’URSS. Respectant sa parole donnée dans des différents accords entre alliés, celle-ci, aussitôt après sa victoire en Europe, se retournait vers le Pacifique contre le Japon, autre membre de l’Axe. C’est dans ce cadre qu’il faut replacer la nucléarisation du conflit. Pour que le message soit bien compris, ils renouvelèrent un peu plus tard ces
bombardements de terreur, mais non nucléaires, sur la Corée du Nord transformée en champs de ruines.
La Seconde Guerre mondiale n’était pas achevée que certains montraient déjà la voie à suivre comme Charles E. Wilson, PDG de General Motors, préconisant une économie de guerre permanente pour les États-Unis. La montée prodigieuse de ses profits grâce à la production de guerre lui faisait vraiment envisager de voir ce rythme persister le plus longtemps possible. En remerciement (?) de cet apport à la politique agressive de son pays, il sera nommé Secrétaire à la Défense en janvier 1953, à l’élection de Eisenhower.
The right man in the right place…
Comment également oublier, le
Monarch Program et ses dérivés, sous direction de la CIA et de l’US Army, lancé bien avant sous l’appellation
Lebensborn par Mengele, le «
docteur » nazi des camps de la mort, on a les
références qu’on mérite. But, tenter de créer une «
race » d’assassins sans mémoire ni sentiment. Fond de l’abjection, l’utilisation d’enfants étasuniens dans le cadre de programmes militaires pour obtenir une parfaite domination du cerveau de ces cobayes humains. Les expériences, comprenaient irradiations aux rayons, utilisation de drogues, tortures avec le cortège de viols dès le plus jeune âge, elles eurent lieu aux États-Unis, du début des années 1950 à la fin des années 1960. Dans les exemples de complots plus récents, on ne peut faire l’économie de citer l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy en 1963, de son frère Robert un peu plus tard, mais aussi du racisme d’État aboutissant à l’assassinat de Martin Luther King, de Malcolm X et de tant de militants des droits civiques. Il faut ajouter sans hésiter les affaires nauséabondes comme le Watergate, l’Iran-Gate, et quelques autres.
Mocking Bird aussi, autre opération de la CIA, s’étala du début des années 1950 jusqu’au milieu des années 1970 ou presque. Pour faire croire de par le monde aux mérites enchanteurs des États-Unis, dans leurs écrits, dans leurs productions, des journalistes, chroniqueurs et cinéastes nationalement mais aussi internationalement célèbres, furent rémunérés en complément par la CIA. Pour terminer ce réquisitoire très incomplet de ce dont furent et sont encore capables les gouvernements étasuniens depuis l’origine de leur nation, un mot du programme
Tuskegee. En Alabama dans les années 1960, des médecins laissèrent sans soins des Noirs américains infectés par la syphilis, pour observer la progression de la maladie. Est-on si loin des dérives mondialement condamnées de Mengele et ses complices dans les camps nazis ?
Un État capable de faire subir de tels sévices à ses propres enfants, tout en se présentant comme un parangon de vertu et de liberté, plus grand chose ne peut l’arrêter, sa puissance lui servant pour un temps de paravent. Il ne s’agit pas, on le constate à la lecture de cette litanie, de cas isolés pouvant laisser entrevoir un solde idyllique. On y retrouve toute la véracité de la phrase d’Albert Einstein : «
Les États-Unis sont directement passés de la barbarie à la décadence, sans jamais connaître la civilisation. » Cet immense savant avait sans doute un peu trop anticipé, il semblerait que de nos jours, le stade de la barbarie ne soit pas encore dépassé. Rien n’a changé, regardons l’ONU, transformée en chambre d’enregistrement des caprices de Washington. Pour l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et bien d’autres, l’autorisation d’envahir et de tuer fut donnée sur des dossiers mensongers et connus comme tels. Partout dans le monde, ils déclenchèrent et déclenchent encore terreur, mort et pillage mais reçurent malgré tout au moins par deux fois le Prix Nobel de la paix ! Deux poids, deux mesures, telle est la devise. Ce résumé, uniquement pour faire comprendre qu’il est nécessaire de penser autrement lorsqu’on s’interroge sur ce pays. Refuser la propagande généreusement distillée pour faire place à la réflexion sur des bases historiques saines est le meilleur moyen d’entrevoir la totale indifférence de leurs gouvernements de tout temps pour la vie humaine, seul le but à atteindre, le profit, étant important.
A suivre, parties 2 et 3.