J'oubliais : tout Gore-Tex qu'il soit, le surduvet militaire, je l'ai entièrement traité au sirop de silicone. La tente aussi du reste, et je n'ai eu qu'à m'en féliciter, malgré des conditions parfois dures. Rien n'a pénétré, rien ne s'est accroché. Je n'avais pas traité la housse de pulka, ni celui des sacs que j'avais pris en raid cet hiver, et j'ai eu à le regretter.
J'ai une petite question,
C'est quoi du "sirop de silicone", ça s'achète ou ça se fabrique?
Ingrédients :
1. La résine silicone, qui va réticuler sur le tissu : du mastic silicone
translucide en cartouche pour sanitaires. Prendre le moins cher, celui qui n'a aucun additif antifongique. Soit 3 roros le prix de base pour 310 g chez C*st*r*m*, ou 2 roros chez Lidl (mais seulement deux ou trois fois l'an).
Vous pouvez prendre en tube, mais c'est bien plus cher du gramme.
2. Le solvant qui va rendre ça fluide - en touillant beaucoup beaucoup beaucoup.Classiquement, les autres préconisent le white-spirit. Au moins deux roros le litre, voire davantage.
Il m'est arrivé d'y mélanger un peu d'essence F, dans l'espoir de gagner sur les temps de touillage. Bôf.
Démarche inverse, prendre, au moins au début du touillage, du kérosène domestique, qu'en ce moment on peut acheter dans les bonnes surfaces à un roro le litre. Avantage : la qualité finale est nettement plus régulière, plus fine. Inconvénient : il va prendre deux à trois fois plus de temps pour évaporer complètement.
Il m'est arrivé de réussir aussi avec de l'alcool à brûler à 96%, surtout quand je mélangeais au silicone un colorant à bois en solution alcoolique. Cela pour un blouson de cuir aspect suède, dont je trouvais la couleur d'origine bien trop
flashy. Mais c'est fini, on ne trouve plus de colorants en solutions autres qu'aqueuse.
Corrections 2013 :Déconseille désormais l'alcool comme solvant, pour pénétration insuffisante dans les tissus fins, tels qu'un poncho léger.
Je déconseille le kérosène seul comme solvant si l'on veut traiter un tissu épais : il dissout trop peu de résine. Mais il peut souvent être incorporé à raison d'un tiers du volume, pour deux tiers de white-spirit.
Dans quoi touiller ?Un boîte de salade au thon, ça n'est pas mal. Je préfère la partie en PE d'une boîte de Paëlla ou de couscous, mais elles sont plus fragiles. Environ 350 ml de contenance maxi.
Avec quoi touiller ?Une cuiller à dessert, si elle est assez forte. Celles que j'ai spécialisées pour ça sont très épaisses, à effets de bords carrés.
Combien touiller ?Un seul coup de gâchette, soit qqs 8 cm de boudin, dans le fond de la boîte à riz ou semoule, avec déjà 2 ou 3 cm de kérosène.
Ajouter du
kérosène white-spirit à mesure que la solution s'épaissit, et que les grumeaux diminuent de volume. On peut commencer à appliquer le sirop supérieur quand il reste encore des grumeaux au fond, on rajoutera du
kérosène white-spirit à mesure, en retouillant régulièrement.
Avec quoi appliquer ?Les pinceaux les plus durs que vous trouverez, à poils en nylon ou polypropylène blanc bien épais et raides.
Dans quoi mettre le pinceau entre deux travaux ?Dans un petit pot de kérosène (pétrole lampant) : il est bien moins volatil que le white. Et vous recouvrez avec un sachet plastique, ou autre moyen. A placer là où vous ne le renverserez pas accidentellement...
Conseils : Ne laisser traîner aucune surépaisseur non bue. Si le pinceau n'amincit pas assez la couche, bouchonner avec une autre partie du tissu non encore traitée, ou déjà traitée la veille et séchée depuis.
Sur un tissu fin tel qu'une toile de tente en 70 à 80 g/m
2, une couche suffit.
Sur le Cordura d'un sac à dos, monter au minimum à deux couches. A trois couches si c'est du Cordura militaire aux normes OTAN.
Sur la housse de pulka, je me suis arrêté à deux couches, on verra...
Il faut prévoir un espace de travail bien dégagé, en plein air mais à l'abri de la pluie, où vous pourrez étaler votre tissu traité au fur et à mesure. Piège typique : une manche se recolle au corps de l'anorak si vous ne les avez pas bien écartés.
Ne pas hésiter à fragmenter le travail jusqu'à trois reprises pour un seul anorak, mais vous pouvez enchaîner des reprises en une seule session sur plusieurs pièces différentes. Ce qui va vous limiter est la place de séchage... Et en plus vous aurez constamment dû ruser pour ne jamais renverser votre précieuse mixture dans vos divers brassages de tissus.
Et si vous avez laissé des surépaisseurs, et que ça fait des taches blanches de gel désolvanté ?
A ce moment là je rajoute sur les taches blanches un peu de graisse à cuir (souvent siliconée) qui a le bon goût de remplir les pores. Et le milieu redevient optiquement homogène et transparent.
Quand j'ai découvert le début de la méthode sur le Net, je cherchais de la graisse à coton, genre Barbour. Au final le siliconage est très supérieur : ça réticule, il ne traine plus d'odeurs suspectes après départ du solvant.
Vertu principale de cette manip ouvrageuse : vous obtenez d'un vêtement à vingt roros le service d'un vêtement à cent roros, d'une tente à cent roros le service d'une tente à quatre cents roros.