Petit Chose, Flying chose, Grand Chose et Marie Chose, c'étaient quatre canots de sauvetage modèle 1880, ou éventuellement modernisé vers 1896, qui naviguaient à la voile et à l'aviron. Ces quatre là naviguaient dans l'archipel Glénan dans les années soixante, et étaient gréés goélette à deux mâts égaux. Doubles bordés croisés diagonaux, rivés cuivre.
Vous en lirez plus à
http://www.papapoydenot.com/renaissance.html.
En 1962 et 1963 nous avions un autre canot de ce type à l'UNF, au Letty en Bénodet. Jumbo était désigné comme baleinière. Nous avions une seconde baleinière légère, Dumbo, non lestée, avec une dérive pivotante, nettement plus rapide ; il nous est arrivé de l'emprunter durant un dimanche de congé, pour sortir de Bénodet à Loctudy, à quatre ou cinq moniteurs. La sortie du port à l'aviron : pas de louvoyage hasardeux.
Nous avions aussi deux baleinières légères de ce même type à Santa Giulia, en Corse, en 1964. Les bordés étaient classiques, longitudinaux à franc-bord, c'était quand même bien moins coûteux à construire.
En principe, le canot de sauvetage modèle 1880 était plus sûr, comme auto-redressable, autovideur avec ses larges dalots, et ses caissons en cuivre. Et pourtant, en septembre 1962, François Timmerman l'a bien chavirée, sa baleinière... Une fois rassemblés sur la coque retournée, ils se sont comptés... Bon, il n'en manquait aucun. François est acteur de profession, et le soir, ils nous jouaient la scène du naufrage dans le réfectoire, avec ce qu'il faut de burlesque pour mettre l'auditoire en joie...
Aux Glenmuches aussi, il est arrivé que des Choses chavirassent, ou au moins un, à l'insu de l'équipe de quart distraite par un spectacle sans surprise... On a récupéré l'équipage à la tombée de la nuit, à deux doigts du drame.
Il n'y a pas de doute, ces Choses étaient des voiliers médiocres, remontant mal au vent, difficiles à faire virer, terriblement exigeants. Le paresseux qui s'imaginait virer au gouvernail seul, sans accompagner par les trois écoutes, était sûr de manquer son virement. Et en plus, la photo ci-dessus nous démontre qu'il y avait des bastaques sur le mât de misaine, pour contenir la traction du foc.
Alors pourquoi faire naviguer les stagiaires de Fort-Cigogne sur des Choses ? Justement parce que ces voiliers étaient exigeants, exigeaient de la technique et de la discipline qui seraient indispensables en conditions de vent et de mer difficiles, même sur des bateaux modernes et faciles.
Hé bien justement, février 1966 ou 1967
(1), on a vu un tel paresseux, en Mousquetaire dans le lagon de Glénan, par vent d'Est force 5 ou 6, manquer deux fois à virer, parce qu'il se contentait de mettre la barre dessous, sans accompagner à l'écoute de grand-voile. A chaque fois son bateau était stoppé par le vent avant d'avoir pu franchir le lit du vent. En catastrophe, ils ont mouillé l'ancre, qui a cassé. Ils se sont retrouvés tous les quatre dans l'eau au bord de l'île Saint-Nicolas, à tenter de préserver la coque des rochers en amortissant les coups de roulis, jusqu'à ce qu'un canot à moteur (j'ai oublié si c'était un pêcheur ou miraculeusement le bateau de service de ravitaillement de Saint-Nicolas ou du phare de Penfret) les sorte de là d'un coup de remorque. Là ne se sont pas arrêtées les conneries monumentales de J*cq*s_L*ngl**s, mais passons...
Passons aussi sur les mésaventures des deux gardiens du phare, qui eux aussi se sont mouillé le cul à cette occasion.
A Santa Giulia, assez consterné de ce que nos Caravelles, bateaux modernes et obéissants, tolérassent tant de fautes dans les virements, il m'est arrivé de confisquer la dérive, afin que le bateau ne tolérât plus qu'une seule faute à la fois, mais pas deux, et encore moins trois. Et là mes GM (Gentils Membres), ont commencé à assimiler la discipline que je tentais de leur faire acquérir. J'ai recommencé plusieurs fois à Loctudy, en 1966. Pas inutile, loin s'en faut.
Du reste, ce n'est même pas moi qui ai inventé la manip, c'est Joël L*_R*b**d, et involontairement. On lui demande :
- A quoi ça sert, la dérive ?
- Si tu n'as pas de dérive, tu ne peux pas virer vent debout.
- On peut faire l'essai, pour voir ?Joël relève la dérive, et le virement réussit...
Et on a en discuté le soir à table. Les idées germent et grandissent...
Pour l'expression écrite aussi, il est fort utile de confisquer les souriards aux internautes paresseux.
Sinon, ils vous construisent des phrases comme celle ci, et ils ne voient pas le défaut :
Celui qui a une longue expérience des icônes du net, peut finir par reconnaître qu'il s'agit d'un pouce levé, répété trois fois, et en gants blancs au bout d'une manche noire.
Toutefois, cette identification prend plusieurs heures, et exige de revenir plusieurs fois sur le message mystérieux. L'intention du dessinateur est tout sauf évidente : s'agit il d'une grosse bougie cannelée qui est agitée là ? Ou d'une boîte de conserve cannelée, au couvercle levé ? Ce n'est pas le graphisme qui permet de lever le doute, mais une étude sur les moeurs des constructeurs d'icônes du net, et sur la psychologie de ces utilisateurs.
On ne sait pas non plus si l'auteure du message a eu l'intention d'écrire un pluriel, avec trois personnes distinctes levant toutes le pouce, ou une intensité, du genre qu'une seule personne lève le pouce trois fois plus fort, ou encore une répétition, le même personnage levant le coude, oups ! le pouce, trois fois de suite.
On ne sait pas le sujet du verbe. Est-ce Altéa89 qui s'est représentée levant le pouce ? Ou est-ce une communauté ? Et cette communauté inclut-elle Altéa89 ? Le message ne le dit pas.
On n'a pas non plus le moindre idée du destinataire du message : à qui ou à quoi Altéa89 lève-t-elle le pouce, ou fait-elle lever le pouce à quelqu'un d'autre ?
On ne sait pas non plus l'objet du levage de pouce. Il semblerait que ce soit une réaction, mais nul ne sait en réaction à quoi (excepté l'auteure du message, dont on espère que elle, elle le sait).
En conclusion, la rédaction citée plus haut mérite un zéro.
Voici un autre internaute paresseux :
Et en voici d'autres :
La construction des phrases et des arguments n'est pas ce qui l'étouffe, lui.
Pitié
Jak91
Faites-le taire ... quelqu'un !
Voilà, j'en conclus qu'il serait salutaire de confisquer les souriards : ces paresseux seraient mis dans l'obligation de s'exprimer par écrit, en langue française complète, avec des conjonctions de coordination, avec une grammaire, et en précisant qui fait quoi ou devrait faire quoi, quand, comment, où, etc.
(1) Datation ? Février 1966 ou 1967 ? Eléments de recoupement par
http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS0067_19660223/OBS0067_19660223_003.pdfoù il est question de la question posée par Philippe Viannay à Charles de Gaulle sur son silence alors que la presse enquêtait sur le scandale de l'affaire Ben Barka (d'autres documents établissent que cette conférence de presse était le 21 ou le 22 février 1966).
Plus tard dans l'après-midi, les gardiens du phare changés de sec, nous ont conviés, les deux équipages de Mousquetaires, à boire un thé dans la maison du phare. L'un des deux, sénan, nous a véhémentement pris à partie contre l'audace de Philippe Viannay, qui avait osé questionner son
Grand Charles en conférence de presse... En juin 1940, tous les pêcheurs de l'île de Sein ont abandonné femmes et enfants, et ont rejoint l'Angleterre, où ils formaient à eux seuls le tiers des effectifs de la France Libre. Depuis, son attachement tribal à de Gaulle restait aveugle, tout le Centre Nautique des Glénan devait donc rendre compte de l'audace de Philippe Viannay :
Comment ? Oser demander des comptes au roi qui faisait tout pour la France ?Datation tranchée par une revue de détails autobiographiques : février 1967.
Le gardien de phare sénan avait donc gardé sa rancoeur pendant un an contre Philippe Viannay...
C'était surprenant.