10. LES INTERFÉRENCES ATOMIQUES
10.2. L’interférence, phénomène ondulatoire par excellence
Qui dit onde dit aussi phénomènes d’interférence, puisqu’en superposant deux ondes
identiques mais déphasées, on peut obtenir un renforcement de l’amplitude totale ou au
contraire sa diminution, voire son annulation, suivant la valeur du déphasage. Considérons
par exemple la célèbre expérience dite des fentes de Young : une source lumineuse
monochromatique, c’est-à-dire émettant à une fréquence bien définie, éclaire une plaque
percée de deux fentes parallèles. L’onde initiale, en passant par les fentes, se dédouble en
deux ondes. Un écran de détection placé plus loin enregistre l’intensité lumineuse : le
résultat est une alternance de bandes sombres et brillantes. Ces « franges d’interférence »
résultent de la superposition des deux ondes provenant des fentes, ondes qui ne suivent pas
le même chemin pour arriver à un même point de l’écran et sont donc généralement
déphasées : la variation du déphasage d’un point à l’autre sur l’écran se traduit alors par
une variation spatiale de l’intensité enregistrée.
Les phénomènes d’interférence sont l’une des principales manifestations des propriétés
ondulatoires. Il en est de même des phénomènes de diffraction, qui peuvent d’ailleurs être
considérés comme le résultat d’un grand nombre d’interférences. C’est la diffraction des
électrons par un cristal qui a permis, en 1927, de confirmer l’hypothèse de De Broglie pour
ce qui concerne les électrons (expérience de Davisson-Germer). Depuis, les interférences
d’ondes de matière ont été observées pour d’autres types de particules (neutrons lents en
particulier). Mais pour les atomes à température ambiante, c’est plus difficile. Les
longueurs d’onde correspondantes sont très faibles : par exemple, la longueur d’onde d’un
atome d’hélium se déplaçant à une vitesse de l’ordre de 1 000 m/s (typique pour un gaz à
température ambiante) vaut environ 0,1 nanomètre (10–10 m). Et plus l’atome est lourd,
plus la longueur d’onde est petite. Or l’espacement des franges d’interférences est
proportionnel à la longueur d’onde, d’où la difficulté d’observer des interférences avec des
atomes : l’interfrange est en général trop petit.
10.3. Des interférences atomiques grâce aux microstructures diffractives et aux techniques
de manipulation par laser
Pourtant, dès le début des années 1990, les physiciens sont parvenus à réaliser et mesurer des
interférences avec des atomes, à l’instar des interférences lumineuses depuis longtemps
familières. Et ce grâce à deux techniques, que l’on peut d’ailleurs panacher. L’une consiste à agir
sur un jet d’atomes en le faisant passer par des structures diffractives (un réseau de minuscules
fentes par exemple). Avec les progrès des techniques de microfabrication, on sait aujourd’hui
obtenir des structures régulières dont la périodicité spatiale descend jusqu’à quelques dizaines de
nanomètres ; à cette échelle, qui s’approche de l’ordre de grandeur des longueurs d’onde
atomiques, les effets ondulatoires deviennent mesurables. Ainsi, avec des structures diffractives,
on peut faire avec les atomes des expériences du type des franges de Young : dédoubler une onde
atomique, faire suivre à chacune des deux ondes résultantes un trajet différent, et enregistrer le
résultat de leur superposition sur un écran de détection.
Deuxième technique permettant de réaliser des interférences atomiques : les interactions avec la
lumière laser. Une interaction appropriée avec un photon peut par exemple faire passer un atome
de son état quantique initial à une superposition de deux états quantiques différents, ce qui
signifie que l’onde atomique initiale se voit dédoublée en deux ondes de caractéristiques
différentes. Une interaction ultérieure avec la lumière peut faire l’inverse, c’est-à-dire recombiner
les deux ondes ; on obtient alors des interférences.
Comme on l’a vu, les techniques laser permettent aussi de ralentir et refroidir des atomes. Or
quand la vitesse d’un atome diminue, sa longueur d’onde augmente. Et plus celle-ci est grande,
plus les effets ondulatoires sont faciles à mettre en évidence. Par exemple, une expérience
d’interférences atomiques réalisée par une équipe japonaise en 1992 a consisté à immobiliser et
refroidir avec une mélasse optique une assemblée d’atomes de néon, puis à laisser tomber en
chute libre ce nuage d’atomes au-dessus d’une plaque percée de deux fentes microscopiques.
Comme avec les ondes lumineuses, chaque onde atomique se dédouble à son passage par les deux
fentes, et la superposition de ces deux ondes produit des franges d’interférence sur un écran de
détection placé un peu plus bas. La vitesse des atomes à ce niveau est de l’ordre de 2 m/s
seulement, d’où une longueur d’onde de De Broglie valant environ 15 nanomètres ; avec une
distance fentes-écran égale à 85 cm et des fentes écartées de 6 microns, l’interfrange vaut environ
2 mm, ce qui est aisément observable.
Expérience d’interférences atomiques réalisée en 1992 par une équipe japonaise de l'université
de Tokyo:
Co-rédiger un livre d'initiation à la microphysique : http://deonto-ethique.eu/quantic/
Ce n'est qu'un début, continuons. Possibilités LaTEX non encore présentes, mais raisonnablement substituées par ASCIIMathML
Et puis ça y est, je viens de terminer le miroir du précédent à http://quantic.deonto-ethics.org
Mais qui pour le moment n'a pas d'implémentation LaTEX, en attendant d'en recevoir une complète.
n | l | Rnl | [tex] \Theta_{lm} [/tex] | Sphères nulles | Plans nuls | |
1 | 0 | [tex]R_{1 0} = (Z/a_0)^{3/2}.2e^{- \frac{\rho} {2} [/tex] | [tex] \Theta_{00}(\theta)= \frac{\sqrt 2} {2} [/tex] | |||
2 | 0 | [tex]R_{2 0} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{(2-\rho)}{2 \sqrt 2}.e^{- \frac{\rho} {2} [/tex] | [tex]\Theta_{00}(\theta)= \frac{\sqrt 2} {2}[/tex] | |||
2 | 1 | [tex]R_{2 1} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{\rho}{2 \sqrt 6}.e^{- \frac{\rho} {2}[/tex] | [tex]\Theta_{10}(\theta)= \frac{\sqrt 6} {2}. cos \theta[/tex] | 1 à [tex]\rho = 2[/tex] | ||
3 | 0 | [tex]R_{3 0} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{(6-6\rho +\rho^2)}{9 \sqrt 3}.e^{- \frac{\rho} {2}[/tex] | [tex]\Theta_{00}(\theta)= \frac{\sqrt 2} {2}[/tex] | 2 à [tex]\rho = 3 \pm \sqrt 3[/tex] | ||
3 | 1 | [tex]R_{3 1} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{\rho.(4-\rho)}{9 \sqrt 6}.e^{- \frac{\rho} {2}[/tex] | [tex]\Theta_{10}(\theta)= \frac{\sqrt 6} {2}. cos \theta[/tex] | 1 à [tex]\rho = 4[/tex] | ||
3 | 2 | [tex]R_{3 2} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{\rho^2}{9 \sqrt 30}.e^{- \frac{\rho} {2}[/tex] | [tex]\Theta_{20}(\theta)= \frac{\sqrt 10} {4}. (3 cos^2 \theta -1)[/tex] | |||
4 | 0 | [tex]R_{4 0} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{(24-36\rho + 12\rho^2 - \rho^3)}{9 \sqrt 3}.e^{- \frac{\rho} {2} [/tex] | [tex]\Theta_{00}(\theta)= \frac{\sqrt 2} {2}[/tex] | |||
4 | 1 | [tex]R_{4 1} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{\rho.(20-10\rho +\rho^2)}{32 \sqrt 15}.e^{- \frac{\rho} {2} [/tex] | [tex]\Theta_{10}(\theta)= \frac{\sqrt 6} {2}. cos \theta[/tex] | |||
4 | 2 | [tex]R_{4 2} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{\rho^2.(6-\rho)}{96 \sqrt 5}.e^{- \frac{\rho} {2} [/tex] | [tex]\Theta_{20}(\theta)= \frac{\sqrt 10} {4}. (3 cos^2 \theta -1)[/tex] | |||
4 | 3 | [tex]R_{4 3} = (Z/a_0)^{3/2}.\frac{\rho^3}{96 \sqrt 35}.e^{- \frac{\rho} {2}[/tex] | [tex]\Theta_{30}(\theta)= \frac{3\sqrt 14} {4}. (\frac{5}{3} cos^3 \theta - cos \theta)[/tex] | |||
5 | 0 | [tex]R_{5 0} = (\frac{Z}{a_0})^{\frac{3}{2}}.\frac{(120-240\rho + 120\rho^2 - 20\rho^3 +\rho^4)}{300 \sqrt 5}.e^{- \frac{\rho} {2} [/tex] | [tex]\Theta_{00}(\theta)= \frac{\sqrt 2} {2}[/tex] | |||
5 | 1 | [tex]R_{5 1} = (\frac{Z}{a_0})^{\frac{3}{2}}.\frac{\rho.(120-90\rho + 18\rho^2 - \rho^3)}{150 \sqrt 30}.e^{- \frac{\rho} {2}[/tex] | [tex]\Theta_{10}(\theta)= \frac{\sqrt 6} {2}. cos \theta[/tex] | |||
5 | 2 | [tex]R_{5 2} = (\frac{Z}{a_0})^{\frac{3}{2}}.\frac{\rho^2.(42-14\rho +\rho^2)}{150 \sqrt 70}.e^{- \frac{\rho} {2}[/tex] | [tex]\Theta_{20}(\theta)= \frac{\sqrt 10} {4}. (3 cos^2 \theta -1)[/tex] | |||
5 | 3 | [tex]R_{5 3} = (\frac{Z}{a_0})^{\frac{3}{2}}.\frac{\rho^3.(8-\rho)}{300 \sqrt 70}.e^{- \frac{\rho} {2}[/tex] | [tex]\Theta_{30}(\theta)= \frac{3\sqrt 14} {4}. (\frac{5}{3} cos^3 \theta - cos \theta)[/tex] | |||
5 | 4 | [tex]R_{5 4} = (\frac{Z}{a_0})^{\frac{3}{2}}.\frac{\rho^4}{900 \sqrt 70}.e^{- \frac{\rho} {2} [/tex] | [tex]\Theta_{40}(\theta)= \frac{9\sqrt 2} {16}. (\frac{35}{3} cos^4 \theta - 10 cos^2 \theta + 1)[/tex] |
La tentation du retour au subjectivisme, et ses conséquences.
Petit rappel anecdotique, mais hélas représentatif.
C'est en amphi de psychologie que j'ai sursauté, en conférences de méthodes, commune aux spécialités représentées en Maîtrise : Le professeur de psychologie clinique invoquait la mécanique quantique en renfort d'une précaution méthodologique. Que la précaution qu'il enseignait fut judicieuse, n'est pas contestable. Qu'il invoque une science dure, en principe vouée à l'objectivité, pour nous mettre en garde contre les dangers de nos aveuglements à nos propres actions, aux messages subjectifs que nous délivrons à chaque fraction de seconde, voilà qui était une imposture héritée. En gros l'essentiel du grand public a subi plusieurs abus de confiance et des impostures de la part de l'enseignement, et la vulgarisation de la microphysique quantique en classe, en fac, et par les média en fait partie ; et le plus gros des professeurs de physique qui enseignent dans le secondaire, ont subi les mêmes abus de confiance eux aussi.
Vous avez fait fort, les gars, dans le sottisier, concernant la vitesse des électrons. Pas de chance, le modèle de Drude, c'est celui qui ne marche pas...
Il faut regarder à trois échelles différentes : point de vue de l'électrotechnicien, celui du physicien des solides, enfin équation de Dirac, pour l'électron libre.
Selon les densités de courant admises par les normes, et réellement pratiquée dans l'électrotechnique, la dérive moyenne d'un électron est à des vitesses de l'ordre du dixième de millimètre par seconde.
En physique du solide, on sait que les électrons de conduction sont au niveau d'énergie de Fermi, et chacun est réparti sur plusieurs dizaines de distances interatomiques. A l'énergie de Fermi, donc pour le cuivre à la vitesse de groupe d'environ 1570 km/s. Tandis que la vitesse de phase se ballade dans les [TEX]57,2 . 10^9[/TEX] m/s.
Libre parcours de l'ordre de 200 Å entre deux collisions avec des phonons.
Enfin en équation de Dirac, pas de pitié : l'électron ne peut avoir que les vitesses +c et -c. Il en change à fréquence double de la fréquence broglienne 2E/h. Mais bon, l'électron libre n'est pas l'électron lié dans un cristal de cuivre, les méthodes sont différentes. Le prétendu "aspect corpusculaire" est encore plus impossible, encore plus absurde, dans la matière condensée.
Bonsoir,
Dans une récente discussion, j'ai eu l'occasion de réagir à propos de la vitesse des électrons, pour m'étonner de vos réponses.
J'aimerais que nous revenions sur ce sujet, en dehors de toute polémique stérile et inutile, afin de préciser ce que pourrait bien être la vitesse d'un électron...
Pour tracer le périmètre de la discussion, je vous propose d'abord de définir ce qu'est, en physique moderne, un électron, puis de rappeler les informations nécessaires à l'évocation de ce qu'est la vitesse d'un objet...
Etes-vous d'accord?
J'ai déjà donné trois réponses, à trois échelles différentes : http://maths-forum.com/showthread.php?p=424212#post424212 (http://maths-forum.com/showthread.php?p=424212#post424212) .
J'ai déjà donné.
Et visiblement, elles n'ont pas plu au chef, puisqu'il lance ce nouveau fil, pour reprendre ostensiblement le commandement.
Ces trois réponses ont toutes le défaut d'être théoriques.
Mais ici sur sept intervenants, pas un seul n'a été assez physicien pour s'inquiéter de l'ombre du début d'un commencement de protocole expérimental.
En macroscopique, le protocole est simple qui donne la dérive moyenne :
Il faut la densité de porteurs effectifs, mesurée par effet Hall. Ensuite il suffit d'une règle de trois à partir de la densité de courant choisie. Approximation correcte pour les monovalents (au sens de "bande de conduction à demi-remplie", pas au sens de la valence des chimistes !) : prendre un électron de conduction par atome, pour le cuivre, l'argent, l'aluminium.
A l'échelle quantique, la vitesse de Fermi se déduit théoriquement du niveau de Fermi. Lequel se mesure, techniques courantes de physique du solide. Sinon, ouvrir une table.
Ce qui vous est nettement plus délicat, est d'évaluer le libre parcours moyen entre deux collisions, selon la pureté et la température. Un recoupement possible : la microscopie électronique par transmission sur lames amincies (par enlèvement électrolytique). De mémoire, nos lames faisaient de 30 à 100 ?ngströms dans leur partie utile, et étaient alors largement transparentes au faisceau, tant qu'on n'était pas trop loin du trou. On pouvait changer la focalisation (passer en afocal sur faisceau aminci) pour obtenir localement un diffractogramme de Laue, par exemple pour identifier un carbure. Sous la chauffe due au passage du faisceau électronique, on voyait bientôt les dislos courir dans la lame mince.
Bref, cette manip est cohérente avec la valeur de 200 ?ngströms donnée en cours, pour le libre parcours électronique moyen dans le cuivre pur à l'ambiante.
Enfin pour vérifier le calcul fait par Erwin Schrödinger pour son Zitterbewegung, comme solution de l'équation de Dirac pour l'électron libre, désolé, il n'y a pas de protocole expérimental. Il faut assumer sa position théorique.
Je l'ai déjà dit et répété, mais question efficacité de l'écoute quand il y a dissonance cognitive, autant pisser dans un violon : il n'y a pas grand chose de commun entre ce que Schrödinger a réellement écrit, et ce que les vainqueurs de Schrödinger disent comment il faut les croire sur comment comprendre Schrödinger (ou faire semblant ?). En vrai, Schrödinger a écrit une équation de l'électron, a calculé des solutions, et proposé une théorie de l'émission de lumière. Il a omis de s'apercevoir qu'elle est identiquement valide à l'absorption. Il a payé très très cher cette omission, et nous continuons de la payer un prix maximum 82 ans après.
Les vainqueurs professent "Non ! ce n'est pas une équation de l'électron ! Elle n'a plus rien de physique ! Vous devez juste en faire le carré hermitien, et vous obtenez alors la probabilité d'apparition de la Vierge à Fatima, et du corpuscule farfadique !".. Bon, ils sont les vainqueurs, et Schrödinger est le vaincu, donc ils ont raison, et lui avait tort. Telle est la fortune des armes... Et puis comme le prof est juge et partie devant votre copie d'examen, mieux vaut être pusillanime, c'est plus prudent. Il y a déjà tellement de squelettes dans les placards, éviter d'être le cadavre placardisé suivant.
tout d'abord pour que Davisson et Germer ne se soit pas amuser pour rien, placons nous apres les années 30 et considerons le caractere ondulatoire des particules
pour Schrodinger, utilisons l'equation pour une particule libre donc dans un potentiel nul (U=0)
[TEX]3$ -\frac{\hbar ^2}{2m}\frac{d^2 \psi}{dx^2}+(U(x)-E)\psi (x)=0 [/TEX](unidimensionel)
U=0 donc
[TEX]3$ -\frac{\hbar ^2}{2m}\frac{d^2 \psi}{dx^2}+ E\psi (x)=0 [/TEX]
reste a resoudre l'equa diff
[TEX]3$
\psi(x)=Ae^{ikx}+Be^{-ikx}[/TEX] avec [TEX]k=\frac{(2me)^{1/2}}{\hbar}[/TEX]
je ne suis pas sur mais je pense que c'est sur cette voie que tu veux nous emmener Domi ?
François Guillet a écrit :
> "Jacques Lavau" <Nolavauspamjac@klube_internaite.effaire> a écrit dans le message de news: 48cbe4fb$0$7097$7a628cd7@news.club-internet.fr...
>
> | ...Le fait qu'elle soit contradictoire avec les résultats du
> | formalisme, est testable aussi.
>
> Si elle est contradictoire avec le formalisme, ce n'en est plus une interprétation.
C'est le cas de l'interprétation hégémonique : elle fait constamment des prédictions
et des hypothèses que le formalisme et les résultats expérimentaux démentent.
Prenons pour exemple un exo de licence : On pose un électron dans la
boîte 1, et zéro électron dans la boite 2. On ouvre la trappe entre les
deux, et on laisse osciller. On calcule le hamiltonien etc. Les deux
états extrêmes sont avec 1,414 électrons dans une boîte, et -0,414
électrons dans l'autre. Et pourtant l'état initial était
irréprochablement corpusculaire... L'ennui est que le formalisme
s'obstine à contredire invariablement tout postulat de "aspects
corpusculaires".
Phil l'ancien a écrit :
> Les expériences autour du fameux paradoxe d'EPR sont un sujet
> récurrent de la presse scientifique grand public.
> ('Pour la Science'/'Scientific American', 'La Recherche' etc.).
>
> Pendant longtemps, on lisait que ça ne remettait pas du tout
> en cause la relativité restreinte. Maintenant on lit que si,
> peut-être (cf. Scientific American de mars 2009, article
> de David Z Albert et Rivka Galchen.
>
> Qu'en pensez-vous ?
> Et la relativité générale ? (mise en cause par EPR ou pas ?)
> Et d'éventuelles théories d'unification ?
Si j'ai bonne mémoire, les expériences du type EPR
en sont maintenant à plusieurs km de distance entre
les particules impliquées.
Et il me semblait que la relativité restreinte avait été
incorporée à la MQ depuis longtemps, non ?
C'est bien pour ça qu'on parle de l'équation d'équation
de Schrödinger non relativiste (celle que j'ai résolue une fois
en classes prépa dans un cas simple :-)
N'est-ce pas justement à l'occasion de cette importation
de la relativité restreinte que l'anti-électron a été annoncé
pour la première fois ?
Dans ta réponse suivante, telle que je la comprends,
tu soulignes que les "particules" sont en fait étendues dans
l'espace (aspect ondulatoire), et qu'il faut en tenir
compte avant de parler d'effet instantané "à distance".
Certes... mais alors il faut considérer que les
"particules" impliquées s'étendent sur des km.
D'ailleurs elles s'étendent à l'infini, il me semble.
Donc rien n'est à distance de rien, il n'existe ni
objets ni distance entre les objets.
D'accord, mais ça peut aussi bien servir à justifier
les ectoplasmes, la télékinésie, les ovnis, le père
noël et la petite souris...
Jacques_Lavau
> > Phil l'ancien
>> >> Jacques_Lavau
Merci de tes réponses Jacques, surtout sous
cette forme d'histoire naturelle.
Je continue...
>> >> .../ tu soulignes que les "particules" sont en fait étendues dans
>> >> l'espace (aspect ondulatoire), et qu'il faut en tenir
>> >> compte avant de parler d'effet instantané "à distance".
>> >> Certes... mais alors il faut considérer que les
>> >> "particules" impliquées s'étendent sur des km.
>> >> D'ailleurs elles s'étendent à l'infini, il me semble.
>> >> Donc rien n'est à distance de rien, il n'existe ni
>> >> objets ni distance entre les objets.
>> >> D'accord, mais /...
> > Ton "DONC" n'a jamais été validé. Il exigerait une extrapolation de UN
> > arc d'un diagramme de Feynman à simultanément TOUS les arcs entre
> > réactions quantiques. Cette extrapolation est invalide, et de très loin.
Je reformule en langage moins spécialisé pour voir si
on se comprend :
L'effet instantané à distance n'est effectivement calculé
et constaté que dans le cadre d'expériences très précisément
conçues et préparées pour lier puis mesurer une propriété
quantique particulière des deux "particules".
Dans ces expériences, on observe bien l'effet
instantané à distance, mais il n'existe que pour la propriété
quantique choisie et observée, et non pas pour l'ensemble
des propriétés potentiellement observables des deux "particules".
Pour la propriété choisie, calculée et observée,
les deux "particules" constituent un objet unique,
quelle que soit la distance dans le temps et l'espace
entre les deux parties de cet objet unique, qu'on
appelle ici les "particules".
C'est correct ?
(j'ai précisément choisi chaque mot, donc n'hésite
pas à indiquer si certains conviendraient mieux, c'est
exactement ce que je cherche)
> > De l'hypothèse broglienne de 1924, nous pouvons tirer quelques
> > déductions valides, mais le reste nous manque encore :
> > La vitesse de phase de l'onde broglienne d'une particule douée de masse
> > est infinie dans son repère propre : c²/v.
Stp peux-tu expliciter ton ":" ?
(je n'arrive pas à faire le lien entre une vitesse infinie et
c2/v)
> > Donc son étendue, vue en ombre dans notre espace à nous,
> > n'est jamais négligeable.
Parce que, quelle que soit la durée considérée
dans un cadre donné (expérience, calcul ou réflexion),
une vitesse de phase infinie implique que les conséquences
de la phase existent à des distances quelconques.
C'est bien ça ?
> > Donc aussi, il n'existe pas de centre pulsateur comme dans une méduse,
> > mais il existe une pulsation synchrone non encore clairement définie,
> > mais liée au spin, et qui est partout en phase ou en opposition de phase
> > dans toute l'étendue spatiale occupée (toujours vue par son ombre dans
> > notre espace-temps macroscopique). /...
Toujours en phase ou en opposition de phase lorsqu'on
parle de son ombre ou qu'on l'observe, n'est-ce pas ?
Par exemple, lorsqu'une expérience cherche à détecter
un électron à un endroit donné, on le détecte effectivement
(en phase) ou pas (opposition de phase).
Mais sans perdre de vue qu'on a observé pour une
certaine propriété (ou une certaine combinaison de propriétés),
mais qu'on n'a pas observé un "électron tel qu'en lui-même".
La propriété choisie (ou combinaison choisie de propriétés),
et son observation sont ce qui a été appelé plus haut "l'ombre".
C'est bien ça ?
> > Cette répartition entre zones en
> > phase et zones en opposition de phase est bien connue pour
> > l'électron de l'atome d'hydrogène excité, et pour les électrons
> > de valence des alcalins excités.
Là on parle des différents niveaux de l'électron
dans le cas d'un atome...
> > La troisième déduction est que chaque particule est constamment
> > baignée par le bruit de fond broglien de toutes les autres.
D'accord... et c'est ça qu'on calcule, prépare et observe dans les
expériences EPR.
(sachant qu'on ne peut calculer, préparer et observer
que pour une propriété choisie ou une combinaison
choisie de propriétés, pas pour "l'objet tel qu'en lui-même")
> > Voilà le mécanisme
> > de la "palpation de l'environnement et du dispositif expérimental" qui
> > est au centre des controverses entre Einstein et Bohr. En 1926, Erwin
> > Schrödinger avait proposé le mécanisme d'émission de photon par
> > battement entre deux états stables de l'atome ou de la molécule. Il
> > manquait là le fait que le même mécanisme est valide aussi à
> > l'absorption.
D'accord.
Et on voit bien que le cas de l'absorption est spécialement
intriguant, dès lors qu'on cherche à penser des objets
"tels qu'en eux-mêmes".
> > Le photon voyageant à temps propre nul, l'échange implique
> > une recherche de poignée de main entre absorbeur et émetteur, qui
> > doivent s'accorder en fréquence, phase, polarisation et direction de
> > polarisation.
Je comprends "recherche de poignée de main entre absorbeur
et émetteur" (et ce que ça peut avoir de problématique
si on cherche à penser des objets "tels qu'en eux-mêmes").
Mais peux-tu expliquer le lien avec le temps propre nul
du photon ?
A première vue j'aurais pensé que c'est le temps propre
de l'absorbeur et celui de l'émetteur qui sont pertinents,
et non celui du photon.
> > Cela est maintenant bien connu pour les photons, qui se prêtent
> > bien à l'expérimentation humaine. On a encore énormément
> > de croûtes à manger, pour être au clair avec l'histoire naturelle
> > des neutrinos...
Je crois que je comprends.
Phil l'ancien-
Oups !
> Je reformule en langage moins spécialisé pour voir si
> on se comprend :
>
> L'effet instantané à distance n'est effectivement calculé
> et constaté que dans le cadre d'expériences très précisément
> conçues et préparées pour lier puis mesurer une propriété
> quantique particulière des deux "particules".
>
> Dans ces expériences, on observe bien l'effet
> instantané à distance, mais il n'existe que pour la propriété
> quantique choisie et observée, et non pas pour l'ensemble
> des propriétés potentiellement observables des deux "particules".
>
> Pour la propriété choisie, calculée et observée,
> les deux "particules" constituent un objet unique,
> quelle que soit la distance dans le temps et l'espace
> entre les deux parties de cet objet unique, qu'on
> appelle ici les "particules".
CiterEnvoyé par Pio2001
C'était un paradoxe au début, car la théorie postulait l'existence de deux catégories de systèmes. Les systèmes quantiques, et les systèmes classiques, et ne précisait pas quelle était la différence entre les deux.
Alors que, maintenant, on sait que même cette explication ne tient pas.CiterEnvoyé par Pio2001 Voir le message
Ainsi, un chat aurait dû être un système quantique.
Et, à ce jour, la question de savoir si la mécanique quantique est mise en défaut à un moment ou un autre (pour pouvoir terminer la mesure quantique en cassant la chaîne infinie de Von Neumann) reste ouverte.
Certes, toutes les expériences menées à ce jour pour tenter de mettre la mécanique quantique en défaut confirment ses prédictions. Bohr, Born, Heisenberg, Pauli, Von Neumann, Zurek, Zeh, Zeilinger, Bitboll, Grinbaum, Peres, Rovelli (les positivistes) semblent avoir définitivement gagné la partie contre Schrödinger, De Broglie, Einstein, Podolski, Rosen, Bohm, Bell, Hemmick, Goldstein, Gisin (les réalistes) ...
...Et, en même temps, l'existence de résultats de mesure quantique mettent (par le simple fait de leur existence) en défaut la dynamique quantique en faisant apparaître une violation d'unitarité de l'évolution dynamique de l'état quantique du système observé quand on réalise une mesure quantique.
Pas grave disent les positivistes, c'est juste une impression d'observateur et comme tout (finalement) n'est jamais qu'impression d'observateur il n'y a pas de problème.
Par exemple, Heisenberg écrit: "La conception de la réalité objective des particules élémentaires s'est donc étrangement dissoute, non pas dans le brouillard d'une nouvelle conception de la réalité obscure ou mal comprise, mais dans la clarté transparente d'une mathématique qui ne représente plus le comportement de la particule élémentaire mais la connaissance que nous en possédons."
Bohr déclare : "Il n'y a pas de monde quantique. Il y a seulement une description quantique abstraite. Il est erroné de penser que la tâche de la physique est de savoir ce qu'est la Nature. La physique s'occupe de ce que nous pouvons dire sur la Nature."
Peierls ajoute: "Vous voyez, la description de la mécanique quantique se fait en termes de connaissance. Et la connaissance nécessite quelqu'un qui connait."
Et Mermin nous dit : "La doctrine selon laquelle le monde est fait d'objets dont l'existence est indépendante de la conscience humaine se trouve être en conflit avec la mécanique quantique et avec des faits établis expérimentalement."
Ce à quoi J.S. Bell leur répond : "Il est intéressant de remarquer que les solipsistes et les positivistes, quand ils ont des enfants, prennent une assurance-vie."CiterEnvoyé par Pio2001 Voir le message
En poussant le raisonnement plus loin, Everett a constaté que la théorie pouvait aussi prédire l'existence d'une infinité d'univers parallèles, et ce de façon arbitraire.
C'est du moins ce à quoi on aboutit si on suppose que :
- la fonction d'onde (qu'on observe pas) est "réelle" (c'est à dire existe en tant qu'objet physique indépendamment de l'observateur et de l'acte d'observation)
- le résultat de la mesure quantique (qu'on observe) ne l'est pas (c'est à dire est une "illusion d'optique", un peu dur à avaler tout de même quand on se prend les doigts de pied dans une porte, mais bon...).
CiterEnvoyé par Pio2001 Voir le message
Aujourd'hui, la théorie de la décohérence explique l'histoire du chat.
Pas vraiment. Elle explique l'impossibilité pratique de faire apparaître des interférences entre les deux états quantiques du chat mais pas, dans le détail, quand et comment on aboutit à un état observé unique, comme si l'autre état avait purement et simplement disparu.
Pourquoi cet état quantique final plutôt que tel autre puisque la dynamique des évolutions quantiques est déterministe ? Où et comment, dans le détail, va se cacher aux yeux de l'observateur macroscopique, l'information qui conduit, de façon non déterministe, à l'observation d'un unique résultat final de mesure quantique (correspondant un état quantique bien déterminé du système observé).
Le modèle de mesure quantique qui, à mon sens, explique le mieux (dans un cas particulier : celui d'une mesure de spin 1/2) la transition quantique classique me semble être celui de Roger Balian.
The quantum measurement process. Lessons from an exactly solvable model, last revised 28 Mar 2007: A. E. ALLAHVERDYAN, R. BALIAN and T. M. NIEUWENHUIZEN. http://arxiv.org/abs/quant-ph/0702135v2 (http://arxiv.org/abs/quant-ph/0702135v2)
Je cite 3 petits extraits :
"The measurement of a spin 1/2 is modeled by coupling it to an apparatus, that consists of an Ising magnetic dot coupled to a phonon bath. Features of quantum measurements are derived from the dynamical solution of the measurement, regarded as a process of quantum statistical mechanics."
"it is shown that the collapse is explained by a dynamical approach relying only on the Schrödinger equation and on statistical properties issued from the large size of the apparatus."
"We consider that a sensible approach to the problem should rely on quantum statistical physics. Following other works in the literature, 3–14 we consider an explicit model for the measurement apparatus."
Voilà qui introduit (me semble-t-il) le bon ingrédient, à savoir une perte d'information (dans un bain de phonons) de nature thermodynamique statistique indissociable (me semble-t-il) de la notion d'acquisition/enregitrement d'information. Cette introduction est (à mon avis) incontournable. En effet, je ne vois pas comment on pourrait enregistrer de l'information, opération irréversible, sans produire de l'entropie de Boltzmann. Or il se trouve que l'entropie de Boltzmann fait opportunément intervenir l'observateur macroscopique ainsi que la notion d'information (indissociable de la question de la mesure quantique). Toutefois, la discussion est très délicate car elle nous amène :
- sur le terrain de la théorie de l'information de Shannon : A Mathematical Theory of Communication By C. E. SHANNON,
- sur le terrain de la théorie de la complexité de Kolmogorov,
- sur le terain de la machine de Turing et enfin,
- sur le terrain de l'information quantique.
Par ailleurs, comment étendre cette approche thermodynamique statistique réaliste ET locale de la mesure quantique (car modélisant la mesure quantique en tant que phénomène physique objectif d'interaction d'un champ physique avec un appareil de mesure, point de vue réaliste) aux situations où se manifeste la non localité quantique (avec violation des inégalités de Bell) ?
J'ai un peu de mal à voir comment ce problème pourra se résoudre autrement que par des considérations de type retour à un équilibre de nature thermodynamique statistique se traduisant par le respect (quand on en revient à ce que l'on sait manipuler, c'est à dire à de l'information classique) des symétries relativistes (interprétées comme des sortes de conditions d'équilibre d'un milieu)...
...Mais bon, comment en être sûr tant qu'on a pas de modèle (cohérent et compatible avec les résultats d'observation) en apportant la preuve.
Nota :
A condition de trouver une présentation cosmético-physico-mathématique qui séduise une revue à referee, la présentation d'un cadre géométrique d'espace-temps dans lequel un modèle de mesure quantique réaliste pourrait prendre place pourrait aider à ne pas oublier le travail réalisé par John Bell pour écarter les préjugés selon lesquels la direction de recherche réaliste serait forcément une impasse, mais bon...
En réalité un modèle réaliste et non local (du point de vue de l'observateur macroscopique du moins) de la mesure quantique rentre en conflit avec une interprétation à ce jour philosophiquement préférée des symétries relativistes et non avec l'observation de ces symétries elle-mêmes. On retouve donc dans cette position la philosophie positiviste : ce que je ne sais pas encore observer (d'éventuelles violations d'invariance de Lorentz dans le cas d'une interprétation réaliste de la non localité de la mesure quantique) n'existe pas, même si j'ai des raisons que j'estime bonnes de le chercher (en raison, par exemple, de principes ou de postjugés ayant, par le passé, apporté la preuve de leur efficacité prédictive).
Référence valant le coup d'oeil aussi : http://wapedia.mobi/fr/M%C3%A9canique_quantique (http://wapedia.mobi/fr/M%C3%A9canique_quantique).
Citerpour moi il n'y a pas de paradoxes, dans le sens où la mécanique quantique explique très bien ce qui ce passe. Il y a un début de paradoxe quand on essaye d'expliquer ce qui ce passe avec les mots de notre langage, c'est encore pire quand on essaye de conformer des faits quantiques avec notre vie de tout les jours.
Et pire encore quand on réalise que la réduction du paquet d'onde, pour être compatible avec la dynamique des évolutions quantiques (et avec l'hypothèse selon laquelle les symétries dont émerge la notion d'espace-temps ne seraient pas des émergences de nature thermodynamique statistique) doit faire appel à l'hypothèse selon laquelle :
- d'une part, les "deux" ( :D) fonctions d'onde d'un même système (les "deux" vecteurs d'état quantique de ce système si on préfère) dont les prédictions sont pourtant identiques pour deux observateurs différents, représentent chacune la connaissance d'un des deux observateurs et non un champ physique objectif unique indépendant de ces deux observateurs ::),
- d'autre part la réduction du paquet d'onde lors d'une mesure quantique réalisée par un observateur, représente le changement d'état dans la connaissance de cet observateur (et non un phénomène physique objectif d'interaction d'un champ physique avec un appareil de mesure indépendant de l'observateur et de l'acte d'observation).
Et pourtant, quand un premier observateur fait une mesure (du spin horizontal d'un électron dans un état de spin vertical up par exemple) le changement d'état du système observé se trouve confirmé par une mesure ultérieure réalisée par un deuxième observateur. Comment le changement dans la "connaissance" du premier observateur est-elle parvenue à se retrouver dans le cerveau du deuxième pour y produire un changement identique :-[ ?
Doit-on en conclure que les observateurs se partagent tous une même connaissance indépendante de tout support physique :D ?
Une explication plus simple que l'appel à des considérations sémantiques ou romanesques pour expliquer l'inexplicable commence par la constatation du fait que toute notre physique repose sur l'observation. Or une grandeur observée nécessite une action irréversible d'enregistrement obtenue en sortie du filtre passe bas de l'entropie de Boltzmann.
Ce qui manque donc (me semble-t-il) c'est un modèle de la mesure quantique faisant apparaître de façon détaillée et complète les aspects thermodynamiques statistiques du passage classique quantique. Je n'évoque pas là seulement le phénomène de décohérence (qui reste accessible à la modélisation sans sortir de ce que nous connaissons à ce jour). C'est une partie importante mais, me semble-t-il, incomplète du modèle de mesure quantique nécessaire pour atteindre cet objectif.
En tout cas, j'ai l'impression que le modèle de mesure quantique de spin proposé par Roger BALIAN est déjà un grand pas en avant dans la direction d'une modélisation plus complète de la dynamique d'évolution d'un ensemble système observé+appareil de mesure vers un résultat de mesure quantique.
Existerait-il des travaux similaires à ceux de R.BALIAN, c'est à dire se plaçant délibérément dans une approche réaliste et (de nature) thermodynamique statistique de la mesure quantique (en allant ainsi plus loin que les travaux relatifs à la décohérence) en vue de modéliser, dans le détail, la dynamique de convergence vers un résultat de mesure quantique dans des situations où se manifeste la non localité de la mesure quantique ?
CiterJ'en déduis que c'est le système lui-mêmeet l'état macroscopique de l'appareil de mesureCiterqui est modifié par la première mesure. Il en garde une trace, indépendamment de l'observateur, même si l'observateur oublie le résultat de la mesure, on pourrait penser qu'il y a perte d'information. Il n'en est rien car le système a été modifié de façon irréversible ?Si vous répondez oui, vous adoptez alors le point de vue dit réaliste. C’est toutefois un point de vue minoritaire (que je partage cependant plus ou moins). La croyance scientifique dans l'interprétation positiviste de la mesure quantique est nettement plus répandue (du moins dans les milieux scientifiques).
Au contraire, l’hypothèse réaliste est celle selon laquelle la mesure quantique est supposée être un phénomène physique irréversible objectif d'interaction d'un champ physique objectif avec un appareil de mesure. L’interprétation réaliste de la mesure quantique entre en conflit avec :
- la réversibilité des évolutions quantiques,
- le principe de relativité du mouvement interdisant l'existence d’un référentiel quantique privilégié dans lequel la réduction du paquet d'onde (interprétée comme une modification physique instantanée d'un champ physique objectif étendu) s'effectue partout instantanément (au sens de la simultanéité propre à ce référentiel)
- le déterminisme des évolutions quantiques,
- l'unitarité des évolutions quantiques.
Pour sortir de cette impasse, on a deux possibilités :
- soit on dit de l'hypothèse réaliste qu'elle engendre un début de paradoxe parce qu'on essaye d'expliquer ce qui ce passe avec les mots du langage courant (ou pire encore parce qu’on essaye de conformer des faits quantiques avec une vision réaliste émergeant de notre vie de tous les jours)
- soit on admet au contraire qu'il y a bien un problème, le manque d'une description détaillée du phénomène physique irréversible (producteur d'entropie de Boltzmann et d'information) se déroulant entre la fin de la décohérence et la fin de la mesure quantique.
Les travaux de R.BALIAN me semblent apporter un très intéressant début de solution à cette problématique. Exemples :
L'article de Armen E. Allahverdyan, Roger Balian et Theo M. Nieuwenhuizen : Quantum measurement as a driven phase transition: An exactly solvable model, Phys. Rev. A 64, 032108 (2001). http://pra.aps.org/abstract/PRA/v64/i3/e032108 (http://pra.aps.org/abstract/PRA/v64/i3/e032108)
Je cite un extrait du résumé :
"A model of quantum measurement is proposed, which aims to describe statistical mechanical aspects of this phenomenon, starting from a purely Hamiltonian formulation. The macroscopic measurement apparatus is modelled as an ideal Bose gas, the order parameter of which, that is, the amplitude of the condensate, is the pointer variable. It is shown that properties of irreversibility and periodicity breaking, which are inherent in the model apparatus, ensure the appearance of definite results of the measurement, and provide a dynamical realization of wave-function reduction or collapse."
Ou encore :
Dynamics of a quantum measurement, Armen E. Allahverdyan, Roger Balian, and Theo M. Nieuwenhuizen, http://arxiv.org/abs/quant-ph/0412045 (http://arxiv.org/abs/quant-ph/0412045).
Je cite le résumé :
"We work out an exactly solvable hamiltonian model which retains all the features of realistic quantum measurements. In order to use an interaction process involving a system and an apparatus as a measurement, it is necessary that the apparatus is macroscopic. This implies to treat it with quantum statistical mechanics. The relevant time scales of the process are exhibited. It begins with a very rapid disappearance of the off-diagonal blocks of the overall density matrix of the tested system and the apparatus [donc Roger BALIAN commence bien, comme il se doit, par modéliser la décohérence]. Possible recurrences are hindered by the large size of the latter. On a much larger time scale the apparatus registers the outcome: Correlations are established between the final values of the pointer and the initial diagonal blocks of the density matrix of the tested system. We thus derive Born’s rule and von Neumann’s reduction of the state from the dynamical process.CiterEst-ce que c'est que vous entendez par action irréversible d'enregistrement ?
Voir la réponse détaillée à cette question dans les articles de R.BALIAN, dont ceux cités ci-dessus ainsi que :
Phase transitions and quantum measurements, Armen E. Allahverdyan, Roger Balian, Theo M.Nieuwenhuizen (Submitted on 22 Aug 2005) http://arxiv.org/abs/quant-ph/0508162v1 (http://arxiv.org/abs/quant-ph/0508162v1)
The Quantum Measurement Process: Lessons from an Exactly Solvable Model, Armen E. Allahverdyan, Roger Balian, Theo M. Nieuwenhuizen (last revised 28 Mar 2007) http://arxiv.org/abs/quant-ph/0702135v2 (http://arxiv.org/abs/quant-ph/0702135v2)
Bref, l'attribution du problème de la mesure quantique à des difficultés de langage ou encore à une intuition erronée (car émergeant de notre expérience quotidienne d'observateur/expérimentateur macroscopique, nous forgeant une intuition classique, donc erronée, de la physique) agit comme un écran de fumée. Cet argument masque, assez efficacement d'ailleurs (en nous réfugiant derrière une interprétation positiviste ou encore instrumentale des faits d'observation incompréhensibles) le besoin de s'attaquer à un problème de modélisation très difficile : celui de la dynamique conduisant d'un système quantique, dans un état initial non propre de l’observable mesurée, vers l'enregistrement irréversible, par un appareil de mesure macroscopique, d'un résultat de mesure quantique unique, valeur propre de l’observable associée à cet appareil de mesure.
Cette notion d'irréversibilité implique obligatoirement des considérations thermodynamiques car il n'y a pas d'irréversibilité sans fuite d'information allant se cacher dans l'entropie de Boltzmann. Sans entropie de Boltzmann masquant (au yeux de l'observateur macroscopique) les évolutions microphysiques qui laissent inchangées les grandeurs macroscopiques enregistrées, il n'y a pas d'état stable (au yeux de l'observateur) apte à stocker de l'information.CiterToujours dans la même logique que précédemment : si deux observateurs d'un même système, définissent chacun dans leur coin une fonction d'onde et font une série de mesures, qu'est-ce qui se passe si on compare les mesures ? Il se trouve qu'elles seront corrélées ! C'est exactement ce qui se passe dans les expériences d'intrication qui montrent la non-localité (dans l'espace et le temps). Donc on peut bien dire que la fonction d'onde représente un objet physique unique, indépendamment de tout observateur ?
C'est en tout cas ce que j'ai plutôt tendance à croire...
...mais alors, que devient le modèle dynamique de mesure quantique (réaliste ET local) de R.BALIAN dans les situations où se manifeste la non localité quantique ? Je suppose que ce travail reste à faire.CiterQue-ce que ça implique ? L'espace-temps macroscopique émerge du mode microscopique ?
En fait, il me semble très difficile d'imaginer une autre hypothèse. Toutes nos mesures (base de la vision scientifique du monde qui nous entoure) passent par le filtre passe bas de l'entropie de Boltzmann. Nous sommes définitivement dépourvus des droits d'accès à l'information accessible au démon de MAXWELL (cf http://www.physique.usherbrooke.ca/~dpoulin/Documents/dm.pdf (http://www.physique.usherbrooke.ca/~dpoulin/Documents/dm.pdf)) interdiction d’accès grâce à laquelle :
- nous pouvons définir la notion de position (une notion macroscopique, car elle perd son sens à l'approche de l'échelle de Planck)
- nous pouvons définir la notion d'instant (une notion macroscopique car elle aussi elle perd son sens au même niveau)
- nous voyons les phénomènes se dérouler dans le temps (pas de déroulement du temps sans irréversibilité et pas d'irréversibilité, au sens actuel, sans entropie de Boltzmann).
Ce qui est mystérieux, c'est l'émergence d’une non localité quantique observable à notre échelle macroscopique entrant en conflit (via la violation des inégalités de Bell si on ajoute simplement l'hypothèse raisonnable selon laquelle les dinosaures n'ont pas eu besoin d'un examen de leurs ossements par un paléontologue compétent pour avoir existé) avec une notion de localité pourtant parfaitement macroscopique.
J'ai plus ou moins l'impression que l'expérience d'Alain Aspect (comme celle du choix retardé) signalent discrètement l'existence de phénomènes fins (se déroulant à une échelle ou aucune modification de structure stable ne permet d'enregistrer la trace de leur déroulement) réalisant "peu à peu", dans un temps virtuel (mais instantanément au sens de l'écoulement du temps « réel » perçu à notre échelle, un peu comme ça se produit peut-être lors du big-bang marquant « l’instant » origine d’un point de vue anthropocentrique) une sorte d'état d'équilibre par échange "d'informations" entre systèmes EPR corrélés (cf. la transactional interpretation de John CRAMER http://www.npl.washington.edu/npl/int_rep/tiqm/TI_toc.html (http://www.npl.washington.edu/npl/int_rep/tiqm/TI_toc.html)).
Ces "informations" ne sont toutefois pas manipulables par l'observateur macroscopique (avec ses gros doigts macroscopiques maladroits). J'ai donc mis des guillemets pour respecter l'acceptation tacite d'une interprétation anthropocentrique (assez largement admise) de la notion d'information.
Cet échange "instantané" (1) d'informations à la "nounours vert" (2) permet l'atteinte d'une sorte d'état d'équilibre, mettant ainsi en cause l'interprétation de l'invariance de Lorentz comme étant une symétrie valide à tous les niveaux d’observation (actuels ou futurs) et non une émergence de nature statistique.
Il est donc tentant d'interpréter la violation des inégalités de Bell comme base d'une présomption de violations de l'invariance de Lorentz (au cours d'une dynamique se déroulant à une échelle ne laissant pas de traces stables observables à l'échelle macroscopique). Des preuves plus directes de telles violations sont en fait inaccessibles car jalousement surveillées par le démon de Maxwell.
A l'échelle macroscopique, les propriétés de conservation :
- de l'énergie (invariance par translation temporelle)
- de l'impulsion (invariance par translation spatiale)
- du moment cinétique (invariance par rotation)
ne sont pas sujettes à des présomptions de violation comparables à celles de la localité (via la violation des inégalités de Bell). De ces symétries émergent bien un espace-temps 4D, un cadre géométrique très convenable…
…sauf qu'il ne possède pas l'invariance de Lorentz. Il possède, de ce fait, un feuilletage privilégié en feuillets 1D d'immobilité modélisant une sorte de « milieu » à l’équilibre.
Il est alors tentant :
- d’interpréter les violations d'invariance de Lorentz (et des autres invariances, cf la création de particules virtuelles lors des phénomènes de diffusion quantique, c’est à dire de particules se situant hors de la couche de masse) comme des perturbations d’équilibre de ce milieu,
- d'envisager la possibilité d'un modèle de mesure quantique prenant place dans cet espace-temps 4D,
- d’interpréter cet espace-temps 4D comme une émergence de nature macroscopique statistique laissant seulement tomber l'exigence systématique de l'invariance de Lorentz (afin d'assurer sa compatibilité avec des phénomènes physiques violant les inégalités de Bell).
(1) Cette fois-ci, c'est pour marquer le caractère anthropocentrique de la notion de temps que j'ai mis des guillemets autour d'instantané. Il ne me semble pas exclus que l'on puisse définir, un jour ou l'autre, une notion de temps plus fine, basée sur une notion d'entropie plus fine, modélisant la fuite d'information à une échelle subquantique et des échanges "d'information" entre systèmes EPR corrélés. Ils peuvent apparaître comme des aller-retour dans le temps tel que nous le percevons à notre échelle macroscopique (cf. les travaux de John Cramer sur un début de modélisation de cette idée). Des échanges d’information établissent alors progressivement un accord entre émetteurs et absorbeurs dans les phénomènes d’émission absorption, le déroulement de ces transactions s’effectuant dans un temps virtuel (car toute trace macroscopique des dynamiques d'évolution à ce niveau sont effacées, seul restant observable l’état final d’équilibre atteint à l’issue de la transaction émetteur absorbeur). L'atteinte de l'état d'équilibre final perçu à notre échelle macroscopique se traduit alors, dans l'interprétation des symétries relativistes que j'envisage, par une émergence de nature thermodynamique statistique des invariances relativistes (et de la notion d'espace-temps qui les exprime).
(2) une marque déposée par m-theory : l'observateur à beau faire très attention, il voit ou croit voir les traces vertes des pas du "nounours vert", mais il n’obtient jamais d’enregistrement irréversible attestant de façon irréfutable et partageable d’une observation du nounours vert.