Encore sur le blog de Malbruno :
A tous mes amis Français :
Permettez-moi une digression pour vous donner le point de vue un peu exotique d'un exilé Iranien à Paris.
Assis à la terrasse de la coupole avec une dame de la bourgeoisie Parisienne, nous avons parlé de l’Iran et des inquiétantes informations autour de ce pays qui n’arrête pas de faire peur depuis 30 ans.
Elle m’a demandé en guise de conclusion à notre discussion : « mais qui est finalement cet "Amandine Jade" ? ». Permettez-moi donc de parler du phénomène Ahmadinejad à partir de cette délicieuse question, parce que symboliquement Amandine et Jade représentent tout ce qu’il y a de plus opposé et de plus étranger à cet obscur personnage iranien, et que finalement, il est tellement plus simple de faire comprendre une chose en parlant de son contraire.
Amandine, évoque la magnifique jeune fille innocente et pleine de vie qui parcourt un champ de blé sur sa bicyclette rouillée dans un paysage de la France d’après guerre. Imaginez maintenant le stricte contraire de l’image que je viens de décrire : Imaginez un certain Ahmed, un homme poilu, qui sent la sueur et le reste de son repas épicé de midi, assis sur le bord d’un trottoir sale et bondé de passants habillés en noirs, comptant le nombre de voitures qui passent comme à peu près le seul moyen d’exprimer son élan vital, sans heurter la moralité morbide ambiante qui interdit toute volonté de vivre.
Eh oui, la première syllabe de Ahmadinejad, Ahmadi (qui veut dire « faiseur de bien »), évoque notre Ahmed assis au bord du trottoir, qui représente l’étalon de référence d’une morale religieuse, oubliée depuis longtemps ici, et qui institue le laid, le pauvre et l’impuissant comme synonymes de bon.
Symboliser physiquement, à lui tout seul, le laid, le pauvre et le vulgaire, voilà l’exploit prodigieux du jeune Ahmadinejad qui a réussi à s’imposer aux masses pauvres de ce pays, de mon pays, un peu comme si l’un des leurs était enfin parvenu à surmonter la vallée brumeuse pour atteindre les cimes.
Téléportez maintenant Amandine l’avenue George V à Paris, changez son prénom en Jade, ajoutez une touche de liberté et de désinvolture et de grandes cuillérées de puissance libidinale.
Imaginez encore une fois, le stricte contraire de l’image que je viens de vous décrire : Imaginez une fille brune, perdue dans une ville délabrée, dont la douceur des formes se résume à un pif et une bouche quasi moustachue enveloppée dans un drap noir, dont le seul objet sexuel autorisé à la consommation est son prétendant et promis névrosé, un certain Ahmed, assis sur le bord du trottoir et qui ne pense qu’à une chose : compter le nombre de voitures qui passent. Bref, une sorte de cul de sac érotique, un néant libidinal.
Parce qu’en Persan, la deuxième syllabe du nom d’Ahmadinejad, c'est-à-dire Néjad veut dire littéralement « la race ». Ahmadinejad, c’est l’homme de la race d’Ahmed. La race et son symbole mortifère de pureté qui est un vieux démon persan. Ce carcan de la moralité Iranienne qui engendre des hommes conformes au troupeau, neutres et prévisibles. Et cette nécessité est devenue vertu au fil du temps : est donc pure celui qui me ressemble, c'est-à-dire pauvre, sale, ascétique bref le quasimodo de l’amour. Et voici peint le portrait à peine exagéré du président le plus moche du monde, qui malheureusement n’est rien d’autre que l’incarnation de pauvres gens affamés et vivant dans la misère, fantasme de leur propre image arrivée au pouvoir : Ahmadinejad représente celui qui aime les faibles et qui hait les forts. C’est à se demander s’il ne faut pas parfois défendre les forts contre les faibles.
Eh oui, Ahmadinejad est la version petite, basanée, maigre et poilue de votre Jean Marie Lepen, un autre exemple authentique de l’aristocratie des minables.
Alors imaginez une vraie crise économique en France qui fasse basculer la haine calculée des laissés pour compte en un devenir révolutionnaire. Imaginez alors Lepen président, Carl Lang ministre de l’intérieur, Megret ministre de l’économie, et Marc Dutroux ministre de l’éducation et de la jeunesse.
C’est ce qui s’est passé en Iran.
Aujourd’hui le prince se fait le miroir du peuple pour attirer ses faveurs. Royal veut dire Supérieur et noble ; Ahmed veut dire « celui qui fait le bien ».
Eh bien quand quelqu’un qui s’appelle Royal se fait passer pour socialiste, il ne faut pas s’étonner que quelqu’un qui s’appelle Ahmed se fasse passer pour un teigneux qui veut faire mal aux puissants de ce monde.
Pour conclure, sachons ceci : Chaque fois que les roturiers ont pris la place des princes, 3 à 5 générations de la population ont payé le prix fort pour que les descendants de ces roturiers deviennent réellement princes. La révolution Anglaise a donné d’abord Cromwell avant de s’adoucir, la révolution Française Robespierre et Napoléon avant la vraie république, la révolution Russe Staline avant de tomber en narcose, la révolution Chinoise Mao avant que les chinois finissent par devenir pire que des WASP, et la révolution Iranienne qui est en cours de digestion ne peut donner qu’Ahmadinejad.
Mais lui c’est déjà un mollah en voie de guérison : il n’a pas de pansement sur la tête.
Encore une ou deux génération, et ils finiront tous par se raser la barbe et devenir de vrais princes.
Signé un Iranien exilé à Paris.