Bonjour lecteur,
le niveau monte : http://journaldecole.canalblog.com/archives/2009/02/06/12404895.html
Cordialement,
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Mateo.
Le titre proposé était fallacieux, déjà : "
La nature n’est rien sans le travail des hommes".
Sans doute n'est-elle rien pour les hommes engagés dans une civilisation post-néolithique, fort ravageuse ?
Ensuite les résultats de ces élèves ne sont pas présentés. Nous sommes juste conviés à nous extasier sur des résultats que nous n'avons jamais vus, qui ne nous sont connus que par la satisfaction du prof. C'est un peu court comme preuve.
Personne ne conteste que l'enseignement est fort difficile par principe : on ne sait jamais quels résultats nous obtenons vraiment, le feedback n'arrivera que bien trop tard, et ce n'est pas à nous qu'il parviendra. Il n'y aura jamais de reproductibilité des expériences. Toutefois, même ainsi, le bon cadre d'analyse est développemental : quel développement moral et cognitif pouvons-nous obtenir, au juste ?
Quel enseignement de la rigueur Lubin a-t-il communiqué à ces charmants enfants de 6e ? C'est cela qui sera le germe utile. Le prof de SNats pouvait-il faire un cours sur la biodiversité tropicale ? Oui, à peu près, c'est faisable en 6e. Encore que la biologie et la microbiologie des sols dépassent largement en complexité ce que nos bambins peuvent assimiler en vrai. Et en plus c'est largement invisible en direct à nos sens.
Pouvait-il faire un cours sur la pédologie tropicale, sur la fragilité des sols et de leurs horizon humiques ? Je ne m'y risquerais pas : besoin de bien trop de connaissances en chimie, que les 6e n'ont pas.
Comment leur faire comprendre l'exportation des cations Na+, K+, Ca++, Mg++, de la silice monomère, de tout le phosphore, de tout le souffre, de tout l'azote, etc, par les eaux de lessivage en cas de pluviométrie supérieure à 2 m, si la couche de racines est tuée par le brûlage ? Ils n'ont encore jamais vu une table périodique des éléments, ils ne savent pas ce qu'est une solution aqueuse et des solutés.
On trouve des documents ORSTOM qui ont toute la précision requise, mais est-ce communicable à des 6e ?
J'en doute fort.
Je doute fort qu'on puisse faire comprendre à des citadins de 11 ou 12 ans, les avantages et les inconvénients des façons culturales selon les climats.
En revanche, on peut leur faire comprendre l'impact de la contrebande et de l'abattage sauvage des arbres tropicaux, au Cameroun par exemple. S'ils assimilent les contraintes temporelles de la reproduction de la forêt...
Et les interdépendances interspécifiques : pollinisateurs + animaux dont le tractus digestif est indispensable à certaines germinations malgré des coques "presque" indestructibles + etc.
P.S.
Ce qui me choque dans la présentation vague et triomphaliste de Lubin, c'est l'absence de mesure des manques d'infos. Si on doit transmettre quelque chose qui soit du raisonnement, et non un apprentissage de faits et d'habiletés, alors ce doit être l'apprentissage de la modestie et de la ténacité : avoir une idée des connaissances et des infos et habiletés à acquérir pour maîtriser tel sujet.
Dans cet esprit, j'aimais bien donner à mes élèves une carte situant leurs connaissances acquises ce jour dans le programme nécessaire pour tel ou tel objectif, explicitant quand et où ils pourrait acquérir telle compétence...
Egalement un récapitulatif des tribulations de la notion d'angle au cours de leur scolarité, un truc pas triste...
C'était fort nouveau, et déclenchait la fureur de l'inspecteur.