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Auteur Sujet: Ces goliards à qui nous devons la liberté de penser :  (Lu 1375 fois)

JacquesL

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Ces goliards à qui nous devons la liberté de penser :
« le: 03 août 2008, 08:19:31 pm »
Ces goliards à qui nous devons la liberté de penser :

Les Goliards étaient des clercs itinérants (clerici vagi) qui écrivaient des chansons à boire et des poèmes satiriques en latin au douzième et au treizième siècles. Ils étaient principalement issus des universités françaises, allemandes, italiennes et anglaises et protestaient contre les contradictions grandissantes au sein de l'Eglise, telles que l'échec des Croisades et les abus financiers. Ils s'exprimaient à travers la chanson, la poésie et la représentation théâtrale.

Des poètes satiriques

Les satires avaient pour but de railler et de parodier l'Église. À la Saint Rémy par exemple, les Goliards allaient à la messe, en procession, chacun traînant sur le sol un hareng au bout d'une cordelette, le jeu étant de marcher sur le hareng de devant et d'éviter que son propre hareng ne soit piétiné. Dans certaines régions, on célébrait la fête de l'âne, lors de laquelle un âne vêtu d'un costume loufoque était mené jusqu'au chœur de l'église où un chantre psalmodiait une chanson en louange à l'âne(1). Lorsqu'il marquait une pause, le public devait répondre "Hi Han, Sire Ane, Hi Han". L'Université de Paris porta plainte :

"Prêtres et Clercs ... dansent dans le chœur habillés comme des femmes ... ils chantent des chansons légères. Ils mangent du boudin noir sur l'autel lui-même alors que le célébrant dit la messe. Ils jouent aux dés sur l'autel. Ils encensent avec de la fumée puante provenant de semelles de vieilles chaussures. Ils courent et sautent à travers l'église sans rougir de leur propre honte. Enfin, ils conduisent des chariots et des carrioles usés à travers la ville et ses théâtres et soulèvent les éclats de rire de leurs acolytes et des passants grâce à leurs représentations théâtrales infâmes remplies de gestes impudiques et de mots vulgaires et dévoyés.."

Les Goliards détournaient des ouvrages sacrés, notamment des textes de la Messe Catholique Romaine et des cantiques latins, les transformant en sujets profanes et satiriques. Le jargon de la philosophie scolastique apparaissait aussi fréquemment dans leurs poèmes, soit à des fins satiriques, ou parce que ces concepts faisaient partie du vocabulaire couramment utilisé par les écrivains de l'époque. Leurs satires étaient presque uniformément dirigées contre l'Eglise, allant jusqu'à attaquer le Pape lui-même. Les Goliards étaient un mouvement de protestation et marquèrent un pas indéniable dans le phénomène croissant de critique des abus de l'Église, à l'intérieur même de ses propres rangs.

Les Goliards durent affronter les foudres de l'Église. En 1227, le concile de Trèves leur interdit de prendre part aux offices. En 1229, les Goliards participèrent à l'agitation qui secoua l'Université de Paris à la suite des manigances du légat papal. Ils furent l'objet de nombreux conciles, notamment en 1289, où fut décrété que "les clercs ne doivent être ni des jongleurs, ni des goliards, ni des bouffons" ; et en 1300, au concile de Cologne, il leur fut interdit de prêcher ou de s'engager dans le commerce des indulgences. Les Goliards furent souvent totalement privés des "privilèges du clergé".

De nombreux poèmes latins de l'ensemble des Carmina Burana appartiennent à cette école. Le nom d'Archipoète a été donné à un auteur goliardique anonyme. Huon d'Orléans, Pierre de Blois, Gautier de Châtillon et Phillipe le Chancelier, font partie des Goliards dont le nom nous est parvenu.

Influence littéraire :

Les Goliards eurent une réelle influence dans la littérature. En effet, ils écrivaient des vers latins suivant une prosodie plus naturelle basée sur les accents toniques, et contribuèrent à libérer la poésie latine du carcan de la prosodie grecque. Ce mouvement littéraire permit l'émergence d'une nouvelle forme de versification sacrée en latin, comme le Dies Irae de Thomas de Celano ou le Pange Lingua de Thomas d'Aquin qui adoptent les formes latines poétiques que les Goliards avaient contribué à développer.

Le mot "goliard" perdit ses connotations cléricales en passant dans la littérature française et anglaise du XIVe siècle avec le sens de jongleur ou de ménestrel itinérant. C'est ainsi qu'il faut l'entendre dans Piers Plowman et chez Chaucer.


(1) Cela se chantait, sur un air ample et noble, comme un cantique très conquérant :
Orientis partibus
Advenit asinus,
Pulcher et fortissimus
Doctissimus asinus !

Hez Sir Asne Hez !
« Modifié: 05 août 2008, 03:04:27 pm par Jacques »