[Trinh Xuân Thuân] De la demande en charlatanisme pédant selon les branches.
robby a écrit :
http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=39
> Jacques Lavau a écrit :
>> Version longue ou version courte, tu as fait là un joli article.
>
> merci !
>
>> J'admire la patience et la politesse que tu as déployé là. Je suis
>> moins patient...
>
> c'est indispensable si l'on veut convaincre les gens.
>
> D'une par la parole scientifique n'a plus aucun respect d'autorité particulier, d'autre part attaquer de front les croyances des gens pas loin de croire est la meilleure facon de les braquer et les y pousser d'avantage !
Pour qui a travaillé des deux côtés, voici les différences essentielles entre sciences dures et sciences humaines (dites aussi sciences molles) :
En sciences dures, on n'a pas a priori à réexaminer soupçonneusement chacun des concepts hérités de nos aînés et de l'air du temps. En ce sens qu'un bon nombre d'entre eux peuvent bien être défectueux, mal calibrés, incorrectement délimités, et à retravailler attentivement pour en faire quelque chose de correct et de fécond. Mais cela résulte le plus souvent de l'inexpérience de nos devanciers, et pas d'une conspiration perverse. Nos missions peuvent bien être biaisées. Par exemple, les physiciens sont tacitement chargés par les politiques, les militaires et le grand public, de réaliser bientôt un nouveau miracle comme la bombe atomique. A nouveau un truc qui change complètement la face militaire, industrielle et politique du monde...
En sciences molles, c'est beaucoup plus piégé, et le chercheur qui ne questionne pas l'héritage, et à quelles demandes sociales au juste répondait le corpus de doctrines dont il hérite, risque fort de ne faire qu'un boulot de singe.
Prenons des exemples en psychosociale, à l'interface entre sociologie et psychologie.
- Les enquêtes et expérimentations historiques de Allport et Postman, parues en 1945, sur les rumeurs : la demande politique était saine, les chercheurs n'étaient pas sollicités pour truquer leurs résultats, le travail a été bien fait. Le chercheur peut faire fond sur cet héritage là : il n'est pas miné.
- Suite de hasards heureux, l'ensemble des travaux disponibles sur la politique de la ville, est sain et fécond. A chaque nouvelle étude parue à la Documentation Française, le Landerneau du métier bruissait "Cette fois, ils sont vraiment allés trop loin ! Untel va sauter !". Le Untel en question, était un haut fonctionnaire, au ministère, sous un ministre de droite depuis 1958 jusqu'en 1981 (encore que Paul Delouvrier avait bien assez de carrure pour déborder les étiquettes partisanes qu'on peut poser sur son front), qui donnait des études à faire, avec les crédits nécessaires, à des chercheurs manifestement de gauche, contestataires. Simplement le Untel et quelques autres autour de lui, avaient assez de bon sens pour percevoir qu'on était tellement ignorants en psychosociologie du développement urbain, que la question était tellement neuve, qu'on avait un urgent besoin d'informations, et que les plus habiles à les dégager, c'étaient ces chercheurs là. Point.
- "
Ah ! Si votre thème est d'étudier des dysfonctionnements judiciaires, je vous prie instamment de renoncer et de changer de module ! Car d'un point de vue déontologique, je ne peux pas laisser approcher du tribunal un contestataire qui s'intéresse aux dysfonctionnements !"
Il vaut mieux entendre cela que d'être sourd, cette acception-là de la "
déontologie"...
Pour comprendre cette trame de complicités et de corruption, il faut savoir que durant 70 ans, l'Université française a délivré un diplôme de 3e cycle de phrénologie, hors-cursus normal, et payant. Son débouché : devenir expert judiciaire, confirmer au magistrat qui vous aime (et qui vous paie confortablement pour cette mission), que le prévenu qu'il n'aime pas, a bien les sourcils broussailleux et le front bas du criminel-né... C'était depuis la fin du 19e siècle, une branche "
scientifique" autonome, que la phrénologie criminaliste.
Dès sa naissance, la psychiatrie débutante - on les appelait alors les aliénistes - s'est couchée dans le lit de la Justice, a répondu à la demande politique de discours racistes à habillage pédant, permettant de disqualifier les pauvres diables, comme "dégénérés". L'épisode caractéristique, étudié sous la direction de Michel Foucault et Annie Kriegel, est l'affaire Pierre Rivière, en 1835. J'ignore les détails historiques dans les autres pays.
On cite le cas d'un article fort pédant, vers 1873, étudiant l'étonnante pathologie des décollements des cartilages d'oreille chez les "
dégénérés" incarcérés dans son asile.
On a de même appris récemment que la légende de la mort de Semmelweis mort de fièvre puerpérale après s'être entaillé avec le scalpel de dissection - un beau et romantique suicide à bout portant, n'est-ce pas ? - est un mensonge éhonté. En réalité Semmelweis est mort des coups reçus par les gardiens. Oui, c'était bien une septicémie, mais pas du tout obtenue de la même façon que ce que la légende complaisante a colporté...
Abrégeons. Travaux antérieurs :
http://deonto-famille.info/index.php?topic=42.0Ici Trinh Xuân Thuân utilise son pédantisme d'astrophysicien, et les mythes en usage en cosmologie, pour argument d'autorité pour prendre la direction des sciences humaines. Oh oui, bien sûr, pas lui-même directement. La division du travail entre complices ne lui en confie pas davantage, que de disqualifier la discipline scientifique, et d'aider à mettre un mystificateur professionnel au dessus des scientifiques.
Rappelons Staune, quand il criait bien fort ici même ses appuis politiques pour son charlatanisme :
http://deonto-ethics.org/impostures/index.php/topic,29.msg54.html#msg54Rappelons aussi que la conseillère du même occupant de l'Elysée, portait main forte à la scientologie, avant de reculer prudemment :
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=526.msg1056#msg1056http://www.anti-scientologie.ch/vsd-fevrier-2008.htm#propos-pro-secteshttp://www.anti-scientologie.ch/emmanuelle-mignon.htm#H