Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.
Avez-vous perdu votre e-mail d'activation ?

27 avril 2024, 09:04:51 pm

Login with username, password and session length

Shoutbox

Membres
Stats
  • Total des messages: 5084
  • Total des sujets: 2368
  • En ligne aujourd'hui: 76
  • Record de connexion total: 138
  • (14 novembre 2018, 09:31:35 pm)
Membres en ligne
Membres: 0
Invités: 77
Total: 77

Auteur Sujet: Les avocats et le témoin gênant !  (Lu 1287 fois)

JacquesL

  • Administrateur
  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 4 595
Les avocats et le témoin gênant !
« le: 14 février 2008, 07:27:38 pm »
http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2008/02/14/danger-temoin/

Citer
Danger, témoin

Les avocats ont coutume de répéter qu’il est prudent de ne poser aux témoins que les questions dont on connaît avec certitude la réponse. Sinon, gare au boomerang. Ce sage principe se vérifie souvent.

Combien de fois voit-on, à l’audience, un avocat - ou un avocat général ou un procureur - se retrouver complètement sonné par un témoin qui dit le contraire de ce que l’on attendait de lui et qui du même coup, produit sur les juges ou les jurés un effet diamétralement opposé à celui pour lequel on l’avait fait citer.

Ce fut le cas, mercredi 13 février, au procès de l’hormone de croissance. Jeanne Brugère-Picoux était citée par Me Benoît Chabert, avocat de l’un des prévenus, Henri Cerceau, ex directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux.

Dans les travaux de cette spécialiste des “pathologies émergentes” chez les animaux (vache folle, grippe aviaire, “tremblante” du mouton), Me Chabert et son client avaient repéré quelque chose qui les intéressait au plus haut point. L’experte renommée avait expliqué à plusieurs reprises que bien des questions se posaient encore aux chercheurs sur les maladies dites à prion.

Aussi sûrement qu’un et un font deux, il était urgent qu’elle vienne expliquer à la barre du tribunal que ce qui est encore mystérieux aujourd’hui ne risquait pas d’être limpide il y a 17 ans. Et donc que l’on ne saurait rendre pénalement responsables aujourd’hui des hommes qui étaient ignorants hier.

Mais à l’audience, ça a donné cela:

A la barre, Jeanne Brugère-Picoux a bien confirmé ces « incertitudes ». Mais elle a aussi détaillé la longue liste des connaissances qui auraient dû, à l’époque, alerter tous ceux qui collectaient, traitaient et prescrivaient des hormones extraites d’hypophyses humaines.  « A partir de 1974, il y a beaucoup d’alertes sur les risques ». Elle égrène : 1975, publication d’un article dans la revue Nature, sur la source potentielle d’infection que peut représenter l’agent de la maladie de Creutzfeldf-Jakob (MCJ) en cas de prélèvement d’organes. 1976, la menace se précise sur le risque de contamination des hormones de croissance. 1981, un rapport du département de la santé britannique conclut que « les hypophyses des sujets déments ne doivent pas être prélevées pour la fabrication de l’hormone de croissance ».

Me Bernard Fau, avocat de nombreuses familles victimes, voit l’aubaine : « Professeur, selon vous,  les personnes chargées de prélever les hypophyses en France devaient-elles être au courant de cette littérature ? - C’est évident. Elle ajoute :  « A l’abattoir, on ne prélevait pas sur les animaux malades. Alors, je me pose des questions : pourquoi allions-nous prélever des hypophyses dans des centres de personnes âgées ou de malades, sans traçabilité ?”

L’avocate de Jean-Claude Job, ex président de France Hypophyse, Me Daphné Bes de Berc, tente comme elle peut de contrer l’effet de souffle sur son client. Elle s’aventure à la contredire et émet l’hypothèse qu’entre travaux vétérinaires et médecine humaine, il existait peut-être des « cloisonnements » qui restreignaient le partage des connaissances. Courtoisement, mais fermement, le témoin corrige et surtout insiste : « A partir de mai 1984, il y a eu des alertes qu’aucun neurologue ne pouvait méconnaître. La question de l’origine des hypophyses est essentielle quand on ne peut pas démontrer l’absence ou la présence d’un agent pathogène ». Et elle cite le témoignage d’une spécialiste de la MCJ, Françoise Cathala qui, alertant dès 1984 un patron de la Pitié-Salpétrière, s’était entendue répondre : «On ne peut rien faire. C’est tout dans la main des syndicats, des garçons de labo qui touchent 50 francs par hypophyse. Si on arrête, on n’aura plus une autopsie ». Me Fau se frotte les mains. « Je rappelle que ce témoin a été cité par la défense… ». Il l’interroge encore : « De la part de ceux qui ont fait les prélèvements, est-ce de l’ignorance ou de la négligence ?- S’il n’y a pas eu de traçabilité, il y a eu négligence », répond sans hésiter Jeanne Brugère-Picoux.   

Du coup, les avocats des autres prévenus ne décoléraient pas contre cette témoin venue à la demande de l’un d’entre eux, mais qui les plombait dangereusement. Sous les yeux amusés du tribunal - et ceux, ravis de la partie civile - on vit alors la défense des prévenus tenter de déstabiliser ou de restreindre le crédit qu’il fallait apporter à la dame. Ce qui apparaissait d’une part, tardif, d’autre part, goujat et surtout inefficace.

A la suspension d’audience, l’épisode a donné lieu à quelques règlements de compte furieux entre avocats!

Les chroniques judiciaires de Pascale Robert-Diard, journaliste au Monde.

Tss tss tss ! "A la suspension d’audience, l’épisode a donné lieu à quelques règlements de compte furieux entre avocats!"
Comme quoi, un avocat est par principe plutôt opposé à la manifestation de la vérité. C'est ce qui m'a rendu particulièrement "joyeux", en avril mai 2007, quand nous n'avons plus eu le choix qu'entre deux avocats...
http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=348.0