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Auteur Sujet: Le fallacieux concept d'estime de soi  (Lu 1976 fois)

JacquesL

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Le fallacieux concept d'estime de soi
« le: 15 février 2007, 10:58:02 am »
Commençons par payer nos dettes morales : oui, le livre de Lelord et André, de titre "L'estime de soi", paru chez Odile Jacob, est un bon livre, et leur concept est certainement supérieur à rien du tout pour l'analyse des faits.

Ce livre est rédigé de telle façon qu'il est facile de le récupérer dans un usage pervers, et les auteurs semblent n'avoir jamais pensé aux usages pervers couramment pratiqués par la bourgeoisie, leur manière de faire flèche de tout bois pour abattre son prochain.

D'une part l'énoncé même du concept est fallacieux car strictement individuel, et non pas relationnel. Si l'on rétablit un peu de dialogique dans ce discours d'expert, il faut donner la parole à ceux qui sont stigmatisés comme "ayant une basse estime de soi".

D'autre part, prenons leur analyse de scènes de ménage, et leur thèse centrale : "Le but de la scène de ménage est de ramener l'estime de soi de l'autre à de justes proportions". Ce qui postule subrepticement que l'agresseur, celui qui prend l'initiative de la querelle, est celui qui est en position injustement inférieure. Vision bien égalitaire, bien angélique !

Dans les corpus d'observations dont nous disposons, la réalité est bien éloignée de cet angélisme égalitaire.

Dans les cas réels dont nous disposons, c'est le dominant qui prend l'initiative des scènes de ménage, qui agresse le dominé chaque fois que celui-ci semble pouvoir échapper à sa position inférieure. Son obsession est de vérifier "M'obéit-il ? Est-il soumis ? Reprenons la terreur, elle est nécessaire !"

Dans les cas réels dont nous disposons, la basse estime de soi est l'internalisation d'une basse estime par les persécuteurs familiers. C'est la basse confiance, ou la haute défiance envers la méchanceté et la fourberie de vos proches, notamment de vos père et mère.

Si vous cessez de regarder le malheureux qui est maintenant dans votre cabinet, mais pensez à aller écouter la violence des réactions de ceux qui s'indignent de ses débuts d'autonomisation, de ses débuts de pensée autonome, non télécommandée, alors vous percevrez que ce que vous nommez "basse estime de soi" est en réalité principalement relationnel : anticipation des punitions que l'on subira si l'on ose exister comme personne distincte et ayant droit à un épanouissement propre. Autrement dit, cette anticipation appartient à ce qu'un clinicien appellerait le "groupe intérieur" : la représentation interne des personnes significatives de l'entourage.

Ce livre reflète une lacune dans la formation professionnelle de ces deux psychiatres, qui pourtant ont largement pris la peine de dépassr les limitations de l'enseignement reçu en faculté : leur pensée n'est pas groupiste, mais strictement individualiste, et cela suffit à la rendre irréaliste. Les psychologues, eux, reçoivent une formation à la psychologie de groupe, à la vie affective des groupes et des familles.

De la même manière que ceux qui rédigent une loi pénale devraient penser à l'usage qu'en feront les maîtres-chanteurs, et prendre des précautions contre ces prochains détournements de loi, ceux qui popularisent des concepts abusivement individualistes comme celui de l'estime de soi, devraient penser aux détournements pervers qui ne manquent pas d'en être faits.

Car il faut arrêter de rêver : dans le monde réel, des persécuteurs réels ont déjà récupéré Lelord et André pour en faire un usage terroristement correct, pour culpabiliser les victimes de leurs agressions.
« Modifié: 26 octobre 2007, 01:06:54 pm par Jacques »

JacquesL

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«Conflit sain, contre conflit pathologique.»
« Réponse #1 le: 26 octobre 2007, 01:07:43 pm »
«Conflit sain, contre conflit pathologique.»
Écrit par synapse
Le 29/06/2000 @ 08:00

    Conflit sain, contre conflit pathologique.

    J’emprunte l’essentiel à Christophe André et François Lelord : L’estime de soi (Ed. Odile Jacob). J’adapte la présentation, car les tableaux ne passent pas ici.
    A quoi servent les disputes dans un couple ? Par exemple à ramener l’estime de soi du conjoint à de plus justes proportions. Sainement menés, les conflits permettent de faire évoluer la situation. A leur issue, personne ne se sent humilié ni nié.
    Au contraire, les conflits maladifs reviennent avec une fréquence insistante, ne débouchent sur aucune solution, et servent à des agressions féroces contre l’estime de soi d’un des participants.
    Je vous ferai grâce des coups bas (reportez-vous au livre, voire à votre environnement familier...).

    Je déplie le tableau, en l’adaptant :

    Conflits normaux :
    Objectif : faire évoluer le comportement du partenaire.
    Les émotions sont exprimées de manière directe à la première personne : « Je suis en colère. »
    Ils sont tournés vers la recherche de solutions : « Que peut-on faire ? ».
    Les critiques sont centrées sur les comportements : « Quand tu fais cela, cela me pose un problème », afin de les corriger.
    Le partenaire n’est pas disqualifié. Le sujet se requalifie.
    Le conflit a une fin : pas de bouderies, pas de vengeances.
    Le conflit permet de rééquilibrer les rapports de force entre les conjoints. A l’issue du conflit, les gains et les pertes sont partagés.

    Conflits pathologiques :
    Objectif : ruiner l’estime de soi du partenaire, lui faire endosser l’opinion exécrable que l’on a de lui.
    La responsabilité des émotions est attribuée au conjoint : « C’est toi qui me rend malade ».
    Ils sont tournés vers l’accusation, l’accablement de l’autre sous la faute qu’on lui attribue.
    Les critiques sont centrées sur les personnes : « Tu es vraiment nul(le) ! », et fuient tout objectif de modifications de comportements... qui risqueraient de mettre fin au conflit.
    Le sujet néglige de se qualifier lui-même, tout occupé à disqualifier son partenaire.
    Le conflit est ressassé et renaît sans arrêt de ses cendres : « Il y a trente ans, tu as dit à un tel que ... »
    Le conflit sert à déséquilibrer les rapports de force entre les conjoints : il sert à confirmer la dominance de l’un, ou à la restaurer. De toutes façons il en sortira une domination, ou un « pat », jamais une reconnaissance de l’identité ni des sentiments de l’autre.

    Par expérience personnelle de telles relations pathologiques, j’ajouterai que le conflit sain est tourné vers la vie et les vivants, pour se restaurer un espace de vie menacé. Le conflit sans issue, lui, est dirigé par les morts, et par le deuil qu’on n’en sait pas faire. Le noiseur cherche à mortifier le conjoint vivant, dont la vie même et les talents font de l’ombrage à ses propres parents morts ou vieillissants. Le noiseur ne veut surtout pas connaître qui il est lui-même, et encore moins qui est l’autre; il lui suffit que l’autre soit un portemanteau à sa disposition, pour y accrocher ses fantasmes hostiles, une victime expiatoire bien pratique pour un sacrifice humain, par dépit de n’avoir pas pu conquérir son papa, quand il était si beau, quand il avait trente-six ans, et la petite fille cinq ans.

    Avec mon expérience, j’ajouterais une troisième sorte, hybride : le conflit-fuite dissymétrique :
    A - Pourquoi augmentes-tu constamment les punitions à mon égard ?
    B - Mais tu es complètement fou ! Je n’ai jamais rien fait de tel !
    A - Ah ? Et alors hier, quand tu as fait (), et lundi dernier, quand tu as fait (), je rêve ?
    B - Non mais heureusement ! Et c’est bien fait pour toi ! Où en serait-on si je ne l’avais fait ! C’est parce que tu veux que () ! Hein, c’est ça que tu veux !
    A - C’est moi qui dis ce que je veux, et ce n’est pas toi.
    B - Et puis tu n’as même pas été capable de tenir une seule promesse !
    A - Lesquelles ?
    (...)
    A - Et concernant ton augmentation constante des brimades à mon égard ?
    B - C’est de ta faute ! En telle année, tu as () !
    A - Cet incident ne s’est jamais reproduit.
    B - Et en telle année (trois ans plus tôt), tu as ().
    A - Erreur. Ceci ne m’est pas imputable. Tu confonds avec
    B (interrompant) - Oui mais, quand () (on est encore cinq ans plus tôt) .. !
    (...) de fuite en fuite, on en est arrivés vingt et un ans plus tôt, et B a les yeux exorbités par la fureur et la panique.
    A - Nous n’avons exploré aucun point. A chaque difficulté dans tes accusations, tu t’es enfuie plus loin dans le passé, me jeter à la tête un nouveau grief, qui ne m’est pas toujours imputable. Tu me reproches de ne prononcer qu’une seule phrase à la fois. Pendant que j’en prononce une sur un sujet, tu me reproches de n’en pas prononcer trois autres sur trois autres sujets.
    Et concernant l’augmentation constante des brimades, ici et maintenant ?
    B - Ça veut dire que tu as toujours raison !
    (B s’enfuit.)

    Conclusion digne de La Palisse : désapprenez les conflits pathologiques, veillez à mener à bien les conflits sains et vitaux.

    Jacques