Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.
Avez-vous perdu votre e-mail d'activation ?

29 avril 2024, 05:12:12 am

Login with username, password and session length

Shoutbox

Membres
Stats
  • Total des messages: 5084
  • Total des sujets: 2368
  • En ligne aujourd'hui: 101
  • Record de connexion total: 138
  • (14 novembre 2018, 09:31:35 pm)
Membres en ligne
Membres: 0
Invités: 75
Total: 75

Auteur Sujet: Grève du 18 octobre 2007  (Lu 1320 fois)

JacquesL

  • Administrateur
  • Membre Héroïque
  • *****
  • Messages: 4 595
Grève du 18 octobre 2007
« le: 19 octobre 2007, 12:40:01 am »
Un mouvement inespéré mais sans trop d'espoir
Le gouvernement a réussi un incroyable tour de force : ni la réforme ni le maintien des avantages acquis ne sont désormais légitimes.

Citer
Marianne2.fr
Un mouvement inespéré mais sans trop d'espoir
Le gouvernement a réussi un incroyable tour de force : ni la réforme ni le maintien des avantages acquis ne sont désormais légitimes.


Ah les gros malin ! Ah la colossale finesse ! Vous avez remarqué à quel point le gouvernement a bien « manœuvré » à l'approche de la grève du 18 octobre ? À force d'annoncer une grève « énaurme », massive, le pouvoir espère jouer gagnant à tout coup. Soit la grève est moins puissante que prévue et dans ce cas, les médias en concluront que décidément « ça n'a rien à voir avec 1995. » Soit elle est effectivement massive et du coup, le « choc » aura été amoindri en même temps que le gouvernement sera loué pour sa perspicacité et sa ténacité.

La manœuvre s'est avérée si délicate qu'elle a été prestement décryptée.
Soyons sérieux : le mouvement du 18 octobre n'a pas grand-chose de commun avec celui de 1995. Non seulement parce que Pierre Bourdieu est mort entre-temps, mais surtout parce que la grève de novembre-décembre 1995 avait traduit une véritable prise de conscience des salariés sur les ravages d'une mondialisation jusque-là supposée «heureuse». On parlait à l'époque d'une grève «par procuration» par laquelle les salariés du secteur privé, subissant un rapport de force plus défavorable que ceux du public, les mandataient, en quelque sorte, pour s'opposer aux élites.

Douze ans plus tard, le rapport de force s'est bien dégradé au détriment des salariés. Les salariés du privé, ainsi que les fonctionnaires ont dû accepter le passage de 35 à 40 ans de travail pour ouvrir leurs droits à la retraite. Il ne reste plus que 1,6 million de salariés qui bénéficient des régimes spéciaux, contraints à une bataille-dos au mur peu compréhensible pour les autres salariés. Les syndicats font mine de mener la bataille dans une unité factice. Le PS fait semblant de les soutenir alors que la plupart de ses dirigeants clament sur tous les tons qu'ils sont d'accord avec la réforme. Paradoxalement le maintien des régimes spéciaux accentuerait la division entre salariés (et entre citoyens). Chacun le sent confusément : si cette grève est une occasion (inespérée ?) de mobiliser une opinion populaire défaite depuis l'élection, c'est une grève sans allant, presque sans espoir.

Cependant, la réforme n'est ni réellement encouragée, ni compréhensible, pour au moins deux raisons. D'abord, les entreprises continuent à «débarquer» de leurs effectifs les salariés de plus de 55 ans voire de plus de 50 ans, considérés comme trop chers et pas assez productifs. Dans le privé, l'exposition à la concurrence internationale et au dumping monétaire des Etats-unis et de la Chine rend insupportable le paiement de salaires « à l'ancienne ». Dans le secteur public, la nécessité de faire baisser la dépense étatique conduit à la multiplication des statuts précaires. Dès lors, comment faire croire que la durée du travail sur la vie va augmenter lorsque le taux de chômage continue à dépasser les 50% dans la tranche d'âge 55-65 ans ?

Par ailleurs, ceux qui parlent de privilèges sont bien peu fondés à le faire au moment où le régime spécial des parlementaires reste inchangé (bonjour le symbole), permettant le cumul de deux pensions. Enfin, si les privilèges corporatistes existent, ils sont bien modestes en regard des 15 milliards de cadeaux fiscaux que le régime vient d'offrir aux plus aisés des Français et à ceux qui vivent de leurs rentes. Les élites ne sont donc pas crédibles en prétendant agir au nom de l'équité. D'une certaine façon, le Juppé de 1995 « droit dans ses bottes », quoique plus maladroit, était plus digne qu'un François Fillon qui laissera surtout le souvenir d'une morgue et d'une arrogance peu en rapport avec ses origines «gaullistes».

Le risque du mouvement du 18 octobre est surtout de confirmer aux Français qu'ils sont entrés dans l'ère du « Tous contre tous ». Grévistes contre usagers des transports, certes. Vélib contre RATP sans doute. Mais aussi travailleurs pauvres (que l'on « fêtait » la veille de la grève) contre « pensionnés ». Chômeurs contre salariés. Employés du privé contre employés du public. Bénéficiaires des régimes spéciaux contre simples cotisants du régime général. Salariés de régimes spéciaux maintenus contre salariés des régimes spéciaux disparus. «Discriminés» contre «discriminants». Homosexuels contre hétérosexuels. Femmes contre hommes. Enfants contre parents. Musulmans contre Juifs et chrétiens. Etc., etc. Mais l'horizon de la guerre de tous contre tous ne gêne pas le régime. Elle le sert au contraire puisque c'est en menant campagne contre toutes sortes de bouc-émissaires que Nicolas Sarkozy est devenu président. L'issue, sans doute encore lointaine, de ce petit jeu avec les allumettes se devine aisément : un jour, Sarko lui-même risque de devenir un bouc-émissaire aux yeux des Français.

Jeudi 18 Octobre 2007 - 06:00
Philippe Cohen


Une grève unitaire, mais des syndicats qui divergent.
En apparence, le gouvernement roule des mécaniques face à des syndicats unis et remontés. Mais le mouvement social est plus fragile et divisé qu'il n'y paraît.


Citer
Marianne2.fr
Une grève unitaire, mais des syndicats qui divergent
En apparence, le gouvernement roule des mécaniques face à des syndicats unis et remontés. Mais le mouvement social est plus fragile et divisé qu'il n'y paraît.


« Attention, demain, ça va être énorme ! », prévient un responsable syndical de la CGT. Au menu : une manifestation monstre à Paris, des mouvements en province et des transports paralysés. De son côté, Sarkozy « montre ses petits muscles » comme l'écrit le Canard enchaîné et promet de « faire preuve d'une détermination totale ». Sur la réforme des régimes spéciaux, le gouvernement ne veut rien lâcher : le texte est déjà écrit, pas une ligne n'en sera modifiée, assure-t-on. Et on promet qu'on tiendra la barre, la grève dût-elle durer deux mois. Problème : elle a bien peu de chance de durer plus d'une journée. Car en réalité, les faiblesses de l'intersyndicale qui fait front commun pour défendre les retraites sont nombreuses.

Outre la difficulté à mobiliser, l'intersyndicale peine à clarifier son message. S'agit-il de mobiliser pour la défense, mais aussi l'élargissement des régimes spéciaux à tous les métiers pénibles et la retraite à soixante ans au régime général pour tous, comme le souhaite la CGT ? Ou au contraire de sauver quelques-uns des régimes spéciaux, ceux qui se justifieraient par des conditions de travail pénibles, quitte à revenir sur les « acquis » historiques de certains métiers, notamment à la SNCF, dont les conditions se sont assouplies avec le temps, comme le laisse entendre la CFDT ? En réalité, derrière le front uni des neuf syndicats qui appellent à la grève pointent des divergences. Qui départagent grosso modo deux camps : d'un côté, la CGT, suivie de la FSU, de FO et de Sud, et de l'autre, la CFDT, sur une ligne qui la rapproche de la CGC et de la CFTC.

« La CFDT a payé cher ses compromis avec le gouvernement sur les retraites, en 1995 et en 2003, décrypte Gérard Filoche, syndicaliste CGT et membre du PS. Résultat : elle a perdu 65% de ses adhérents chez les cheminots, et elle a été mise en difficulté aux élections professionnelles de 2005. Ceci explique en partie qu'elle se joigne au mouvement. Elle doit se débarrasser de cette image de « jaune », même auprès de ses adhérents. » Du coup, maintenir l'unité du mouvement n'est pas évident entre d'un côté une aile « radicale » représentée par la CGT, et une aile soucieuse de « réalisme économique » et de « l'intérêt général », incarnée par la CFDT.

Autre grille de lecture : le syndicat de François Chérèque, pourtant soucieux par tradition de trouver des compromis avec le gouvernement, se heurte à la fermeté affichée du couple Sarkozy-Fillon. « En refusant toute négociation, le gouvernement force les syndicats les moins radicaux à la grève », explique Christian Picquet, dirigeant de la LCR et fin connaisseur des mouvements sociaux. « Mais la tiédeur de la CFDT fait partie des faiblesses du mouvement. Elle s'ajoute aux raisons de penser qu'il ne se prolongera pas. » Divisés, poussés dans la rue par la brutalité des discours gouvernementaux sur les régimes spéciaux et sur le service minimum, les syndicats craignent, plus que tout, un scénario « à la Thatcher », Picquet dixit, dans lequel ils passeraient pour des fauteurs de trouble illégitimes, ce qui permettrait au gouvernement d'aller encore plus loin par la suite. Pour le moment, seuls trois syndicats de cheminots proposent de poursuivre la grève le 19 octobre. Même à la CGT, on marche sur des œufs. « Ce sera un combat sur le long terme, prédit Gérard Filoche. Peu à peu, les gens se rendent compte que l'on durcit leurs conditions de travail, qu'on rogne sur leurs droits et que leur pouvoir d'achat baisse. Il faut qu'ils réalisent qu'on se bat pour eux, mais ça prendra encore un peu de temps. » Bref, ce n'est sans doute qu'un début, mais le combat continuera … plus tard.


Jeudi 18 Octobre 2007 - 06:00
Anna Borel


Tags : cfdt; edf; grève; grève reconductible; régimes spéciaux; retraites; sud cgt; syndicats; tactique syndicale


Grève historique ? Sur la place de la République, on attend encore...
Place de la République, jeudi 18 octobre au matin, les rangs des syndicalistes, plus que clairsemés, cherchaient l'unanimité, aux côtés des syndicats étudiants et de vieilles idoles communistes.


Citer
La gauche se réjouit du succès de la grève, au delà de ses divergences
18/10/2007 16:23

 Les partis de gauche ont souligné avec satisfaction jeudi l'ampleur de la grève contre la réforme des régimes spéciaux de retraites, même s'ils ne sont pas, sur le sujet, sur la même longueur d'ondes.
Tandis que le PS reconnaît la nécessité d'une réforme du système mais la veut différente de celle décidée par le gouvernement, l'extrême gauche refuse toute réforme et voit dans la grève les prémices d'un vaste conflit social.
Les leaders socialistes l'ont rappelé ces derniers jours: le PS n'est pas hostile au principe d'une révision des régimes spéciaux, qui rencontre d'ailleurs les faveurs d'une bonne partie de l'opinion publique.
"La réforme des régimes spéciaux est nécessaire", réitérait jeudi François Hollande, pour qui "il faut les faire évoluer". "Qu'il y ait une évolution sur les régimes spéciaux, c'est incontestable. Il faut une réforme, mais tout dépend comment on la fait", affirmait aussi mercredi Laurent Fabius.
Pour les deux ténors socialistes, il faut une réforme plus globale, tenant compte du critère "de pénibilité". Ce critère doit être "le fondement de la durée de cotisations", y compris dans les secteurs qui ne bénéficient pas à ce jour de régimes spéciaux, selon M. Hollande.
Chacun doit accepter "de faire des efforts", a ajouté le Premier secrétaire du PS, mais "l'égalité ce n'est pas l'uniformité", et "pour que l'effort soit accepté, il doit être juste": "la justice, ce n'est pas les mêmes durées de cotisations pour tout le monde".
Laurent Fabius précise: "là où il y a des postes pénibles, il est normal qu'on parte en retraite plus tôt, là où il n'y pas de pénibilité, il faut l'alignement".
Le gouvernement devrait ouvrir "le plus vite possible" des négociations avec les partenaires sociaux", a affirmé jeudi la députée PS Annick Lepetit, reprenant la revendication des syndicats.
Même si traditionnellement les partis politiques évitent d'embrayer sur les mouvements sociaux, pour ne pas être accusés de vouloir les récupérer, le PCF présent dans les manifestations de jeudi, s'est positionné en première ligne.
"La journée de mobilisation contre la réforme des retraites prend une dimension exceptionnelle", s'est réjoui le parti de Marie-George Buffet qui lance un avertissement: "Il serait irresponsable pour le gouvernement de recommencer l'entêtement du CPE".
La LCR d'Olivier Besancenot est allée plus loin en affirmant que la grève, qu'elle soutient "à fond", devrait "donner naissance à une mobilisation sociale prolongée pour contraindre le gouvernement à renoncer à ses projets politiques".
"C'est un premier avertissement réussi", s'est félicité M. Besancenot pour qui "la deuxième manche" devrait être la reconduite de la grève "au moins pour demain" vendredi.
Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte Ouvrière, présente à la manifestation à Paris, abonde dans le même sens: "les travailleurs ont répondu présents à l'appel des directions syndicales. Aucune d'entre elles ne peut prétexter la difficulté de mobilisation pour refuser de proposer une suite à la journée du 18 octobre".
Plus globalement, pour les Verts, l'ampleur de la grève des salariés des services publics des transports "témoigne d'un refus de la remise en cause d'un modèle social qui touche l'ensemble des Français au-delà de la seule question des régimes spéciaux".