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Auteur Sujet: Qui peut vraiment travailler plus ?  (Lu 1993 fois)

JacquesL

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Qui peut vraiment travailler plus ?
« le: 27 mai 2007, 10:26:32 am »
Citer
A la Une de son numéro de mai, l'excellent magazine Liaisons Sociales pose
une question qui doit tarauder nombre de Français depuis l'élection de
Nicolas Sarkozy : Qui peut vraiment travailler plus ?

L'une des nombreuses promesses de campagne du nouveau Président est en effet
de faciliter le recours aux heures supplémentaires, ce qui est censé doper
le pouvoir d'achat des actifs et par effet d'entraînement créer de l'emploi
en garnissant les carnets de commandes.

« Séduisant mais simpliste, tranche d'emblée l'enquête fouillée du journal.
Car autant que les entreprises, tous les salariés ne sont pas logés à la
même enseigne. »

Véritable slogan anti-35 heures, le « travailler plus pour gagner plus » de
Nicolas Sarkozy a notamment fait un carton auprès des plus bas salaires, en
particulier chez les ouvriers : les sondages réalisés durant la campagne
montraient qu'un gros tiers des Français souhaiteraient travailler plus pour
gagner plus. « Des chiffres qui ne disent rien des situations
professionnelles, soulignent les journalistes de Liaisons Sociales.
Entre un ouvrier annualisé, une employée à temps partiel subi et un salarié
à employeurs multiples, pas beaucoup de points communs dans leurs conditions
d'emploi ».
Et du coup de fortes disparités dans leur capacité à obtenir des heures
supplémentaires de la part de leur patron. D'une manière générale, le
salarié est évidemment en position de faiblesse quand il doit négocier
individuellement la durée de son travail sur le principe du gré à gré.

Quelques chiffres permettent de mieux comprendre pourquoi Sarkozy a quand
même fait mouche sur cette question. Avec une durée du travail annuel de
1616 heures en moyenne, l'Hexagone est le pays développé dans lequel un
salarié à plein temps bosse le moins. 1,2 million salariés du privé
travaillent par ailleurs à temps partiel, rarement choisi.
De plus, le Smic français, qui est l'un des plus élevé d'Europe et surtout
le plus répandu, ce qui tasse la grille des salaires, concerne désormais 3,3
millions de travailleurs.
Quasiment un salarié sur six, proportion en augmentation constante !
Conséquence directe, le pouvoir d'achat des ménages est en berne, alors même
qu'ils doivent dépenser de plus en plus pour se loger et acheter du
carburant.
Dans ce contexte, pas besoin d'être contre les 35 heures, que Ségolène Royal
la première considère avec lucidité, pour se laisser séduire par les sirènes
sarkozystes. Il est électoralement porteur de faire des lois Aubry l'opportun
bouc émissaire d'une économie au ralenti, un refrain repris allègrement par
Laurence Parisot au nom du Medef.

Pour mémoire, rappelons tout de même que sous le gouvernement de Lionel
Jospin, la France affichait le plus fort taux de croissance d'Europe, «
malgré » les 35 heures.

De plus, les textes votés par les socialistes ont été dépecés à deux
reprises sous le gouvernement Raffarin. Les 35 heures n'ont par ailleurs
jamais été mises en place dans les PME, tandis que les grandes entreprises
utilisent un certain nombre d'outils mis à leur disposition (rachat de RTT,
heures sups) pour allonger la durée du travail.

Le problème central est donc ailleurs, et Nicolas Sarkozy n'a d'ailleurs
jamais poussé la malhonnêteté intellectuelle jusqu'à proposer d'abroger
purement et simplement les RTT (comme quoi !).

Car au fond, comme le souligne à raison Gilbert Cette, professeurs associé à
l'université d'Aix-Marseille III, le nouveau Président sait parfaitement que
« les 35 heures correspondent à la durée du légale du travail, pas à la
durée maximale obligatoire, qui peut être largement supérieure ».

Et l'universitaire d'ajouter : « Les lois Aubry ne brident absoulument pas l'activité
économique (.), les chefs d'entreprise n'utilisent pas les marges de
manouvre à leur disposition. » A commencer par les contingents d'heurses
supplémentaires, fixés selon les accords de branche à un maximum 220 heures
par an

« Pour nous chercheurs, le sujet est mal posé. La vraie question n'est pas
celle de l'augmentation du temps de travail des personnes ayant un poste à
temps plein. Mais celle de l'augmentation du volume de travail tout au long
de la vie, notamment après 55 ans », recadre dans Liaisons Sociales
Christine Erhel chercheuse à Paris I et au Centre d'études de l'emploi. Dans
un pays qui affiche le plus fort taux de chômage des jeunes et des plus de
50 ans, la mise en garde n'est pas une formule.

Il est en effet trop facile de laisser Nicolas Sarkozy flatter bassement les
actifs tout en fustigeant le reste de la population, souvent mis en vrac
dans la catégorie des « assistés ». Toujours cette fameuse « France qui
triche », le titre d'un propagandiste numéro du Droit de savoir diffusé sur
TF1 la semaine précédent le second tour.

Au fond, exonérer les heures supplémentaires de charges sociales n'est donc
même pas une méthode efficace pour inciter jeunes et seniors à travailler
plus, alors que cette question est aussi centrale qu'urgente.
« Il y a un risque de destruction d'emploi, alerte même Gilbert Cette. Si
les heures sups deviennent trop bon marché, les employeurs seront incités à
les multiplier plutôt qu'à embaucher.

La plupart des pays développés ont ainsi fait le choix de majorer fortement
les heures supplémentaires. » Par ailleurs, si on réduit les charges sur ces
heures travaillées, qui va payer le manque à gagner pour la protection
sociale ? On le voit, « travailler plus pour gagner plus » relève d'avantage
de la promesse électoraliste que du programme de relance de la croissance.

Sous couvert d'aubaine pour les Français, en fait d'un joli cadeau au
patronat.

Surprenant ?


Cette synthèse n'est pas de moi, mais de François Bailleroux, qui l'a postée sur fr.soc.economie.