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Auteur Sujet: Laurent Lafforgue pousse un gros coup de g...l.  (Lu 2992 fois)

Mateo

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Laurent Lafforgue pousse un gros coup de g...l.
« le: 13 avril 2007, 11:11:52 pm »
Jacques Lavau a écrit :

Je n'ai pas trop d'élément pour évaluer avec précision. Toutefois la déconfiture de nos enfants, et même jeunes adultes dans l'analyse grammaticale, est au delà de l'évidence :

http://www.ihes.fr/~lafforgue/dem/courriel.html
Laurent Lafforgue est médaillé Field de mathématiques, désigné par le président de la République, et vient de démissionner du HCE (Haut Conseil à l'Enseignement) !!


Commentaire d'un enseignant :
Le mercredi 16 novembre 2005

Monsieur le Président du HCE,

Je vous remercie de votre message ci-dessous qui nous donne
l'ordre du jour de la prochaine réunion.

Je ne peux m'empêcher de réagir sur certains points qui me plongent dans le désespoir.

Le principal est le suivant:

>  - appel aux experts de l'Education nationale : Inspections générales et directions de l'administration centrale, en particulier direction de l'évaluation et de la prospective et direction de l'enseignement scolaire,
>

Pour moi, c'est exactement comme si nous étions un "Haut Conseil des Droits de l'Homme" et si nous envisagions de faire appel aux Khmers rouges pour constituer un groupe d'experts pour la promotion des Droits Humains.

Je m'explique: depuis un an et demi que j'ai commencé à m'intéresser sérieusement à l'état de l'éducation dans notre pays – en lisant tous les livres de témoignage d'instituteurs et de professeurs que j'ai pu trouver, en recueillant systématiquement tous les témoignages oraux ou écrits d'enseignants avec qui je peux être en contact, en interrogeant moi-même des jeunes pour jauger ce qu'ils savent ou ne savent pas – je suis arrivé à la conclusion que notre système éducatif public est en voie de destruction totale.

Cette destruction est le résultat de toutes les politiques et de toutes les réformes menées par tous les gouvernements depuis la fin des années 60. Ces politiques ont été voulues, approuvées, menées et imposées par toutes les instances dirigeantes de l'Éducation Nationale, c'est-à-dire en particulier: les fameux experts de l'Education Nationale, les corps d'Inspecteurs (recrutés parmi les enseignants les plus dociles et les plus soumis aux dogmes officiels), les directions des administrations centrales (dont la DEP et la DESCO), les directions et corps de formateurs des IUFM peuplés des fameux didacticiens et autres spécialistes des soi-disant "sciences de l'éducation", la majorité des experts des commissions de programmes, bref l'ensemble de la Nomenklatura de l'Education Nationale. Ces politiques ont été inspirées à tous ces gens par une idéologie qui consiste à ne plus accorder de valeur au savoir et qui mêle la volonté de faire jouer à l'école en priorité d'autres rôles que l'instruction et la transmission du savoir, la croyance imposée à des théories pédagogiques délirantes, le mépris des choses simples, le mépris des apprentissages fondamentaux, le refus des enseignements construits, explicites et progressifs, le mépris des connaissances de base couplé à l'apprentissage imposé de contenus fumeux et démesurément ambitieux, la doctrine de l'élève "au centre du système" et qui doit "construire lui-même ses savoirs". Cette idéologie s'est emparée également des instances dirigeantes des syndicats majoritaires, au premier rang desquels le SGEN.

Tous ces gens n'ont aujourd'hui qu'un but: dégager  leur responsabilité et donc masquer par tous les moyens la réalité du désastre.

J'avoue ne pas savoir s'ils étaient de bonne foi ou bien s'ils ont délibérément organisé la destruction de l'Ecole.

Je ne sais pas non plus lesquels parmi eux – une minorité de toute façon – n'ont pas participé à la folie collective ni lesquels y ont participé mais se rendent compte aujourd'hui des conséquences dramatiques des erreurs accumulées depuis des décennies et seraient prêts à repartir dans une meilleure direction. A priori, j'ai la plus extrême défiance envers tous les membres de la Nomenklatura de l'Education Nationale.

Pour se rendre compte de la réalité de la situation où nous sommes, je conseille très vivement à tous les membres du HCE de lire les ouvrages suivants qui sont des témoignages d'instituteurs et de professeurs (je les ai tous lus intégralement ainsi que d'autres):

Marc Le Bris:
"Et vos enfants ne sauront pas lire...ni compter" (Stock, 2004) (témoignage d'un instituteur de campagne tranquille sur sa pratique confrontée à toutes les absurdités que l'institution impose par tous les moyens depuis des années)
Un livre de pur bon sens de la première à la dernière ligne.
Je pense que Marc Le Bris devrait figurer au premier rang parmi les experts que nous pourrions choisir.

Rachel Boutonnet:
"Journal d'une institutrice clandestine" (Ramsay, 2003) (journal tenu chaque jour par une stagiaire d'IUFM sur la façon dont on prétendait la former, puis première expérience d'institutrice)
Dans ce livre, j'ai constaté avec intérêt que parmi toutes les formations d'IUFM que cette stagiaire a subies, la seule où on lui ait parlé du contenu de la discipline est en mathématiques. C'est une consolation, mais assez maigre.

Fanny Capel:
"Qui a eu cette idée folle un jour de casser l'école?"(Ramsay, 2004)
(témoignage d'une jeune agrégée de lettres modernes, fille d'ouvriers, enseignant en lycée et collège "bien famés" de quartiers favorisés)
Où l'on apprend que même dans les lycées "bien classés" dans tous les palmarés des journaux une grande proportion des élèves ignore par exemple en quel siècle a vécu Victor Hugo...

Elisabeth Altschull:
"L'école des ego: contre les gourous du pédagogiquement correct" (Albin Michel, 2002)
(témoignage d'une "réfugiée scolaire": alors que ses parents étaient américains, sa mère avait choisi de l'amener en France quand elle était enfant - il y a une quarantaine d'années - pour qu'elle y trouve un enseignement de qualité. Elle se désespère de voir l'Éducation Nationale française s'engager depuis des décennies dans le chemin de médiocrité de la majorité des écoles américaines.)

Evelyne Tschirhart:
"L'école à la dérive: ce qui se passe vraiment au collège" (Editions de Paris, 2004)
(témoignage d'une enseignante d'arts plastiques en collège de quartier défavorisé)

Agnès Joste:
"Contre-expertise d'une trahison: la réforme du français au lycée"  (Edition des Mille et une nuits, 2002)
(lecture minutieuse par un professeur de lettres des textes du ministère de l'éducation)

Collectif "Sauver les lettres":
"Des professeurs accusent" (Textuel, 2001)
(un manifeste humaniste contre les "ultraréformistes et ultrapédagogistes" qui ont pris le pouvoir à l'éducation nationale et organisent la destruction de l'instruction publique)

Guy Morel et Daniel Tual-Loizeau:
"L'horreur pédagogique: paroles de profs et vérité des copies"
(Ramsay, 1999, épuisé mais qui doit pouvoir se trouver)

Jean-Paul Brighelli:
"La fabrique du crétin: La mort programmée de l'école" (Jean-Claude Gawsewitch Éditeur, 2005)
C'est le dernier en date des livres de témoignage de professeurs, paru il y a deux mois.
C'est un professeur de lettres (manifestement d'extrême gauche: il interprète la destruction de l'école comme l'effet d'un complot délibéré des classes dominantes "ultra-libérales". Cette interprétation est discutable, mais quand il dresse un constat de l'état de l'Ecole il sait de quoi il parle, et c'est ça qui est intéressant).

Je recommande aussi très chaleureusement les livres de Liliane Lurçat, une personne absolument extraordinaire et impressionnante (que j'ai eu l'occasion de rencontrer dernièrement après avoir lu ses livres et correspondu avec elle) qui a consacré toute sa vie à étudier les processus d'apprentissage des enfants dans les écoles primaires. Je recommande en particulier:

"La destruction de l'enseignement élémentaire et ses penseurs:
la première cause de l'échec à l'école"
(François-Xavier de Guibert, 2e édition, 2004)

"Vers une école totalitaire? L'enfance massifiée à l'école et dans la société"
(François-Xavier de Guibert, 2e édition, 2001)

"Des enfances volées par la télévision: le temps prisonnier"
(François-Xavier de Guibert, 3e édition 2004)

Mon avis personnel est d'ailleurs que, avec l'instituteur Marc Le Bris, Mme Lurçat est une personne que le HCE devrait faire figurer en priorité parmi les experts sur l'école primaire (bien qu'elle ait 77 ans et que j'ignore si elle accepterait). Je pense que personne en France n'a simultanément une telle connaissance concrète de l'école primaire et une telle qualité et profondeur de réflexion sur le sujet.

D'autre part, Mme Lurçat a grandi dans les années 30 dans un quartier pauvre peuplé très majoritairement d'immigrés de toutes origines. Elle peut rappeler ce qu'était à l'époque une école républicaine fréquentée principalement par des enfants d'immigrés et qui les intégrait, connaissance qui semble perdue aujourd'hui où pourtant elle serait bien nécessaire...

Je vous envoie également en fichier attaché un rapport (hallucinant) rendu public il y a quelques jours par l'Association des Professeurs de Lettres (et disponible sur leur site).

J'ai écrit à l'un des auteurs pour lui demander quelle proportion des élèves était touchée par les phénomèmes que décrivait ce rapport. Je vous mets ci-dessous sa réponse:

 -------------------------------------------------------
 
Monsieur,

Ces carences (lexique étique, syntaxe rudimentaire ou inexistante, ignorance de la grammaire de phrase) se sont généralisées ces dernières années et s'observent désormais chez la très grande majorité des élèves, vraisemblablement plus de 80% d'entre eux, et ce quels que soient leur milieu social et leur attitude en classe ; bien sûr, la situation, mauvaise en général, l'est à des degrés divers selon le niveau linguistique et culturel de la famille, mais c'est à l'oral plus qu'à l'écrit qu'appert cette différence. Le collège ne remédie nullement à ces déficiences, qui perdurent et parfois s'aggravent : on les retrouve au lycée et même dans les classes préparatoires (un collègue, qui enseigne le latin à des hypokhâgneux grands débutants, m'a récemment expliqué que ses élèves ne parviennent pas à analyser une proposition relative). En effet, à l'école primaire comme au lycée, les programmes assignent à la grammaire de phrase une place pour ainsi dire subsidiaire et la "doctrine" en vigueur (j'entends par là, au-delà des programmes, leurs documents d'accompagnement, les manuels qui s'en inspirent, les recommandations des inspecteurs et des formateurs d'IUFM) proscrit la pratique de l'analyse logique et de l'analyse grammaticale et fait la part belle à la "littérature pour la jeunesse", les classiques étant bannis des lectures que l'élève fait chez lui.
Je suis bien sûr à votre disposition pour toute précision qui vous
semblerait utile.

Bien cordialement,
                                  ....................


------------------------------------------------------------

Ce rapport permet à lui seul de réaliser que les experts ou prétendus tels à qui a été confiée la rédaction des programmes de français sont tout simplement des cinglés (je pèse mes mots).

Il est impossible pour moi de comprendre comment ils ont pu chasser la grammaire de phrases (sujet, verbe, complément, etc.) et l'analyse logique pour les remplacer par des élucubrations du genre suivant (extraites du document d'accompagnement des professeurs en classe de troisième):

"L’étude des actes de parole est donc essentielle. Elle peut se décomposer en trois approches complémentaires : la dimension locutoire, c’est-à-dire le fait de produire des énoncés structurés, organisés et ayant un sens ; la dimension illocutoire, c’est-à-dire le fait de chercher à exercer une action sur autrui en lui parlant (l’interroger, lui donner un ordre, lui interdire de faire quelque chose, le convaincre ou le persuader…) ; la dimension perlocutoire, c’est-à-dire l’effet sur l’interlocuteur, qui répondra ou non à la question, qui exécutera ou non l’ordre…(…) Il est très important d’amener l’élève à prendre conscience de cette triple dimension des actes de parole, en particulier dans une optique de formation du citoyen."

Si l'ensemble des instances dirigeantes de l'éducation nationale ont pu confier la rédaction des programmes à de tels cinglés, ne pas s'apercevoir du caractère délirant de leurs préconisations et ne pas s'émouvoir des réactions de professeurs qui leur parvenaient, je ne vois qu'une seule explication possible: les instances dirigeantes de l'Éducation Nationale sont intégralement peuplées de fous irresponsables (ou criminels pour ceux, s'il en existe, qui auraient organisé la destruction de l'Ecole en toute connaissance de cause).

Ceci concerne le français, mais nous pouvons aussi parler des mathématiques.
Les concernant, je vous mets en fichier attaché la copie d'un message qui m'a été envoyé la semaine dernière par un enseignant (maître de conférence et remarquable chercheur) de l'une des "meilleures universités" de France. [Je ne peux reproduire ce message car il était confidentiel].
S'il vous reste la moindre notion de mathématiques, vous pouvez comprendre que ces étudiants de 2e année de DEUG de science dont la plupart vont "réussir" à leurs examens, donc vont passer en licence (et deviendront peut-être instituteurs ou professeurs), ont un niveau inférieur à celui qui, encore à mon époque (il y a vingt-cinq ans: une époque déjà dégradée par rapport à celle de mes parents), était celui du collège, et il apparaît qu'ils ne maîtrisent même pas ce qui normalement serait du ressort de l'école primaire. Or tous ces étudiants ont le bac (sinon ils ne seraient pas à l'université) et pour presque tous le "bac S" (le bac "d'élite" ou "sélectif" comme on dit dans les médias)...

Je vous mets enfin en copie un message que j'ai reçu hier matin d'un professeur de mathématiques de collège. [Ici encore, je ne peux reproduire le témoignage que ce professeur de collège m'avait fait parvenir à titre confidentiel.] Ce qu'il dit témoigne de la perte du sens d'un enseignement sérieux qui affecte aujourd'hui l'ensemble de notre système éducatif après avoir été provoquée depuis si longtemps par ses instances dirigeantes.

Si vous voulez encore d'autres témoignages, je peux vous en fournir à foison.

Pour ce qui me concerne, je suis donc totalement opposé à ce que nous nous en remettions aussi peu que ce soit aux experts de l'Education Nationale.

Je suis également très sceptique en ce qui concerne les experts étrangers (à l'exception peut-être de quelques pays asiatiques comme Singapour), car dans tout le monde occidental la dégradation de l'instruction est générale. La seule différence est qu'en France elle a été encore plus grande car nous sommes tombés de plus haut et car elle touche la totalité du système éducatif (du fait de la centralisation à la française qui impose partout les mêmes méthodes et les mêmes programmes délirants), contrairement aux Etats-Unis par exemple où, même si la moyenne est épouvantable, il existe de très bonnes écoles, principalement privées.
Jusqu'au milieu des années 60, je pense que les meilleurs systèmes éducatifs primaires et secondaires du monde étaient ceux de France, de Russie et d'Israël. En France, il n'a cessé de se dégrader depuis cette époque, à une vitesse de plus en plus grande. En Israël, d'après ce que je crois savoir, il y a eu une semblable dégradation mais une réaction énergique a commencé depuis quelques années: par exemple, des israëliens ont cherché les meilleurs manuels mathématiques existant dans le monde aujourd'hui, ils ont conclu que c'était ceux de Singapour et ils les ont traduits pour les rendre disponibles dans toutes les écoles israëliennes. (On pourrait donc éventuellement faire appel à des acteurs de ce redressement israëlien, par exemple Ron Aharoni.) Enfin, le système russe est resté très bon jusqu'à l'effondrement de l'Union Soviétique et depuis il se dégrade lentement (cette dégradation se faisant comme partout au nom du "progrès" ou de la "modernisation"). Néanmoins, le système russe encore aujourd'hui reste bien meilleur que celui de tous les pays occidentaux: je peux en témoigner en toute connaissance de cause en mathématiques et physique. C'est pourquoi j'ai passé hier après-midi plusieurs heures à me faire expliquer par une dame russe professeur de français le fonctionnement détaillé du système d'éducation soviétique; j'ai pris beaucoup de notes et quand je les aurai tapées je vous les enverrai.
Voilà pour ce que je pense de l'étranger.

En ce qui concerne les syndicats majoritaires parmi les enseignants ou les parents d'élèves, tous (animés des plus louables intentions comme on peut imaginer) ont poussé à la roue dans la destruction de l'école, et je pense qu'on ne peut pas plus leur faire confiance qu'aux experts de l'EN. Le seul syndicat d'enseignants que je connaisse et qui me semble accorder une valeur prioritaire à l'étude, à la connaissance et au savoir est le SNALC. [Plus sans doute d'autres que je ne connais pas comme, me dit-on, le SAGES.]

Parmi les associations, je ne fais confiance qu'à celles qui ont vu le jour depuis un certain nombre d'années dans le but explicite de dénoncer la destruction de l'enseignement et de réfléchir aux moyens de le redresser. Ce sont en particulier:

le GRIP (Groupe de Réflexion Interdisciplinaire sur les Programmes)
http://grip.ujf-grenoble.fr/

Sauver Les Lettres (SLL)
http://www.sauv.net/

l'Association des Professeurs de Lettres (APL)
http://www.aplettres.org/

A mon avis, c'est parmi les membres les plus actifs de ces associations (dont maintenant je connais bien un certain nombre) qu'il faudrait recruter des experts.

Je serais en mesure de proposer au HCE une liste d'experts dans toutes les disciplines en qui j'ai une grande confiance parce que tous sont des professeurs qui depuis des années se sont engagés pour le sauvetage de l'École et son redressement et ont réfléchi en profondeur aux problèmes posés.

Pour moi, la question de départ qui est posée au HCE est la suivante:

Voulons-nous nous voiler les yeux, ne pas voir l'état dans lequel se trouve l'Éducation Nationale et confier l'élaboration des avis qui nous sont demandés aux mêmes experts et responsables dont les politiques ont conduit au désastre actuel?
Dans ce cas, autant vaudrait ne pas avoir créé le HCE.
Ou bien, voulons-nous prendre la mesure de la situation, agir pour tenter un redressement et, pour cela, rompre radicalement avec tous les hiérarques de l'Éducation Nationale, entendre les personnes indépendantes qui depuis des années tirent la sonnette d'alarme et réfléchissent aux moyens d'un tel redressement, et travailler nous-mêmes avec l'aide de ces personnes à rédiger des avis sur lesquels les responsables politiques pourraient s'appuyer pour sauver notre système éducatif de la destruction complète et définitive?

Avec mes meilleurs sentiments,
Laurent Lafforgue.


ps: Pour se renseigner sur l'état réel de notre système éducatif et trouver tous les renseignements possibles et imaginables sur les programmes actuels (et leurs dérives incroyables) comparés à ceux de toutes les époques depuis Jules Ferry, je recommande le site internet de Michel Delord (un simple professeur de mathématiques du secondaire mais qui a une connaissance impressionnante de l'histoire de notre système éducatif).

L'adresse est:
http://michel.delord.free.fr/

Ce site porte comme dédicace:

"Page dédiée aux parents qui s'inquiètent que leurs enfants ne sachent toujours pas faire une division en Cours Moyen et à qui on a répondu: "Vous êtes des rétrogrades".

Il faut passer du temps à le visiter.
On y trouve par exemple tous les programmes du primaire depuis 1880 et on peut faire la comparaison avec ceux d'aujourd'hui.
C'est vraiment passionnant.
Indication: les meilleurs programmes sont ceux de 1923 (et, soit dit entre parenthèses, ils tiennent en cinq pages, toutes matières et tous niveaux confondus). D'ailleurs, ce sont à ma connaissance ceux qui sont toujours en vigueur (moyennant une mise à jour dans certaines matières) au cours Hattemer à Paris: un cours privé "hors contrat", donc sans la moindre subvention de l'état, à qui nombre de familles très aisées (et, paraît-il, certains de nos ministres présents ou passés) confient leurs enfants en payant le prix fort.

----------------------------------------------------------------------------------------

Le même au format pdf :
http://www.ihes.fr/~lafforgue/textes/Courriel.pdf
--
Jacques Lavau
« Modifié: 13 avril 2007, 11:13:33 pm par Mateo »
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Re : Laurent Lafforgue pousse un gros coup de g...l.
« Réponse #1 le: 13 avril 2007, 11:15:04 pm »
Jacques Lavau a écrit :

Démission forcée de Laurent Lafforgue


Pourquoi j'ai démissionné du Haut Conseil de l'Education

http://www.ihes.fr/~lafforgue/dem/circonstances.html
ou encore http://www.portique.net/breve.php3?id_breve=170
mardi 22 novembre 2005

Laurent Lafforgue démissionne du HCE.

Il explique dans un courriel désormais public les causes de sa démission. Le Portique reproduit intégralement ce courrier. On pourra aussi se référer en lien au courriel dont il est question dans son explication.

" Cette démission m’a été demandée par M. Racine, Président du HCE, et M. Seban, conseiller du Président de la République pour l’Éducation.

Cette demande est intervenue très tôt, à peine dix jours après l’installation officielle du HCE (le mardi 8 novembre 2005) et le lendemain de sa première réunion de travail (le jeudi 17 novembre 2005).

M. Racine a estimé que la violence passionnée de mes propos sur l’état actuel de notre système éducatif et la responsabilité des instances dirigeantes de l’Éducation Nationale rendait impossible un débat serein au sein du HCE visant à construire un consensus ou tout au moins une majorité solide.

Plus précisément, il m’a été surtout reproché d’avoir écrit au président du HCE, avec copie à tous les membres, le courriel que je reproduis sur ce site, à la rubrique “Un courriel qui aurait dû rester confidentiel”.

Ce texte est effectivement violent. Il réagit à une proposition d’ordre du jour envoyée par M. Racine où il était question de faire appel, entre autres, aux "experts de l’Éducation Nationale" ; il s’y exprime une indignation qui ne date pas de la veille et dont M. Racine n’est certes pas l’objet.

Ce courriel n’était destiné qu’aux membres du HCE mais M. Racine et M. Seban (à qui M. Racine en avait envoyé copie) m’ont appris qu’il avait été vite diffusé hors du HCE et "qu’il circulait déjà dans les bureaux du Ministère de l’Éducation Nationale". Je ne me serais certainement pas exprimé avec tant de violence si j’avais pensé que ce message deviendrait public, mais je confirme que ce message traduit ma pensée, de la première à la dernière ligne.

Pour couper court à toutes éventuelles déformations ou exploitations de citations tronquées, je le reproduis donc sur ce site.

J’ajoute que je suis également en désaccord avec la phrase suivante prononcée par M. Racine dans son allocution lors de la cérémonie d’installation du HCE :

"L’enjeu est considérable, puisqu’en dépit des progrès remarquables accomplis au cours des dernières décennies par notre système éducatif, celui-ci ne parvient pas à résorber des poches d’échec importantes ni à accroître l’égalité des chances."

En effet, je ne vois pas quels progrès remarquables notre système éducatif a accomplis dans les dernières décennies, et pour ma part je parlerais plutôt de résorption des poches de succès (le mot "succès" étant entendu non pas au sens de l’obtention d’un diplôme mais au sens de l’acquisition de véritables connaissances qui font accéder à la culture ou à la science) et de diminution de l’égalité des chances.

Je n’ai rien d’autre à dire sur le sujet de ma démission.

Laurent Lafforgue"
--
Jacques Lavau
« Modifié: 10 août 2007, 01:17:30 pm par Jacques »
Mateo
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Re : Laurent Lafforgue pousse un gros coup de g...l.
« Réponse #2 le: 13 avril 2007, 11:16:45 pm »
Jacques Lavau a écrit :


La liberté de parler : démission de Laurent Lafforgue

http://www.portique.net/article.php3?id_article=62
mercredi 23 novembre 2005, par Robin Delisle

Laurent Lafforgue à peine nommé, le voilà démissionné.

Laurent Lafforgue est un ami reconnu des humanités, de longue date, on ne peut donc que regretter le renvoi d’un homme dont le tort principale est d’user de la parrhésia (liberté de parole) dont les plus grands philosophes grecs ont vanté les mérites.

Voilà donc Laurent Lafforgue aux côtés de Démosthène et Diogène contre les grands de ce monde.

On rapporte que Monsieur Racine aurait reproché à Laurent Lafforgue la tonalité passionnée de ses interventions.

Ceci nous ramène à une traduction inédite qui a été réalisée sur le forum de grec ancien de l’Académie de Versailles. Il s’agit d’un éloge de Thersite composé par le rhéteur fameux, Libanios.

Libanios met en lumière les contradictions de Thersite, homme que le poète semble avoir voulu dénigrer. Voilà en effet un homme qui n’a pas craint de heurter le plus puissant guerrier, Achille, le roi des rois Agamemnon et le plus rusé, Ulysse, puisqu’il apostrophe les uns et les autres dans l’Iliade. Donc, cet homme dont Homère fait un pleutre, est bien au contraire un homme à la liberté de parler extraordinaire puisqu’il n’hésite pas à se confronter aux puissants. S’appuyant sur Homère, Libanios note les qualités de tribun de l’homme et relève finalement qu’il faut le frapper pour l’empêcher de parler, à l’évidence parce que la vérité sort de sa bouche. Libanios relève qu’on retrouvera les mêmes qualités chez Démosthène qui préfère chagriner le peuple plutôt que de lui mentir.

Est-il besoin de poursuivre ? Thersite est une nouvelle fois victime, l’histoire n’est qu’un éternel recommencement, fût-elle un mythe...

Il existe un peri parrhesia de Philodème de Gadara, un épicurien notoire, dont il ne reste hélas que des fragments en très mauvais état. Mais en dépit des lacunes, on y lit déjà au fragment 3 que le sage ne tergiverse pas dans ses propos et ne craint pas de se brouiller avec ses proches s’il s’agit de parler librement.

Alors, nous le croyons, ici, au Portique, Laurent lafforgue a bien mérité de Thersite, de Libanios, de Philodème et de la liberté de parler en général.

Peri Parrhesia de Philodème

Eloge de Thersite de Libanios
--
Jacques Lavau
« Modifié: 13 avril 2007, 11:19:12 pm par Mateo »
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Re : Laurent Lafforgue pousse un gros coup de g...l.
« Réponse #3 le: 13 avril 2007, 11:17:40 pm »
Chers amis,

je publie une analyse de Francis (avec son autorisation) :
--
Mateo.

--- citation ---

En décembre de l'an passé, quelques joyeux drilles au nombre desquels
Alain Connes, JP Serres et Laurent Lafforgue (pour ne citer que les médailles
Fields) signaient un texte commun "les savoirs fondamentaux au service
de l'avenir scientifique et technique" où ils s'inquiétaient de la baisse
des vocations, de la décadence de l'enseignement, et plus généralement des
moeurs, qui en était selon eux la cause, et proposant un certain nombre
de remèdes (je l'ai encore en pdf pour qui veut).

Ci-dessous, l'analyse que j'en faisais sur Maths au Collège.
Ne fut contesté à l'époque avec des arguments sérieux que ce que je
disais sur la nouvelle donne démographique d'ici à quelques années, puisque la
pyramide des âges des profs ne laisse apparement pas apparaître un
"gap" si important qu'on le lit parfois. (Encore faudrait-il voir si en maths,
discipline en "flux tendu", où il y a encore des contractuels assez
nombreux, un gap, même petit, ne provoque pas d'effets plus graves).

Ceci faisait suite à un article antérieur de LL dans le Monde où il
vantait les bienfaits de l'ennui et de l'abnégation comme moteur fondamental
pour donner le goût de faire des maths.

Aujourd'hui, le même LL se fait jeter avec fracas d'un comité qui ne
s'était même pas encore réuni (voir mon autre mail sur ce que je pense de cette
"expulsion") et publie les motifs de cette démission.

Le texte de la lettre qui a motivé cette démission est à mon sens tout
aussi superficiel et partisan que les précédents...

Amitiés
Francis

--------------------------------------
Mon analyse du texte publié en déc. 2004

Contribution intéressante au plan des constats et des inquiétudes, que
je partage totalement (encore que l'étude des débouchés des bacheliers S
souffre évidemment d'une nette incomplétude).

Aussi, j'espérais une réflexion riche, pleine de recul, du type de
celles de la commission Kahane.
Las ! Au niveau des propositions, je sors de cette lecture consterné:
méconnaissance totale du terrain, ingénuité immense sur les
institutions, les débouchés économiques et l'évolution politique et sociale (que l'on
peut évidemment déplorer dans ses conséquences sur l'enseignement, mais
qu'il faut au moins connaître), affirmation de pétitions de principe dont la
fragilité ne peut que renforcer le camp du Nouvel Obs et des gourous
des "Sciences" de l'Educ, et pas un mot pour inscrire cette réflexion dans
le contexte démographique des dix prochaines années, qui va pourtant
bouleverser la donne dans tout le système éducatif.

Récapitulons:
- rétablissement de l'exam d'entrée en 6e (aucune recherche sur les
causes qui ont amené à le supprimer, rien sur le devenir des élèves qui le
rateraient. Rétablissement du primaire supérieur?),
- remise en place des programmes 1885-1960 (qui vont fonctionner
magiquement),
- rétablissement des filières au collège (en prétendant, comme on le
lisait parfois dans les années 50 dans les publications bien pensantes, que
les pas doués en maths seront de meilleurs manuels. Ça pouvait être vrai à
l'époque, aujourd'hui, ça ferait rigoler n'importe quel patron qui a testé les
brillants sujets qu'on envoie en apprentissage),
- rétablissement d'un brevet "examen véritable" conditionnant
implicitement l'entrée au lycée (ce qu'il n'a jamais été, voir l'histoire de notre
système éducatif),
- rétablissement de la pédagogie du français pratiquée en 1960 (qu'en
pensent les professionnels intéressés ?),
- maintien de l'enseignement du latin, du grec et des langues autres
que l'anglais, contre vents et marées sans même évoquer une évolution (on
sent par derrière le fort lobbying des profs de ces disciplines),
- Remise en place des séries au lycée, sans se poser le problème
général des débouchés et des filières d'excellence,
- Création d'un examen d'entrée à l'Université parallèle au Bac (ça ne
va pas aider à redresser le recrutement, et on a démissionné des ministres
pour moins que ça, même si je conviens que le système des GE est
parfaitement hypocrite de ce point de vue)
- Création d'une police de la pensée (j'extrapole) pour aller dans les
familles pourchasser les jeux vidéo et la télé et mettre calculettes et
ordinateurs sous clé,
- suppression totale par effet de balancier des méthodes actives, en
présentant des extraits tronqués de manuels (j'ai toujours soutenu que
l'on ne peut TOUT redécouvrir en classe, ne serait-ce que pour des raisons
de temps, mais la recherche proposée sur la division est par exemple loin
d'être absurde),
- retour de l'axiomatique et du 100% linéaire comme pierre de touche
des programmes,
- programmes et ambitions résolvant la quadrature du cercle d'augmenter
à la fois la qualité et la quantité. Ils s'en défendent maladroitement, mais
je vois mal comment ils y échapperaient pour revenir en gros aux
compétences de
1970 avec les horaires de 2004 (en gros 1h de moins à tous les
niveaux), tout en introduisant de nouveaux contenus par ailleurs fort
intéressants (probas).
- suppression de la référence nationale des programmes, en créant des
écoles avec programmes "à la carte"...

Voilà le cocktail miracle qui va résoudre tous les problèmes. On peut
s'étonner qu'aucun enseignant de terrain n'ait été sollicité au moins
pour la relecture de ce texte, ni aucun prof de français.
--
Francis
Mateo
Axiomatique de collège : http://www.mathemagique.com

JacquesL

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« De plus en plus d’étudiants, en deuxième année de Physique, ne savent pas additionner des fractions. » « Une professeur d’espagnol à l’université est obligée d’expliquer à ses étudiants à quoi correspond un complément d’objet direct avant de pouvoir commencer son cours. »
Voilà le genre de témoignages que récolte Laurent Lafforgue depuis deux ans.

http://www.canalacademie.com/La-degradation-de-l-enseignement.html


R. Josh  ajoute :
Citer
Je puis témoigner que nombre d'élèves de Première S et de Terminale S, à qui l'on finit par donner le "Baccalauréat scientifique", ne maîtrisent jamais le calcul de fractions que l'on connaissait autrefois à l'école primaire, ni les 3 identités remarquables vues actuellement en 3e, etc.)
« Modifié: 11 décembre 2011, 08:03:54 pm par JacquesL »

JacquesL

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Michel Delord monte au créneau :
« Réponse #5 le: 11 décembre 2011, 08:04:13 pm »