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Auteur Sujet: L'enseignement de la grammaire à l'école reste indispensable  (Lu 5083 fois)

Mateo

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Jacques Lavau a ecrit :

L'enseignement de la grammaire à l'école reste indispensable.

Michel Delord exhume un texte de Gramsci qui n'a pas pris une ride, à http://michel.delord.free.fr/dixi1.pdf
Sommaire à http://michel.delord.free.fr/ll-dernieres.html

On a souvent évoqué le désastre grammatical aussi bien chez nos élèves, que sur le net. Cela peut se compliquer de volées d'insultes contre celui qui ose corriger les erreurs.

Toute sa vie, on continue d'apprendre la grammaire, et avec profit.
--
Jacques Lavau
Mateo
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Mateo

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Re : L'enseignement de la grammaire à l'école reste indispensable
« Réponse #1 le: 13 avril 2007, 11:04:29 pm »
Cher Jacques,
Citer
Michel Delord (...) Sommaire à http://michel.delord.free.fr/ll-dernieres.html

J'apprécie Michel Delord et ses idées, mais je regrette qu'il cautionne "Sauver les lettres" et "Reconstruire l'école", qui sont des associations qui défendent une bonne cause mais par des moyens trop radicaux, ce qui les décrédibilise.

Je crois que pour sauver l'enseignement, il faudrait faire une synthèse de toutes les idées et les utiliser. Passer son temps à démontrer que les autres ont tort est une perte de temps.
--
Mateo.

Jacques Lavau est intervenu sur l'accord du verbe 'décrédibilise'
« Modifié: 13 avril 2007, 11:08:50 pm par Mateo »
Mateo
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Mateo

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Re : L'enseignement de la grammaire à l'école reste indispensable
« Réponse #2 le: 13 avril 2007, 11:06:06 pm »
Jacques Lavau a écrit :

La Fabrique du crétin, selon Jean-Paul Brighelli

Citer
Télérama n° 2918 -14 décembre

En voulant rendre l'école plus "accessible", a-t-on orchestré son
nivellement par le bas ?

L'école joue-t-elle encore son rôle d'ascenseur social, qui a permis par
exemple à Georges Pompidou, modeste fils d'instituteur du centre de la
France, d'in­tégrer une grande école parisienne et de devenir pré­sident de
la République ? Non, répond Jean-Paul Brighelli dans un ouvrage au titre
explicite, La Fabrique du crétin, vite devenu best-seller. Il y dresse
pourtant un constat effarant de l'école d'aujourd'hui, en racon­tant
comment, en moins de trente ans, ce qui fut sans doute le meilleur système
éducatif au monde a fait nau­frage. Professeur de français à Montpellier
(" un métier de seigneur", dit-il), Jean-Paul Brighelli ne mâche pas ses
mots pour analyser les causes et les mécanismes de cette catastrophe. Un
processus irréversible ? Télérama : Pourquoi avoir délibérément choisi ce
titre provocateur et un rien ambigu pour dénoncer ce que vous appelez la
mort programmée de l'école ? Jean-Paul Brighelli : Plutôt que de parler de
provo­cation, je préfère parler de réaction face à la violence qui est faite
à la quasi-totalité des élèves des classes primaires et secondaires de ne
plus pouvoir accéder au savoir. Aujourd'hui la majorité des enfants ne
savent plus lire, ni compter, ni écrire, encore moins penser. Et, loin de
combattre cette réalité qui aurait scandalisé les responsables pédagogiques
et politiques il y a quelques décennies, toutes les réformes et refontes de
pro­grammes ne font qu'amplifier le phénomène.
Le constat est dramatique : notre système éducatif est devenu un système à
deux vitesses. A côté des rares écoles et lycées qui perpétuent encore un
enseignement digne de ce nom, où les élites se reproduisent tran­quillement
d'une génération à l'autre (enseignement privé, grands lycées de Paris ou de
quelques grandes villes de province), il y a des zones entières de "
non-savoir ", comme on dit de non-droit, où la difficulté des apprentissages
s'efface derrière les joies ludiques des pratiques de l'oralité et de
l'expression libre.
Quant à l'ambiguïté du titre de mon livre, elle est déli­bérée. Je voulais
que le lecteur, après avoir craint que le crétin visé soit le produit de
cette " fabrique ", comprenne qu'il en est aussi l'instigateur. Le crétin,
c'est celui qui conçoit les programmes en les révisant systématique­ment à
la baisse ; celui qui édicté des circulaires met­tant l'élève au centre du
système éducatif ; celui qui, habile didacticien et malin démagogue, se
targue de " nouvelle pédagogie" et de ses excellents résultats. Après tout,
80% des postulants, et bientôt 80% d'une tranche d'âge, n'arrivent-ils pas à
avoir le baccalau­réat, selon les voux de l'ancien ministre Chevènement? On
oublie de préciser que c'est au prix de la multiplica­tion des filières
(plus de soixante bacs différents !), de directives concernant la notation
et de véritables calculs d'apothicaire, pour ne pas dire trucages, afin que
les statistiques de réussite aux examens soient respectées.

Télérama : Comment ce système a-t-il pu se mettre en place ?

Jean-Paul Brighelli : Par une succession de réformes, parfois impulsées avec
les meilleures intentions du monde. Tout a commencé au milieu des années
1970 avec la réforme Haby, du nom du ministre de l'Education nationale de
l'époque, qui a instauré le collège unique et la sectorisation. Puis la
gauche a accentué ces inégali­tés mises en place par le régime précédent par
une série de mesures, louables sur le papier, mais qui se sont révé­lées
catastrophiques. La création des ZEP (zones d'édu­cation prioritaire), par
exemple, où l'analphabétisme, l'ab­sentéisme, les incivilités commençaient à
se développer de façon inquiétante. Il va de soi que ces ghettos, qui sont
vite devenus les culs-de-basse-fosse de notre sys­tème éducatif, ont été
dotés de moyens financiers impor­tants et de matériel informatique dernier
cri. Et on a cru ainsi acheter - à bon compte - la paix scolaire.
Autre réforme consternante, celle touchant les pro­grammes et l'esprit même
de l'enseignement. On a vu fleurir des circulaires et des discours
ministériels, d'es­prit libertaire et post-soixante-huitard, affirmant que
c'était à l'élève de constituer ses propres savoirs et qu'il ne devait rien
acquérir par la contrainte. Donc, plus d'humiliantes dictées,
d'apprentissage par cour, de devoirs le soir. Plus de latin, de grec,
d'histoire, de culture littéraire inutile. En un mot, on a baissé le seuil
d'exigence, sans se rendre compte que moins on exige des élèves, moins ils
donnent, et moins ils donnent moins ils reçoivent et plus ils se trouvent
sans repères face au monde des adultes.

Télérama : Quel est le but poursuivi, selon vous, par toutes ces réformes ?

Jean-Paul Brighelli : Leur fonction première semble claire : la formation
d'individus qui, à un titre ou à un autre, seront impliqués dans la grande
guerre écono­mique mondiale du XXIe siècle. Il faut en effet fabriquer une
immense population de main-d'ouvre bon marché, pas trop éduquée, surtout
dénuée de sens critique mais dotée de certaines compétences techniques,
taillable et corvéable à merci au gré des fluctuations écono­miques : un
public captif devant lequel on agitera en per­manence le spectre du chômage
et de l'exclusion.

Ce fort contingent est dirigé par ceux qui sont issus de ce que Jean-Claude
Michéa, dans un livre lumineux d'intelligence et au titre évocateur (1),
nomme les pôles d'excellence : des lieux aux conditions d'accès sélec­tives
qui continuent à transmettre sur le modèle de l'école traditionnelle -
disons celle des années 1960 -, non seulement des savoirs sophistiqués et
créatifs,  mais ce minimum d'esprit critique sans lequel la maî­trise des
connaissances n'aurait aucune efficacité. Ailleurs, loin de ces pôles
d'excellence, il est impéra­tif d'enseigner l'ignorance. C'est le nouvel
objectif assi­gné à l'école publique. Il suppose une double trans­formation
: celle des enseignants, d'abord, devenus des animateurs chargés de diriger
des activités d'éveil et d'organiser des sorties pédagogiques ou
transver­sales ; celle de l'école elle-même, ensuite, transformée en " lieu
de vie " convivial et ludique, démocratique et citoyen, où l'on apprend à ne
surtout pas apprendre, où les entreprises se poussent du coude pour pénétrer
en force et peser sur le contenu des activités péda­gogiques au nom du
pragmatisme et de l'efficacité.

Le résultat de cette situation incroyable, c'est que l'école, jadis
véritable ascenseur social, ne remplit plus du tout cette fonction. Dans un
tel système, jamais Albert Camus, fils d'une femme de ménage illettrée
vivant dans un quartier pauvre d'Alger, mais poussé par un maître d'école
" à l'ancienne " conscient de son poten­tiel, n'aurait pu devenir Prix Nobel
de littérature. Télérama : Quelles seraient les dispositions d'urgence à
prendre pour éviter cette dérive, sinon ce gâchis ? Jean-Paul Brighelli :
Notre école se meurt notre école est morte, suis-je tenté de conclure. Mais
peut-être n'est-il pas trop tard, bien que le système libéral se soit taillé
le système éducatif dont il avait besoin. Et le pire, dans cette histoire,
c'est que rien de tout cela n'a été délibé­rément programmé. Il n'y a pas de
complot pas de plai­santins cyniques et pervers qui se seraient un jour
réunis avec la volonté de détruire un système éducatif. Quant aux mesures à
prendre pour freiner ou empêcher ce gâchis, elles sont évidentes : supprimer
les cartes sco­laires pour retrouver les brassages sociaux, couper l'école
des entreprises, faire en sorte qu'elle redevienne un lieu d'apprentissage,
ne plus engager les énièmes réformes, et surtout faire confiance aux équipes
péda­gogiques qui, sur place, savent mieux que quiconque ce qui convient à
leurs élèves. Nous avions autrefois pour les enfants une véritable ambition
de réussite, aujour­d'hui nous ne faisons que gérer leurs carences.

Télérama : Ne craignez-vous pas d'être taxé de pas­séiste et de prôner un
élitisme un peu réactionnaire ?

Jean-Paul Brighelli : Qui est passéiste ? Moi ou tous ces parents
déboussolés qui, constatant les carences du système éducatif, inscrivent
leurs rejetons dans des établissements privés qui enseignent... à l'ancienne
? Paul Langevin préconisait il y a déjà presque un siècle " la promotion de
tous et la sélection des meilleurs " : c'est la formule même de l'élitisme
républicain. Le vrai élitisme, au sens le plus valorisant du terme, doit
per­mettre l'expression pleine et entière des potentiels de chacun. Et on
n'y arrivera qu'en revenant à l'enseigne­ment d'une polyvalence, de savoirs
généraux qui ren­dront l'individu plus libre de se spécialiser, à son gré,
par la suite .

Propos recueillis par Xavier Lacavalerie
(1) L'Enseignement de l'ignorance et ses conditions modernes, éd. Climats,
1999.

Jean-Paul Brighelli
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud et agrégé de
lettres, membre de Sauver les lettres, il est l'auteur de "La Fabrique du
crétin, La mort programmée de l'école", éd. Jean-Claude Gawsewitch, 221 p. .

Interview intéressante, mais dont je désapprouve plusieurs
conclusions.

Sa faiblesse, à mes yeux, est de ne pas assez connaître et analyser la
concurrence : la TV, les jeux vidéo, la pub.
Or justement une bonne évaluation de la dictature de la pub sur nos
bambins était fait par le même magazine, duex numéros plus tôt. Il
expliquait aussi que la Suède se défendait bien davantage, en
interdisant tout ciblage des enfants à la pub TV.

Un rapprochement est à faire avec le cas de Taiwan, années 80. Encore
sous dictature militaire, ce pays s'abîmait sous les jeux vidéo. Le
gouvernement les a interdit.
Point.

Ce fut le début de l'incroyable prospérité taiwanaise dans le domaine
de la micro-informatique.

Voilà deux exemples inégaux d'un état fort, qui n'oublie pas de faire
son travail : édicter des règles, et les faire respecter.

On peut aussi regarder du côté de la Finlande, dont les pratiques éducatives se révèlent très performantes.
--
Jacques Lavau
Mateo
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Mateo

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Re : L'enseignement de la grammaire à l'école reste indispensable
« Réponse #3 le: 13 avril 2007, 11:07:08 pm »
Chers amis,

je publie un article de Matthieu Brabant, qui résume le débat actuel entre "pédagogues" et "programmateurs" :

(Je conseille la lecture de la conclusion en premier pour avoir un résumé de l'article)
--
Mateo.

La théorie quantitative de la démence

Q(Q><Q[Q]) = Q(Q><[Q])

Bien sûr, il faudrait développer, il faudrait définir la valeur de Q par référence  à une valeur extérieure, mais la formule en elle-même est si aveuglante, si élégamment simple que, pour le moment, elle me semble exprimer idéalement ce que je vois autour de moi. Les déconstructivistes radicaux du champ psychique ; les étudiants américains en survêtement automnal bouffant ; les présidents d’une douzaine d’universités qui s’agitent avec passion sur un sujet auquel ils ne connaissent ni ne  comprennent rien. Et tous autant qu’ils sont, je dis bien tous, confinés dans des  groupes sociétaux définissables. La Théorie quantitative de la démence vient d’atteindre sa première grande ligne de partage épistémologique. Comme la physique théorique, elle doit maintenant tenir compte du phénomène même qu’elle a contribué à identifier. Elle doit reconstruire la preuve de son propre fondement sur la base de son  propre accomplissement. De toute évidence, en concentrant autant de  personnages aberrants ou frisant l’aberration en un lieu unique ou une série de  lieux identiques, l’existence même de la Théorie quantitative a joué un rôle sur  le quotient psychosanitaire en soi. Il s’agira maintenant de faire dériver une équation permettant de vérifier si ce  que je soupçonne est vrai, à savoir que, plus on concentre la démence dans les  institutions éducatives, plus le niveau de maladie mentale augmente dans le  reste de la société....

(Will Self-La théorie quantitative de la démence, Editions de l’Olivier 2000)   

Introduction

Les forces vives (réactives ? réactionnaires ?) de l’Ecole n’en finissent plus de  débattre. Les médias comptent les points, désignent un vainqueur (souvent  faute de combattant, un camp est plus « actif » que l’autre dans les débats), et  les forces vives de la droite en profitent pour passer dans un broyeur ce qu’il reste de l’idéal de l’Ecole de la République. Ce texte n’est pas un texte scientifique, il contient de nombreux a priori idéologiques (autant le dire clairement). Il serait d’ailleurs totalement déplacé de ma part de prétendre à l’objectivité (d’ailleurs il FAUT avoir un camp, tout le monde a un camp, les intervenants sont systématiquement identifiés à un camp, même contre leurs  avis, pour moi ce serait le camp des  «pédagogues»-khmers rouges) et à l’exhaustivité (ceci n’est pas un texte  scientifique, avec des références savantes ou universitaires un peu partout, il  s’agit d’un petit texte d’un professeur de mathématiques et de sciences physiques).

Nous sommes en Janvier 2006. Je suis plutôt du genre optimiste, néanmoins il me faut avouer certaines craintes : la mécanique libérale conduit l’Ecole vers la privatisation et la marchandisation. A l’intérieur de l’Ecole, les petites fourmis et les grosses légumes, sont, par  «tradition», les garants, de «gauche», de la défense de la République. On parle d’égalité, de fraternité, de justice, de solidarité et de liberté. Je  parle des combattants de la République et du peuple, l’avant-garde. Bref, le libéralisme et les idées de «droite» ont toujours été, c’est peu dire, combattues par les membres du corps enseignant. Aujourd’hui, les choses ont changées, c’est en tout cas l’impression que donnent les débats. La République des enseignants, celle pour qui 1981 a été l’année de  paroxysme, semble avoir vécue.

Un premier indice : plus de 50 % des enseignants ont dit oui lors du référendum sur la constitution européenne. Cette victoire historique de la gauche antilibérale, cette défaite cinglante pour la sociale-démocratie, est le signe d’une profonde rupture avec le peuple (http://www.humanite.presse.fr/journal/200506-04/2005-06-04-635785).

Deuxième indice : le manque d’intérêt pour les combats, en particulier pour le  combat syndical radical, les nouveaux enseignants rejètent même les syndicats. Il y a une utilisation purement corporatiste des syndicats (pour la carrière).

Troisième indice : la popularité grandissante de Nicolas Sarkozy dans les salles  de profs (Si le libéralisme est entré à l’école, aucun groupe d’importance n’ose  encore  s’y  référer. Mieux : dans  le  combat  entre  «pédagogues»  et  «programmateurs», chaque camp accuse l’autre de libéralisme !).

Quatrième indice : l’absence de réaction face au retour du travail des enfants  et à l’abaissement de l’âge légal de scolarité obligatoire.

Cinquième indice : la multiplication des débats stériles (et parfois violents), qui  n’auraient été en temps normal que des tempêtes dans un verre d’eau mais qui  sont devenues des ouragans dans un océan.   

Et moi ?

Par honnêteté, il va bien falloir que je me place dans ce grand échiquier. Le  lecteur y gagnera en compréhension, j’espère que ceux qui me considérèrent d’emblée comme un «adversaire» auront au moins la patience de me lire  jusqu’au bout : si j’admets certaines lacunes (couplées à des dogmatismes sans  doute), je reste sincère et attaché à l’Ecole égalitaire (et je sais que l’utilisation de cette expression hérisse les poils de certains).

Matthieu Brabant, né en 1977 du côté du Havre, arrivé au tout début des années 80 à La Courneuve. Bac S au lycée Jacques Brel à La Courneuve en 1996, licence de chimie-physique  à l’université Paris 7 en 2001 (non sans difficultés : très difficile le «travail»  pendant les études - sur les parcours scolaires chaotiques d’enfants des milieux populaires, lire les ouvrages de Stéphane Beaud - ). Je suis reçu au CAPLP2 mathématiques-sciences physiques en 2002. Stagiaire  dans l’académie de Versailles au LP Valmy à Colombes.

En mai 2003, je fonde une petite liste de discussion, mathssciences, pour les  professeurs  de  mathématiques-sciences  physiques. Cette liste compte maintenant plus de 170 membres et est l’une des listes du projet Maths’ Discut’
(http://www.mathsdiscut.net/).

Depuis septembre 2003, j’enseigne au LP Denis Papin à La Courneuve, retour  aux sources donc. Mes parents habitent toujours à 5 minutes de mon lycée, moi  j’habite à Saint-Denis, la ville voisine.

De «nature» militante, j’ai été un temps adhérent à Attac, j’adhère en 2004 à  la CGT. Je suis maintenant membre du bureau départemental de la CGTEduc’Action 93 (le site de la CGT-Educ’Action 93 : http://cgteduc93.free.fr/), dont j’étais l’un des délégués au congrès national de l’UNSEN-CGT (Union  Nationale des Syndicats de  l’Education Nationale CGT, le  site : http://www.unsen.cgt.fr/). J’ai été élu en décembre 2005 élu suppléant paritaire académique lors des élections professionnelles (le site de l’Union Académique des Syndicats de l’Education  Nationale CGT Créteil : http://cgteduc.creteil.free.fr/).

J’ai écrit un jour un article concernant les Contrôles en Cours de Formation sur  Altermonde :
http://altermonde-levillage.nuxit.net/article.php3?id_article=2082, il s’agissait d’alerter le plus de monde possible sur ce problème. Le choix d’Altermonde n’était bien entendu pas le fruit du hasard, j’ai une  inclinaison forte pour l’altermondialisme qui porte en son sein, à mon avis, une vraie alternative politique au libéralisme. J’écris depuis régulièrement sur   Altermonde (mes articles :
http://altermonde-levillage.nuxit.net/auteur.php3?id_auteur=56 ; le site  d’Altermonde : http://altermonde-levillage.nuxit.net/).

Je suis très actif au lycée : membre du Conseil d’Administration et de diverses commissions, volontaire pour des projets pédagogiques qui me semblent intéressants.

Je suis «branché» nouvelles technologiques, tout en ayant conscience des dangers des TICE (lire à ce propos les ouvrages de Nico Hirtt) : je m’occupe énormément des TICE au lycée (actuellement j’essaye avec les collègues de mettre en place une salle ExAO-Expériences Assistées par Ordinateur- la première dans un lycée professionnel du 93) et je propose gratuitement mes documents disciplinaires sur internet (par exemple sur le site Les Trucs du Pr Cosinus :
http://www.profcosinus.net/). Depuis fin 2005, je suis co-responsable du projet Maths’ Discut’ et membre de  l’association Sésamath (http://www.sesamath.net/). Voilà pour moi.     

Les programmateurs

 Je suis intervenu dans le «Débat» sur l’Ecole suite à la démission forcée de  Laurent Lafforgue du Haut Conseil à l’Education avec cet article :
http://altermonde-levillage.nuxit.net/article.php3?id_article=4332 Très rapidement, l’article a circulé et des réponses sont arrivées, certaines  personnes prenant même l’article comme référence des « anti-Lafforgue »
(http://michel.delord.free.fr/ll-dernieres.html). Les débats se sont ensuite poursuivis : http://altermonde-levillage.nuxit.net/article.php3?id_article=4370 J’admets très honnêtement qu’avant tout cela je n’avais pas mesuré la force et  l’ampleur des débats qui agitaient l’Ecole, je n’avais en tout cas pas pris  conscience de la pression qui allait me tomber dessus ! Petit à petit, j’ai quand même compris ce qu’il se passait : il se trouve que la  quasi-totalité des intervenants étaient des contradicteurs et appartenaient  tous au même groupe (le GRIP : Groupe de Réflexion Interdisciplinaire sur les  Programmes - Michel Delord, Jean-Pierre Demailly, Marc Le Bris, Blaise  Buscail,   Rudolph  Bkouche, Jean-Pierre Ferrier,   Isabelle Voltaire...-  http://grip.ujf-grenoble.fr/) lui-même relié à un groupe très médiatique  (Sauver les lettres : Marc Le Bris, Robert Wainer, Michel Buttet, Rachel  Boutonnet... - http://www.sauv.net/). Un point commun m’a tout de suite sauté au yeux : Marc Le Bris, dont l’ouvrage,  «Et vos enfants ne sauront ni lire....ni compter», a été un succès commercial. L’instituteur a par ailleurs eu les faveurs des hauts lieux de la République. Selon Marc Le Bris, des «experts» incompétents ont, pour des raisons  idéologiques et aussi pour garder leur place, fait la promotion d’une méthode d’apprentissage de la lecture (la méthode globale) dont on verrait aujourd’hui les résultats catastrophiques. Selon ces deux groupes (en plus des sites précités, le lecteur ira visiter avec  intérêt les sites des personnages suivants : Michel Delord, http://michel.delord.free.fr/  Laurent Lafforgue,
http://www.ihes.fr/~lafforgue/,
Jean-Pierre Demailly, http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~demailly/,
Blaise Buscail, http://membres.lycos.fr/styx/,
Jean-Paul Brighelli, http://bonnetdane.midiblogs.com/), une bande, les «pédagogues», dont Philippe Meirieu est le chef de file, a mis à sac l’Education  Nationale. Cette  bande, ces khmers rouges, cette  Nomenklatura, s’est coupée peu à peu des réalités (car elles ne correspondaient  pas à la «bonne» idéologie) et pire encore a inventé une fausse science responsable de l’état actuel de l’Ecole. Outre le problème de l’apprentissage de la lecture, se pose d’une manière générale le contenu des programmes, en particulier en mathématiques et en français. Les sciences de l’éducation, le pédagogisme incarné, consistent alors dans cette  vision à hachurer l’acte d’enseigner sans tenir compte du contenu du savoir. Ce  qui «autorise la rédaction de programmes dont l’enflure verbale proliférante a de plus en plus de mal à masquer un contenu réel de plus en plus misérable».  Ces groupes se concentrent donc sur les savoirs, sur les programmes. Je les nomme donc les «programmateurs». Selon eux, le «niveau baisse» (selon une étude de Sauver les Lettres, la situation s’est même aggravée en 4 ans : 56 %  des élèves ayant passé une dictée test en 2004 obtiennent 0 contre 28 % en  2000), les élèves ne savent plus lire et écrire, ils ne savent plus compter. C’est la fabrique du crétin de Brighelli. La faute aux pédagogues qui détruisent le  savoir et se font les complices des libéraux. Les premiers combats médiatiques de Sauver les Lettres ont été pour s’opposer à Claude Allègre et ses coupes sombres dans les programmes de français. Concernant les mathématiques, discipline que je connais mieux que le français,  il est aussi reproché aux programmes un manque de «logique» dans les  progressions. Il est à noter que la personne de Philippe Meirieu cristallise la haine (le mot n’est pas trop fort). Il apparaît en effet comme «l’idéologue actif» de la loi  d’orientation de 1989 (par le ministre Jospin), celle qui a placée l’élève au cœur  du  système. Idée interprétée ici comme le triomphe d’une certaine marchandisation de l’école : ce n’est plus le savoir qui est au cœur du système, c’est l’enfant et ses parents (d’où les dérives concernant la carte scolaire par exemple). Avec toutes les théories phycho-machins qui vont avec. Avec aussi, lorsque la sociologie se greffe à cela, un laxisme face aux élèves. Laxisme qui se retrouve d’ailleurs dans la société entière. On ne doit donc pas s’étonner, selon les «programmateurs», des parents qui  remettent en cause les méthodes des enseignants et surtout du manque de  respect pour les professeurs (discours sans doute extrémiste mais qui se  revendique explicitement des «programmateurs», à lire sur les forums du  Monde,  http://forums.lemonde.fr/perl/wwwthreads.pl , et sur le forum fr.education.divers, http://groups.google.com/group/fr.education.divers?lnk=li). Une grande partie des médias nationaux, et parfois même les plus surprenants  (tel Politis), «soutiennent» ces groupes. Les ouvrages publiés sont des succès de librairie. Ce succès va bien au-delà de l’attirance pour les discours catastrophiques (que portent Sauver les Lettres et le GRIP, qui parlent d’une «spirale infernale»), il s’agit bien d’une remise en cause profonde de ce qui  apparaît comme un paradigme dépassé pour l’Ecole : le pédagogisme. Les «programmateurs» liront ces lignes en se disant que je n’ai rien compris, que je caricature. Soit, je caricature, mais il me semble qu’il s’agit d’une caricature «représentative» des principales idées de Sauver les Lettres et du GRIP. Les débats ont surtout tournés ces derniers temps autour de la lecture. Mes compétences ne me permettent pas d’avoir un avis pertinent là-dessus. Je laisserai le lecteur visiter les sites précités pour avoir une idée des positions  des «programmateurs», et je vous conseille la lecture de cette page pour  prendre conscience du fait que certains débats ne volent pas très hauts : http://michel.delord.free.fr/micmac-mixte.html. N’est-ce pas finalement dire que les enseignants ne connaissent pas leur  métier ? Qu’ils ne savent pas quelle est la «bonne méthode» ? Non, nous dit  Marc Le Bris (et les autres) : les enseignants sont sous la coupe de la Nomenklatura qui n’hésite pas à sanctionner les récalcitrants. Et la liberté  pédagogique ? Sauver les lettres se targue d’une grande victoire : l’annonce par le ministre de l’Education Nationale de la fin de l’utilisation des méthodes globales. Le ministre faisant ouvertement l’éloge de la méthode syllabique (et la liberté pédagogique, monsieur le ministre ?) et de Rachel Boutonnet. A noter enfin le soutien du SNALC (site du SNALC : http://www.snalc.fr/) et de FO-Education (site de SN-FO-LC : http://fnecfpfo.net/fo-snfolc/). Le premier cité étant un syndicat très marqué à droite, c’est en tout cas l’image qu’il a, je dirai plutôt que c’est un syndicat très «vieux jeu», qui préfère les «bonnes vieilles méthodes». Quand au second, c’est un syndicat très catégoriel et qui n’arrive pas à percer chez les enseignants.

Les pédagogues

Le problème de la lecture va me permettre d’introduire l’autre groupe : les  «pédagogues». Des réponses existent, je conseille en particulier les textes de Roland Goigoux  (sur son site :
http://www.auvergne.iufm.fr/ER/rgoigoux/rgoigoux.htm et dans le Café Pédagogique : http://www.cafepedagogique.net/dossiers/contribs/goigoux.php et  http://www.cafepedagogique.net/dossiers/contribs/goigoux2.php).  Le Café Pédagogique est d’ailleurs l’un des lieux principaux de la réponse des  «pédagogues» : http://www.cafepedagogique.net/disci/tribune/68.php
http://www.cafepedagogique.net/dossiers/baba/index.php A noter aussi ce texte sur le site de Philippe Meirieu :
http://www.meirieu.com/ACTUALITE/sauvonslalecture.htm ;  ainsi que cet article d’André Ouzoulias dans Libération :
http://www.liberation.fr/page.php?Article=348717. Et puis c’est à peu près tout. Ce que l’on arrive à comprendre, c’est que les choses ne sont pas si simples, que les recherches permettent de proposer de nouvelles méthodes, que  la méthode globale a été abandonnée depuis longtemps.... On trouve par ci par là des contributions «pédagogues», mais force est de constater que se proclamer «pédagogue» ou être associé aux «pédagogues» provoque à coup sûr des réactions de rejet. Il semble aussi que la situation professionnelle d’une grande partie des «pédagogues» n’autorisait pas leur expression : ils sont, c’est à remarquer, la plupart membres de diverses institutions de l’Education Nationale ou autres institutions de recherche associées. Néanmoins le «devoir de réserve» est bien pratique et ne saurait être un  argument pour ne rien dire et laisser faire. Une autre raison qui peut expliquer le mutisme des «pédagogues» : plusieurs  personnages incompétents ont profité de l’émergence des sciences de l’éducation et d’un certain «verbiage» pour faire carrière, et en particulier dans les IUFM (c’est d’ailleurs aussi un problème pour l’autre camp : certains charlatans profitent du silence des «pédagogues» pour raconter n’importe quoi). Ce qui est par ailleurs particulièrement frappant, à mon avis, dans le texte (voir le lien ci-dessous) publié en janvier et qui se veut une mise au point concernant les méthodes de lecture, c’est la caricature de défense corporatiste. Sont en effet signataires presque tous ceux qui se retrouvent accusés par les  «programmateurs», la FSU, le SGEN-CFDT, Philippe Meirieu.... : http://www.snuipp.fr/article3019.html. Ce texte permet pourtant d’éclaircir certains points : ainsi les méthodes dont le ministre a demandé l’arrêt ne sont plus en vigueur depuis 2002 ! En même  temps, il faut faire attention à certains arguments : celui selon lequel les élèves d’aujourd’hui sont, statistiquement, moins illettrés que leurs parents est à manier avec précaution (selon l’INSEE on compte 4 % d’illettrés chez les 18-24  ans, 14 % chez les 40-54 ans et 19 % chez les 55-65 ans, elles ont du plomb dans l’aile les vielles méthodes !). A noter aussi la présence de l’ICEM parmi les signataires de ce texte : l’école de Freinet, qui lui-même a quitté l’Education  Nationale car ses méthodes étaient rejetées par l’institution, se retrouve sur une ligne qui peut paraître être celle de la défense de l’institution ! C’est dire si  la situation est plus compliquée qu’elle n’y parait. Les deux syndicats cités ci-dessus cogèrent clairement le ministère de  l’Education Nationale (aujourd’hui principalement la FSU), parfois au détriment de l’Ecole. Quant à Philippe Meirieu, «l’inventeur des IUFM», il apparaît comme le principal représentant des «pédagogues» car le plus médiatique et le plus influent. Faut-il pour autant tout jeter à la poubelle ? Ce serait trop simple ! On ne peut par exemple pas affirmer que la sociologie, ça suffit comme  ça, que Bourdieu se contentait «d’excuser les élèves» ou qu’il soutenait le déterminisme social. C’est tout simplement du simplisme et de la bêtise. Pour revenir au «pédagogisme» et à Meirieu, on ne peut pas complètement jeter à la poubelle une «science» qui, sans prendre le pas sur le savoir, se veut un complément ou une aide pour l’acte enseignant, l’acte pédagogique. On ne peut pas jeter à la poubelle des idées généreuses, des idées qui parlent d’égalité, surtout quand ces idées n’ont pas été appliquées ou mal. On ne peut pas jeter d’un geste à la poubelle un travail de recherche scientifique qui utilise  toutes les «armes» de la science au service d’idées qui  se veulent progressistes (à moins de jeter la science à la poubelle et de faire du  relativisme). Les «pédagogues» ont fait preuve de mépris pour ceux qui avaient des  critiques, forcément elles ont été plus radicales et l’état de l’école (et de la  société) est un argument en faveur des «programmateurs».

Il semblerait qu’en 2006, les «pédagogues» aient décidé d’intervenir dans le champ médiatique et politique. A leur manière, pas forcément en confrontation directe avec les «programmateurs» mais aussi en inventant. C’est en tout cas le sens que donne  Philippe  Meirieu à la mise en ligne de son site (http://www.meirieu.com/) avec des   textes parfois offensifs (http://www.meirieu.com/nouveautesblocnotes.htm , sur ce texte à noter cette réponse de JP Brighelli :
http://www.e-torpedo.net/article.php3?id_article=623). On peut bien entendu se poser la question de la nécessité d’intervenir dans le  champ médiatique pour des débats qui non rien de scientifiques, proches  parfois du «on sait que», du «c’était mieux avant».....Je crois que Pierre Bourdieu se posait les mêmes questions et avait réussi à concilier science et  action militante (ce qui permet de dire que des chercheurs, qui proposent d’autres méthodes d’apprentissage de la lecture, pourraient éclaircir les choses et éliminer en partie le simplisme du champ médiatique). Le débat y gagnera en qualité. Les interventions ont en effet souvent été des attaques personnelles, au point que le blog du journaliste spécialiste de  l’Education le plus célèbre et le plus apprécié de France (pour  son  professionnalisme) se trouve être en danger (http://education.blogs.liberation.fr/).  Emmanuel Davidenkoff s’est retrouvé lui aussi obligé de choisir son camp. Et  comme il ne voulait pas, il était donc forcément un «pédagogue». C’est ridicule  et imbécile. Les «programmateurs» ont des arguments plus intéressants que  cela à proposer : une confrontation honnête avec les «pédagogues» est  nécessaire. Les «pédagogues» ont parfois refusé le débat, mais petit à petit  les «bastions» proposent des discussions contradictoires
(dans le Café Pédagogique, http://www.cafepedagogique.net,
les Cahiers Pédagogiques, http://www.cahiers-pedagogiques.com/,
Le Monde de l’Education, http://www.lemonde.fr/mde/
et même à l’INRP, http://www.inrp.fr/).  A visiter en particulier : le webblog du Café Pédagogique, http://www.cafeleblog.net/. Ce sont bien deux mondes qui s’affrontent, et si l’affrontement perdure, il doit  être sérieux et utiliser la science.

L’exemple de confrontation la plus intéressante est, à mon avis, celle qui a lieu  entre mathématiciens : http://smf.emath.fr/Enseignement/TribuneLibre/.  Les «programmateurs» ont créé le GRIP (voir plus haut), certains membres du  GRIP   sont aussi membres d’institutions «pédagogues» (la SMF, http://smf.emath.fr/, les IREM, http://www.univ-irem.fr/,
et l’académie des sciences, http://www.academie-sciences.fr/). Des débats très techniques et cordiaux ont eu lieu. Mais malheureusement, les attaques personnelles se sont multipliées. C’est visible sur le site de Michel Delord, mais aussi dans ce débat :
http://smf.emath.fr/Enseignement/TribuneLibre/Raoult-2005-12-19.pdf  et
http://www.iecn.u-nancy.fr/~ferrier/Debats.pdf. Alors quoi ? Est-il nécessaire de tomber si bas à chaque fois, pour paraphraser Philippe Meirieu ? Ce qui est certain c’est que ces débats suscitent la passion, qui parfois dépasse  la raison. 

Stratégies

Les «programmateurs» se déclarent explicitement comme les représentants  de la «majorité silencieuse» contre la Nomenklatura des «pédagogues». Cela étant dit, la FSU, syndicat pédagogue par excellence, a aux dernières élections professionnelles, conservée sa première place, et très largement. Le SNALC restant un syndicat des .....Agrégés. Se pose alors la question de la stratégie des deux camps, stratégie censée  permettre de mettre les enseignants du «bon côté». Les «programmateurs» ont choisi, on l’a vu, une stratégie agressive et très médiatique (le GRIP annonce la couleur : c’est un «groupe de pression»). Ils ont aussi choisi de proposer, de construire, de débattre. Des propositions concrètes et des embryons de programmes émergent (c’est la vocation première du GRIP). Le ministre les écoute (le ministre a autorisé le GRIP à mettre en place des écoles pilotes : c’est le réseau d’écoles primaires SLECCSavoir Lire Ecrire Compter Calculer, et les autres écoles ne servent pas à  ça ?!). Les «pédagogues» ont choisi d’abord de ne pas répondre, de vivre sur leurs acquis et de défendre leurs postes. Il semble que les choses changent, mais quels seront les résultats concrets qui pourront émerger de «forums» ou de sites se contentant de réunir des textes anciens. Les lieux d’innovation et de recherches concrètes sont pour les «pédagogues» les institutions de  l’Education Nationale dont certaines sont en pleine crise (je pense aux débats  internes aux IREM). Mais là encore, il ne doit pas y avoir de nouveaux débats  stériles, les armes doivent êtres scientifiques. Les enseignants se retrouveront-ils là-dedans ? A vrai dire, il semble que ces changements importants se déroulent sans eux, encore une fois l’Ecole change par le fait d’experts «programmateurs» ou «pédagogues». Les seules revendications catégorielles sont celles qui désormais  mobilisent les enseignants : le recul de l’âge de la scolarité obligatoire n’a pas suscité de mouvement de masse, certains acquiescant même à ce qui apparaît clairement comme un abandon de toute ambition éducative pour les milieux populaires. Le gouvernement en profite donc, jouant sur l’insécurité (au détriment de toute analyse sociologique sérieuse), sur le creusement des inégalités (même  remarque, lire à ce propos les ouvrages de Pierre Bourdieu). Finalement le  gouvernement joue le jeu des «programmateurs» (c’est vrai, semblent nous dire Villepin et Robien, y’en a marre des experts qui détruisent l’Education Nationale, stop à la méthode globale et au pédagogisme !), tout en continuant l’allégement des programmes et les diminution de moyens et de postes. Tout le monde est perdant, surtout les élève et le savoir. L’idée de promouvoir l’Apprentissage consiste à dire que l’Education Nationale n’a plus rien de nationale, qu’elle devient individuelle, qu’elle aidera ceux qui ont un «don» et laissera tomber les autres. C’est une idéologie que portent les  «programmateurs», qui refusent de placer les problèmes sociaux comme des problèmes majeurs. L’idée d’alléger les programmes et de multiplier les projets  éducatifs, est une idée que portent les «pédagogues», qui placent le ludique avant le savoir. Ces deux exemples sont caricaturaux et ne correspondent pas à ce que leurs  auteurs veulent soutenir (ils se réclament tous de valeurs républicaines et populaires), mais c’est ainsi que le gouvernement les utilise. Il faut cesser de se caricaturer les uns et les autres. Les deux camps craignent une privatisation-libéralisation-marchandisation de l’Ecole mais accusent les autres d’en être responsables. Même remarque avec la violence.

Conclusion ?

J’ai, je l’admets, plutôt tendance à pencher du côté des «pédagogues». Néanmoins, je suis très critique sur certaines idées : je pense par exemple aux  PPCP (Projets Pluridisciplinaires à Caractère Professionnel) qui, sous couvert de pédagogie du projet, permettent de faire de nos élèves de futurs employés polyvalents, avec toute la gamme idéologique qui va avec. Quant aux «programmateurs» je suis d’accord avec eux lorsqu’ils déplorent les coupes dans les programmes et certains «illogismes» dans les programmes. Alors stop aux faux débats ! On peut «pencher» pour les «pédagogues» tout en les critiquant et en trouvant certaines idées des «programmateurs» intéressantes. Autre exemple, il ne faut pas faire de la violence à l’école l’illustration d’une «perte des valeurs», conséquence directe d’un massacre dont les auteurs seraient pédagogues et sociologues. C’est ignorer que les choses sont plus compliquées que cela, c’est ignorer les violences qui structurent la société  française, une société libérale et inégalitaire, une société dans laquelle les  enseignants doivent être les défenseurs des valeurs universelles qui fondent la  République. Il ne faut pas céder aux mesures prises sous la pression des médias  ou des groupes de pression, il ne faut pas céder à la démagogie populiste, sécuritaire, alarmiste et simpliste. Je me pose vraiment parfois des questions quant à la compétence de certaines  grandes gueules, professeurs de mathématiques devenus grands spécialistes de la lecture par exemple, je me pose vraiment des questions concernant cette «complonite» généralisée. A quoi sert tout cela ? Soyons solidaires, soyons populaires, recréons l’Education populaire généreuse et ambitieuse. L’Ecole se fait mal toute seule et lorsque l’Ecole a mal, c’est la société qui en subit les conséquences : il s’agira maintenant de faire dériver une équation permettant de vérifier si ce que je soupçonne est vrai, à savoir que, plus on concentre la démence dans les institutions éducatives, plus le niveau de maladie mentale augmente dans le reste de la société....

Matthieu Brabant Professeur de mathématiques-sciences physiques (Lycée Denis Papin, La Courneuve)
Le 6 Janvier 2006
Mateo
Axiomatique de collège : http://www.mathemagique.com