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Auteur Sujet: La Syrie n'a pas gagné la guerre. La gagnera-t-elle ?  (Lu 1308 fois)

JacquesL

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La Syrie n'a pas gagné la guerre. La gagnera-t-elle ?
« le: 06 mai 2019, 10:09:41 am »
Tandis que la guerre continue d'être sanglante pour l'armée syrienne, la reconquête de son territoire marque le pas.
Deux articles d'Andrew Korybko apportent son éclairage :

https://lesakerfrancophone.fr/poutinyahou-et-rusrael

« Poutinyahou et Rusraël »

Par Andrew Korybko – Le 12 avril 2019 – Source eurasiafuture.com


Le président Poutine et le premier ministre « israélien »  Netanyahou sont des compagnons d’armes : le premier a contribué à la ré-élection historique du second au moyen d’une séance photo éclair de dernière minute, qui s’est révélée capitale dans cette victoire ; et l’on voit à présent la Russie et « Israël » emprunter le chemin du « deux États, une seule nation », suite à l’étroite coopération qui les lie depuis le lancement de l’opération russe anti-terroriste en Syrie en 2015 ; à présent, l’ère du « Rusraël de Poutinyahou » a commencé.


Poutine-Netayahou


Une nouvelle ère pour le « nouveau Moyen-Orient »
La ré-élection de Netanyahou pour un cinquième mandat fait de lui le premier ministre « israélien » le plus longtemps en poste depuis Ben-Gourion, « fondateur »  du pays, et elle n’aurait pas été possible sans l’intervention de dernière minute de Poutine : il s’est agi d’une diffusion de photos montrant la remise des dépouilles de 20 soldats de Tsahal, morts en Syrie, par l’armée russe, faisant suite à une demande expresse de la part de Tel Aviv. Les deux dirigeants russe et « israélien » constituent à présent des compagnons d’armes, juste au moment où leurs deux gouvernements s’engagent sur la voie du « deux États, une seule nation », suite à l’étroite coopération qui les lie depuis le lancement de l’opération russe anti-terroriste en Syrie en 2015. 2019 sera donc l’année de lancement de l’ère du « Rusraël de Poutinyahou », et il va falloir en tenir compte sur la scène internationale.

De l’« équilibrage » à l’alliance
Une grande partie de la communauté des médias alternatifs connaît en ce moment un état de dissonance cognitive : presque tout ce que leur ont relayé  leurs « médias de confiance » ces dernières années s’est prouvé faux, en particulier les fables de « vœux pieux » selon lesquelles le président Poutine aurait fait de la Russie un « État de croisade anti-sioniste allié à la Résistance ». Rien n’est plus faux : le président russe n’a aucune intention de prendre parti dans un quelconque conflit ne présentant pas d’enjeu quant à la sécurité de son pays, et il a donc simplement positionné son pays comme force d’« équilibrage » ultime dans l’hémisphère oriental. Mais pour ce qui concerne le sujet des relations russo-« israéliennes », il a dépassé le stade de l’« équilibrage » et s’est mis sur la trajectoire d’une alliance totale : cela s’inscrit dans son pari risqué qui consiste à « saisir l’instant » et qui vise à remplacer le parrainage historique étasunien sur le soi-disant « État Juif ».

Au nez et à la barbe du monde
J’ai documenté en long, en large et en travers la création du « Rusraël de Poutinyahou », et je recommande fortement au lecteur peu familier de mes travaux de consulter les analyses qui suivent, qui lui permettront de se mettre à jour et de comprendre le contexte stratégique dans lequel ce développement  change la donne internationale :

La grande stratégie de la Russie en Afrique et en Eurasie – et ce qui pourrait mal tourner
Le président Poutine au sujet d’Israël : citations du site web du Kremlin
C’est officiel, Israël constitue à présent un protectorat partagé russo-étasunien
Israël reconnaît avoir procédé à 200 frappes en Syrie – silence des médias alternatifs
https://eurasiafuture.com/2018/09/21/heres-how-the-latakia-tragedy-nay-conspiracy-might-have-played-out/
https://eurasiafuture.com/2018/10/31/russias-reshaping-syrias-deep-state-in-its-own-image/
La Russie ne nie pas avoir joué les intermédiaires dans le retrait iranien de Syrie – et c’est important
Je fais partie des anti-poutinistes pro-poutine et il serait temps que les médias alternatifs reconnaissent notre existence
https://eurasiafuture.com/2018/10/31/russias-reshaping-syrias-deep-state-in-its-own-image/
Il est temps d’aborder les S-300, les « symboles statutaires » et le « complexe du sauveur »
Les activistes au Moyen-Orient doivent cesser leur deux poids, deux mesures par rapport à la Russie !

Vérités irréfutables
Disons-le sans ambage, les faits sont vérifiables : au cours des quatre années écoulées, le président Poutine a plus rencontré Netanyahou (13 rencontres) que n’importe quel autre dirigeant ; un lien personnel s’est noué entre eux, qui est devenu fraternel et pourrait expliquer pourquoi la Russie a fait tant de cadeaux à « Israël » depuis un an ou deux. Igor Konashenkov, porte-parole du ministère de la Défense russe, l’a reconnu en septembre après l’accident aérien que le président Poutine avait notoirement qualifié d’« enchaînement tragique de circonstances », on compte parmi ces cadeaux l’« approbation passive » de plus de 200 frappes aériennes « israéliennes » anti-iraniennes et anti-Hezbollah sur le sol syrien rien qu’au cours des 18 mois précédent l’accident ; la découpe d’une zone tampon anti-iranienne de 140 kilomètres à partir du plateau du Golan (où il est dit que le président Poutine a passé des vacances en famille au cours des années 90) ; « la préservation des lieux sacrés et des tombes juives dans la ville d’Alep » ; et le risque encouru par les soldats russes à la recherche des restes des soldats de Tsahal au beau milieu d’une zone d’échange de feu entre l’armée arabe syrienne et État islamique.

En outre, le président Poutine a refusé de tenir « Israël » pour responsable de l’incident de septembre dernier, et n’a pas une seule fois ordonné à ses armées de suspendre ce qu’on appelle le « mécanisme de désescalade » sur lequel il s’était mis d’accord avec Netanyahou trois ans avant le lancement de l’intervention anti-terroriste. Le déploiement tant vanté de S-300 par la Russie en Syrie n’aura constitué qu’un écran de fumée : à ce jour encore, l’armée arabe syrienne ne dispose d’aucun contrôle opérationnel indépendant de ces systèmes. Ils sont donc neutralisés et il est garanti qu’ils ne constituent en rien une menace envers « Israël » dès lors que le soi-disant « État Juif » se coordonne avec Moscou pour bombarder les positions soupçonnées de l’Iran ou du Hezbollah sur le territoire de la République arabe. Et puisqu’on est sur ce sujet, le président Poutine a confirmé à l’issue de sa rencontre de février [2019] avec Netanyahou que la Russie et « Israël » constituent un « groupe de travail » visant à accélérer le retrait de toutes les armées étrangères de Syrie, ce qui induisait que l’armée iranienne était concernée par ce processus. Et enfin, la « diplomatie des dépouilles » de la semaine dernière [première semaine d’avril 2019, NdT] aura constitué un signe de solidarité sans précédent entre la Russie et « Israël ».

Le plan Yinon-Poutine
Tout ceci lève une question évidente : qu’attend le président Poutine en retour de cette loyauté sans faille envers Netanyahou ? Mais la réponse ne ressemble certes aucunement à ce que le public habituel des médias alternatifs a été amené à croire au fil des années. Le dirigeant russe ne joue bien évidemment pas au jeu parodique des « échecs en 5D » et n’est pas « à l’affût et prêt à poignarder Bibi dans le dos » au « moment opportun » ; il espère en revanche qu’« Israël » va laisser son pays prendre un rôle plus important dans le succès partiel qui couronnera à son avis le plan Yinon. En échange de son « approbation passive » des desseins « israéliens » en Syrie (et malgré le fait qu’elle a elle-même enrayé la réussite totale de son intervention anti-terroriste de 2015), la Russie espère recevoir d’Israël de généreux investissements étrangers, dès lors qu’Israël aura adhéré formellement à l’Union Eurasiatique, à laquelle Moscou a également réussi le miracle de faire adhérer son ennemi juré iranien.

Et si la Russie réussit à faire accepter à la Syrie le « brouillon de constitution » que Moscou a rédigé pour le pays, et que Damas finit par abandonner ses prétentions légales sur le plateau du Golan, comme cela est fortement induit par le document en question (ce qui, par transition, reviendrait à « reconnaître ‘Israël’ »), Moscou pourrait dès lors « légalement » rattacher les approvisionnements syriens en gaz sous son propre contrôle avec le gazoduc de la Méditerranée orientale, appartenant à Tel Aviv, et donc « coopter » le méga-projet et éviter qu’il entre en concurrence avec ses propres exportations énergétiques vers l’Europe. En outre, la Russie et « Israël » pourraient joindre leurs influences sur les kurdes de la région pour s’implanter plus solidement, par kurdes interposés, dans l’espace central du Moyen-Orient ; cela répondrait aux préceptes du plan Yinon, qui visent à pouvoir gérer cette démographie stratégiquement positionnée à cheval sur plusieurs frontières. Au vu du considérable impact géo-stratégique que l’alliance russo-« israélienne » promet de prendre dans la région, il devient donc plus pertinent de requalifier le plan Yinon en plan Yinon-Poutine.

Le positionnement russe : rhétorique contre réalité
Les réalités que nous venons de décrire sont aux antipodes de la rhétorique émise par la Russie, mais ce fait est voulu : Moscou dit souvent ce que le grand public veut entendre, tout en agissant selon ses propres intérêts, que cela plaise au public international ou non. Par exemple, on a souvent entendu la Russie condamner les frappes « israéliennes » en Syrie contre l’Iran et le Hezbollah, et l’on sait à présent, de la propre bouche d’un porte parole de la Défense russe en septembre, que ces frappes étaient coordonnées entre Moscou et Tel Aviv depuis le début, de par le « mécanisme de désescalade ». Idem pour la réaction russe à la « reconnaissance » par Trump de l’annexion par « Israël » du plateau du Golan, facilitée dans les faits par la zone tampon anti-iranienne que Moscou avait elle-même mise en place à l’été 2018 après avoir repoussé les ennemis auto-déclarés de l’« État Juif » à 140 kilomètres de la région occupée, et ce sur demande de Tel Aviv.

Le motif établi en est que la Russie modèle des déclarations sur le calque des lois internationales pour maximiser son attractivité auprès des populations de la région à majorité arabe, mais finit systématiquement par laisser faire les actions unilatérales d’« Israël », pour des considérations de « realpolitik » pragmatiques, et faute d’une volonté politique d’imposer des coûts inacceptables à Tel Aviv pour la forcer à changer de positionnement. Ce modus operandi suggère fortement que la Russie n’est pas en réalité si opposée qu’elle le prétend à l’« Accord du siècle »  de Trump. Cela transparaît d’autant plus quand l’on considère que Netanyahou est soupçonné d’avoir agi comme médiateur informel entre les dirigeants étasunien et russe. Il est donc tout à fait possible que la Russie ait même encouragé sous le manteau l’« Accord du Siècle », pour autant qu’elle l’estime « inévitable » et non « incompatible » avec le plan Yinon-Poutine, et d’autant plus qu’elle disposerait de « garanties » d’« Israël » en ce sens.

Conclusions
L’examen des faits, même s’il apparaît au départ incroyable aux lecteurs qui auront subi un lavage de cerveau quelques années durant par les barons des médias alternatifs, montre que le président Poutine n’est absolument pas un « croisé anti-sioniste » : tous les faits sont alignés pour montrer l’inverse. Loin d’être positionné comme « anti-israélien », le dirigeant russe est probablement l’une des personnes les plus pro-« Israël » du monde, lui qui a engagé son pays à garantir la sécurité du soi-disant « État juif » face aux menaces de destruction proférées par l’Iran et son allié du Hezbollah. Ses liens fraternels avec Netanyahou ont amené au développement de relations tout aussi fraternelles entre la Russie et « Israël », engagés à présent sur le chemin du « deux États, une seule nation » et d’une force stratégique unifiée, d’où le nom de l’ère du « Rusraël Poutinyahou », dont nul être doté de raison ne pourra dénier l’existence.


Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

Traduit par Vincent pour le Saker Francophone

JacquesL

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Re : La Syrie n'a pas gagné la guerre. La gagnera-t-elle ?
« Réponse #1 le: 06 mai 2019, 10:10:13 am »
Suite :
https://lesakerfrancophone.fr/assad-na-pas-gagne-la-guerre-poutine-la-force-aux-compromis

Assad n’a pas « gagné » la guerre : Poutine l’a forcé aux « compromis »

Par Andrew Korybko – Le 16 avril 2019 – Source eurasiafuture.com



L’affirmation selon laquelle Assad aurait « gagné » la guerre est trompeuse ; certes, il est toujours le président de la Syrie en poste, et démocratiquement élu, et constitue le seul dirigeant légitime de son pays, mais Poutine l’a forcé à réaliser des « compromis » sur plusieurs sujets importants après la libération d’Alep, et à accepter une réalité politique aux antipodes de ce que l’on pourrait appeler une « victoire ».


Assad-Poutine


Une « victoire » en trompe l’œil
C’est à la mode dans les médias alternatifs d’écrire qu’Assad a « gagné » la guerre : l’homme est toujours le président démocratiquement élu de la République arabe, et son seul dirigeant légitime ; et il est vrai que cela constitue une réussite majeure quand on pense que des dizaines de pays étaient à l’œuvre derrière le complot visant à le renverser par la violence, au travers de la Guerre hybride terroriste qui a dévasté la Syrie. Mais une telle affirmation fait fi de la réalité politique qui est devenue celle de la Syrie à ce jour, et qui est à l’opposé total de ce que l’on pourrait qualifier de « victoire ». Pour rester en poste comme président, Assad a été forcé par Poutine à réaliser des « compromis » sur plusieurs sujets importants après la libération d’Alep. De fait, il aurait été bien plus compliqué pour Assad de rester en poste si ses principaux adversaires étrangers ne s’étaient pas mis d’accord avec la Russie à son sujet ; mais la résultante en aura été que ces pays adversaires en ont chacun tiré en échange quelque bénéfice aux dépends de la Syrie. Pour le meilleur ou pour le pire, et qu’il s’agisse de « besoins pragmatiques » ou de « concessions inutiles », telle est à présent la situation objective de la Syrie aujourd’hui.

Tout a changé à partir d’Alep
La libération d’Alep a constitué un épisode majeur dans le conflit syrien, et n’a été possible que grâce au soutien des forces aériennes russes. On parle ici de la libération de la ville la plus peuplée de Syrie – avant le début de la guerre – qui constitue le retour symbolique de l’un des berceaux de la soi-disant « révolution » sous le contrôle du gouvernement. C’est cet épisode qui constitua le jalon à partir duquel le monde a attendu de voir l’Armée arabe syrienne, aidée de ses alliés russes, iraniens, et du Hezbollah, balayer le reste du pays et mettre fin rapidement à la guerre – les choses ne se sont pas du tout passées ainsi. De fait, presque immédiatement après la libération d’Alep, la Russie convoqua le tout premier tour des négociations de paix d’Astana, avec la Turquie et l’Iran, et essaya de geler les lignes de front, allant jusqu’à présenter un « projet de constitution » écrite par elle pour la Syrie, pour faciliter les pourparlers de paix au lieu de poursuivre le combat. Preuve de son intention de mettre fin à la guerre dès ce moment, la Russie mit en place des « zones de désescalade » un peu partout sur le territoire syrien pour mettre fin à la plupart des combats.

« Équilibrage » et pratique du troc dans le bazar syrien
La tournure qu’ont dès lors pris les événements a surpris les dirigeants syriens, qui croyaient jusque là (naïvement ou non) que la Russie étendrait son mandat anti-terroriste à la libération totale du pays des autres groupes armés d’« opposition » que Moscou ne reconnaissait pas officiellement comme des terroristes ; Damas n’aurait guère pu se tromper davantage. Loin d’aider Assad à reprendre le contrôle de son territoire après Alep, Poutine mit rapidement fin à la phase cinétique du conflit, en concluant une série d’accords avec toutes les puissances régionales. Le dirigeant russe, ce faisant, agit dans le cadre de la stratégie générale russe du XXIème siècle, afin de se positionner comme force d’« équilibrage » suprême en Afro-Eurasie, et en particulier dans l’espace clé du Moyen-Orient, à la frontière des trois continents. Nul ne disposait alors des détails des accords qui furent alors scellés, mais ceux-ci apparaissent à présent en pleine lumière, deux ans et demi après la libération d’Alep. Il ne fait aucun doute qu’Assad a été forcé, de gré ou de force, à se résoudre à des « compromis » avec les acteurs et selon les termes que nous allons à présent passer en revue.

Le « Rusraël de Poutinyahou »
Le Ministère de la Défense russe a reconnu en septembre 2018, après la tragédie aérienne qu’on connaît, qu’il avait autorisé « Israël » à user de frappes contre des cibles iraniennes et appartenant au Hezbollah à plus de 200 reprises rien que dans les 18 mois précédents. Ces frappes continuent d’être menées à ce jour, la dernière en date remontant à pas plus tôt que la semaine dernière. Poutine a également annoncé, à l’issue de son avant-dernière rencontre avec Netanyahou, la création d’un « groupe de travail » avec « Israël », en vue d’un retrait de toutes les armées étrangères de Syrie, et l’ambassadeur de Russie auprès de l’ONU est allé jusqu’à déclarer à un média saoudien que même l’Iran « allait devoir partir une fois la Syrie stabilisée ». Et ce n’est pas tout, la Russie a également défini à l’été 2018 une zone tampon anti-iranienne de 140 kilomètres au delà du plateau du Golan, à la demande d’Israël. Puis Poutine a aidé Netanyahou à se faire réélire, au travers d’une campagne photo de dernière minute, montrant le retour des dépouilles de 20 soldats de Tsahal, quelques jours à peine avant le scrutin. Depuis lors, des rumeurs circulent selon lesquelles la Russie aurait également remis à Israël la dépouille d’Eli Cohen, célèbre espion du Mossad. Nul être doté d’un esprit rationnel ne peut plus à ce jour nier l’existence du « Rusraël de Poutinyahou ».

Les USA et les Kurdes
Des forces armées, dirigées par les Kurdes et soutenues par les USA, occupent à ce jour le tiers Nord-Est de la Syrie, riche en ressources agricoles et énergétiques, le long de l’Euphrate, et rien n’indique qu’elles prévoient de rendre les armes et d’abandonner leur autonomie auto-proclamée à l’État central syrien, et ce d’autant moins que des soldats étasuniens sont toujours sur place en dépit de la promesse de « retrait » de Trump. Les forces étasuniennes agissent comme un « fil de détente », et empêchent l’Armée syrienne de traverser la rivière et de rétablir la souveraineté de l’État sur cette zone stratégique ; le désastre de Deir ez-Zor en février 2018 a démontré que les USA écraseraient par la force tout élément hostile qui oserait traverser la « ligne de désamorçage » qu’ils ont établie en accord avec la Russie. Contrairement à ce que l’on trouve souvent proféré dans divers médias alternatifs, la Russie ne montre strictement aucune volonté politique d’affronter militairement les USA et de risquer une troisième guerre mondiale. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a accepté la mise en œuvre de cette « partition » informelle de la Syrie, espérant que cette mesure contribuerait à faire loi, au travers du « projet de constitution », rédigée par elle pour son « allié » syrien. On peut donc considérer que les négociations russes ont amené la Syrie à perdre non seulement le Golan, mais sans doute également le Nord-Est du pays.

La « sphère d’influence » turque
Mais la liste des pertes à enregistrer par Damas qui résultent de l’« équilibrage » exercé par la Russie sur la Syrie depuis le lancement de son intervention anti-terroriste ne s’arrête sans doute pas là : la possibilité d’une reprise de contrôle d’Idlib et d’autres zones du pays par l’État syrien apparaît de plus en plus douteuse. Soyons honnête, sans les accords menés par la Russie en la matière, il serait sans doute tout aussi impossible à l’Armée Syrienne d’en reprendre le contrôle. Mais reste le fait que les opérations conventionnelles menées par la Turquie sur diverses zones frontalières l’ont été avec l’accord tacite de la Russie, non pas par quelque « complot retors » contre la Syrie, mais – largement à l’instar du cas étasunien ci-avant – parce que la Russie n’avait pas l’intention d’entrer dans une autre escalade du style troisième guerre mondiale avec un pays membre de l’OTAN : la Russie a jugé bien plus pragmatique de sceller une série d’accords informels. Moscou comprend l’importance aux yeux d’Ankara de pouvoir contrer les militants Kurdes et de sécuriser sa propre zone tampon en Syrie, à l’« israélienne » : voilà pourquoi la Russie a aidé la Turquie à étendre sa « sphère d’influence » et à en formaliser une partie au travers de « zones de désescalade ».

« Rebelles » et « décentralisation »
Damas avait commencé à expérimenter l’application de programmes d’amnistie avant l’intervention russe, mais ceux-ci ont monté en cadence après le lancement de la campagne anti-terroriste de Moscou, le principal partenaire militaire de la Syrie proposant à tous les groupes armés présents dans le pays la possibilité d’être reconnus comme « rebelles », pouvant en théorie prendre leur part dans le processus de paix balbutiant, pourvu qu’ils désavouent les groupes reconnus à l’international comme terroristes, comme Daesh ; et nombre de ces groupes ont saisi cette opportunité. Plusieurs groupes non-« terroristes », parmi les plus connus, se sont ainsi vus invités au processus de paix d’Astana, qui a fini par amener à la décision de créer une « commission constitutionnelle » de 150 membres au total, dont seulement 1/3 (50) membres sont issus du gouvernement, les 2/4 restants (50 + 50) provenant de l’« opposition » et de la « société civile ». On voit bien ici que Damas est loin d’être traitée diplomatiquement comme « puissance victorieuse », et ne dispose en pratique que d’un statut égal à celui des forces de la société civile n’ayant pas combattu du tout dans cette guerre. La résultante, dans les vues de la Russie, en sera l’approbation de presque toutes les clauses de son « brouillon de constitution », et notamment la « décentralisation » qui vise à rendre légitimes les « sphères d’influences » qu’elle a déjà négociées avec les autres parties en Syrie.

« Avec des amis comme ça… »
Tous les détails des accords que nous venons d’évoquer sont factuels, mais on n’aime pas du tout les évoquer dans les médias alternatifs, en particulier au sein des « poutinistes » exerçant la pratique des « vœux pieux » les plus zélés, qui restent contre toute objectivité convaincus que tout ceci s’inscrit dans une sorte de « partie d’échecs en 5D », quelque « projet de maître » qui verra à la fin le dirigeant russe libérer une grêle de feu et de soufre sur tous les ennemis de la Syrie, en libérant « glorieusement » le pays et en portant un « coup fatal » au « Nouvel ordre mondial » contre lequel il est supposé « combattre ». Ces gens sont en réalité la pire sorte d’« amis » que Damas puisse compter, parce qu’ils empêchent le monde de voir la réalité objective de la situation politique actuelle du pays. On trouvera sans nul doute des observateurs pour arguer que la Russie n’est pour la Syrie qu’une « amie » empoisonnante ; mais il reste que Damas ne s’est à ce jour jamais plainte que Moscou « outrepasse » sa position, ce qui suggère qu’Assad (à reculons ?) s’accorde avec le fait que Poutine choisit « la solution la plus pragmatique » possible.

Conclusions
Le lecteur qui aura bien intégré les éléments révélés et analysés dans le présent article aura compris qu’affirmer qu’Assad a « gagné » la guerre est à tout le moins inexact : à part le fait qu’il reste en poste, et reste le président démocratiquement élu et légitime de la Syrie (chose qui constitue en soi une réussite remarquable), il s’est vu forcé par Poutine à des « compromis » sur de nombreux fronts, et avec chacun des ennemis jurés de son pays. Le rôle d’« équilibrage » de la Russie accorde à la Syrie la « distance diplomatique » suffisante pour « pouvoir nier » et maintenir un certain degré d’« ambiguïté stratégique », que ses médias peuvent exploiter pour présenter la situation sous tel ou tel angle à tel ou tel moment. Cet état de flou répond sans doute plus à une « nécessité pragmatique » coté syrien, le pays étant techniquement impuissant à s’opposer à la Russie s’il estime que son « allié » offre des « concessions non nécessaires » au nom de la Syrie afin de renforcer son propre statut diplomatique. Voilà qui renforce encore l’argument premier : Assad n’a pas vraiment « gagné » la guerre, quelles que soient les proclamations de ses « amis » des médias alternatifs.

Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

Traduit par Vincent pour le Saker Francophone
 

Rappelons nous qu'il y a quarante ans au Liban, Hafez el Assad n'aidait quelqu'un que juste le temps nécessaire pour gêner quelqu'un d'autre.

JacquesL

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Re : La Syrie n'a pas gagné la guerre. La gagnera-t-elle ?
« Réponse #2 le: 10 mai 2019, 12:54:47 am »
Interventions de lecteurs :
Jean-Marc Berniolles :
Citation de: Jean-Marc Berniolles
Ce n’est pas un peu caricatural tout cela et tiré par les cheveux ?

La situation en Syrie est très complexe avec des pays qui joue double ou triple jeu. La Turquie d’Erdogan en étant le champion incontesté.

Je pense que Poutine voit l’intérêt de la Russie au sens large, et pour des raisons interne, son propre lobby sioniste et externe, les Israéliens d’origine russe, ménage Israël. Cela a sûrement ses limites.

L’armée syrienne a des réserves limitées en soldats. Son armée d’élite ne peut être partout. Par exemple à un moment il a fallu choisir entre aller libérer Raqqa ou s’orienter vers Deir Essor et la frontière iraquienne. Cette dernière option a été choisie pour bloquer la frontière syro irakienne et créer une voie de circulation entre l’Iran et la Méditerranée. Du coup cela a donné l’occasion aux américains de pousser leurs pions kurdes.

L’offensive pour récupérer Idlib, qui semble lancée avec l’appui total des russes a longtemps été bloquée par la voie diplomatique complexe parce qu’il faut chasser les turcs sans les faire revenir dans le giron Atlantique. Tout cela est complexe et l’attitude russe se comprend. Il laisseront les israéliens se débrouiller avec le Hezbollah, la Syrie, l’Iran et peut-être l’Irak.

Je pense aussi qu’à un moment la Corée du Nord fournira aussi des missiles à la Syrie.

Il y a un moment également où les bases américaines seront attaquées. Pour l’instant l’escalade est à éviter

Leypanou :
Citation de:  Leypanou
Le point de vue d’A Korybko concernant les relations Putin-Netanyahou se défend, mais ce n’est pas l’avis de tout le monde.

N’oublions pas aussi que lors de l’affaire Il20, Putin a été « désavoué » par le général Shoigu : je ne pense pas que Putin ait vraiment les coudées franches en Russie, certainement que le lobby a son mot à dire en politique étrangère (et les « libéraux » en politique intérieure).

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur la situation de Putin (affaire Il20), lire Putin mord sa langue et de Putin d’une défaite stratégique en erreur stratégique en 24 heures.

Quant à la position finale de la Russie au Moyen-Orient, seul l’avenir le dira mais ce qui est sûr c’est que ni l’Iran et la Syrie ne sont pas à 100% sur la même longueur d’onde.

Citation de: JMBerniolles
L’offensive actuelle qui se déclenche dans le gouvernorat d’Idlib, menée par les troupes d’élites syriennes largement soutenues par les frappes russes, contredisent largement ce que dit ton auteur.

J’ai cru aussi comprendre que l’armée syrienne avait frappé quelques positions de l’armée truque en Syrie. Certainement pour montrer la détermination dans l’opération qui débute.

La Syrie n’a pas les moyens de combattre sur trois fronts : Idlib, la frontière irako syrienne et le désert vers l’est de l’Euphrate et le Golan.

A Idlib les syriens bénéficient, si je puis dire, également du fait que les américains se sont décidés à réellement soutenir les kurdes. Ceux-ci mieux armés semblent marquer des points contre les trucs et leurs mercenaires.

Ce qui fait que les turcs peuvent être pris entre les kurdes et les syriens. Je pense donc que les turcs soutiendront leurs mercenaires sanguinaires par des approvisionnements… mais que les troupes turque ne participeront pas directement à la bataille d’Idlib.


Citation de: Analis
Beaucoup de bon dans ces deux articles, qui constate simplement que les syriens ont perdu la guerre en Syrie, et qui insiste sur la sympathie profonde de Poutine envers Israël. Mais qui se trompe aussi largement sur les orientations stratégiques de Poutine, qui a bel et bien perdu lui aussi perdu la guerre de Syrie. Je me retrouve avec Korybko sur le rejet de bon nombre d’explications à certains actes de Poutine par un comportement de joueur d’échecs, mais ce n’est pas parce qu’il serait lâche et cynique, mais vraiment parce qu’il s’est révélé tant un très mauvais stratège que diplomate, et a été incapable de prendre les décisions devant mener au succès de ses orientations stratégiques.

Je l’ai dit à plusieurs reprises, ici et ailleurs, Poutine compte beaucoup sur la forte communauté russe en Israël, il pense qu’elle peut lui permettre d’avoir un allié indéfectible au proche-Orient à l’avenir. Oui, on peut le qualifier de sioniste, même si un sioniste critique. Oui, c’est une des raisons qui l’ont amené à faire preuve de ce qu’on peut appeler une indéniable complaisance envers Israël. Cela alors que cette complaisance, contrairement à ce que disent une certaine propagande occidentale et une autre qu’on pourrait qualifier de « justificatrice », a indéniablement mené à compliquer l’objectif de « lutte anti-terroriste » qu’il a mené en Syrie, Israël travaillant clairement à entraver cette bataille et à favoriser les terroristes. Il y a bien sûr d’autres explications, une d’entre elles étant déjà qu’il ne voulait pas se disperser sur trop de fronts et entrer dans une confrontation directe avec l’État Sioniste – même si les performances réalisées par les armes russes ont montré qu’elles pourraient raser les bases israéliennes sans que ces derniers puissent lever le petit doigt et les réduire durablement à l’impuissance. Cette faiblesse a fini par avoir des conséquences au sommet de l’État russe, en menaçant même sa position, comme on l’a vu après la destruction de l’Il20 en septembre dernier, un « accident » qui n’en était nullement un, n’en déplaise à Korybko, mais le résultat d’une manipulation israélienne destinée à rien d’autre qu’à provoquer cet abattage, et dont la responsabilité repose uniquement sur Israël. Poutine a bel et bien été contredit publiquement par son ministre de la Défense, et ce après qu’il se soit exprimé, laissant donc le dernier mot à ce dernier - ce qui est lourd d’enseignement sur la fragilisation de son autorité face à des militaires excédés par ses compromissions, confrontés au résultat auquel elles avaient mené. La punition d’Israël qui s’en est ensuivie n’a eu qu’un temps, mais elle a montré combien la sympathie poutinienne envers Israël a pu excéder en Russie lorsqu’elle a mené à de graves conséquences pour les russes.

Sa complaisance envers la personne de Netanyahou est plus surprenante, quand on sait combien ce dernier est méchant et de mauvaise foi, et qu’il ne représente en aucun cas un interlocuteur digne de respect. Mais elle s’explique sans doute par un facteur simple, outre le fait que Poutine n’a aucune hésitation à se salir les mains lorsqu’il s’agit de traiter avec un dirigeant étranger, même immoral et retors, si c’est dans l’intérêt de la Russie. Si Poutine aime bien Netanyahou, en dépit du caractère exécrable et ultra-menteur du personnage, c’est entre autres pour les mêmes raisons qu’il aime bien Orbán et Trump (quelles que soient les divergences géopolitiques qui peuvent désormais se présenter avec ce dernier, dues autant aux différences d’intérêt entre leurs pays qu’aux pressions considérables qui se sont exercées sur Trump pour le faire changer de position) : c’est un dirigeant populiste, et encore plus illibéral ou anti-libéral. En dépit de son racisme primaire et nettement plus fort que celui de ses collègues « illibéraux », succeptible de révulser Poutine, le succès de Netanyahou l’aide à faire un pied de nez aux commentateurs bien-pensants occidentaux (les mêmes qui d’ailleurs ne voient pas la dérive vers l’illibéralisme de leurs propres régimes, ainsi le vote de la récente loi anti-manifestants par le parlement français, censurée seulement partiellement par le Conseil Constitutionnel). La même chose s’applique pour son attitude envers Erdo?an, par exemple. Là, pour une fois il est clair qu’il est obligé de jouer un jeu très subtil, comme le clament nombre de ses supporters inconditionnels, afin d’empêcher le mégalomane turc de retomber dans les bras des USA, ce qui impose de ne pas s’opposer trop brutalement à lui pour son occupation de la Syrie (le retors manipulateur en profitant pleinement).

Citation de: Analis
Je n’ai pas pu poster la deuxième partie de mon message (que j’entendais découper depuis le départ), car je suis moins tendre pour le bon sens de Poutine que Korybko... :

Là où Korybko se trompe sur toute la ligne, c’est lorsqu’il pense que Poutine aurait dès 2015 imposé à Assad la partition de la Syrie, que cela aurait fait dès le départ partie des buts de son intervention militaire ! Oui, c’est sûr qu’il allait planifier l’affaiblissement de son seul allié de longue date, et la création de têtes de pont pour ses adversaires alors qu’il pouvait largement l’éviter ! Non, il s’agit bien de reculades de sa part. Ce n’est certainement pas suite à l’établissement d’un modus vivendi avec les USA en Syrie qu’il va les provoquer au Vénézuéla ! Non, c’est parce qu’il se retrouve avec une situation très défavorable qu’il cherche à rééquilibrer, situation résultant d’une incapacité à prendre les décisions qui s’imposaient. Il n’avait aucun besoin de déclencher la troisième guerre mondiale pour cela, vu l’avantage matériel dont il disposait au début de l’intervention russe en 2015, qui avait laissé sans voix les stratèges occidentaux. S’il avait eu la présence d’esprit et la force morale de le pousser alors, les états-uniens, français et britanniques auraient été défaits et n’occuperaient pas maintenant un tiers de la Syrie. Au lieu de cela, il a laissé les occidentaux déployer leurs troupes et leurs séides des FDS, a refusé de dénoncer leurs crimes et leur rôle dans le terrorisme syrien, les présentant comme des alliés dans la lutte contre ce dernier. Il a refusé d’aider les syriens à reprendre Raqqa alors que c’était tout-à-fait possible, leurs troupes ne se trouvant plus qu’à quelques kilomètres, et est même allé deux fois jusqu’à commencer de retirer ses forces, avant de se raviser face à la recrudescence des attaques des pions des occidentaux. C’est qu’il a fait preuve d’une étonnante cécité, en croyant toutes les assurances d’Obama et compagnie que les USA allaient retirer leurs troupes et cesser leurs soutiens aux terroristes, qu’ils soient de Tahrir al-Sham ou des FDS, ne se rendant compte à chaque fois que trop tard qu’ils n’étaient que de fieffés menteurs.

La même chose s’était déjà produite en Ukraine en février 2014. Après le coup d’État de février, contrôlé par la CIA, Poutine était allé benoîtement discuter avec Obama afin de régler tout ça « entre gens de bonne compagnie ». Ce qui était stupide, pour deux raisons. D’abord parce que si les néo-conservateurs avaient fait un coup d’État, dans un pays aussi crucial pour la Russie, ce n’était certainement pas pour revenir en arrière juste parce que Mr Poutine allait prendre langue avec eux, mais pour faire très mal à Mr Poutine. Ensuite, parce qu’il est très possible qu’il ait pensé pouvoir capitaliser sur sa relation personnelle avec Obama. Qu’il pensait très forte, suite à l’accord passé six mois auparavant afin d’éviter une catastrophe en Syrie suite aux attaques chimiques sous fausse bannière perpétrées par les rebelles soutenus par les Occidentaux (en échange notamment du silence sur la complicité occidentale). Mais il s’est trompé sur toute la ligne, Obama ne pensait qu’à se venger, il a laissé les réseaux impérialistes de son ministère des affaires étrangères commettre le coup d’État afin de blesser gravement les russes, et de se défausser de sa responsabilité sur ces réseaux – la tactique du déni plausible. Je pense désormais Obama a joué encore plus tard de cette astuce, en prétendant qu’il était le modéré qui devait se défendre des faucons de son gouvernement, et qu’il ne devait pas être affaibli par une opposition russe trop forte si ces derniers ne voulaient pas le voir débordé par ces faucons. Je reconnais que beaucoup s’y sont laissés prendre, Thierry Meyssan en premier, et moi-même suis tombé dans le piège. L’illusion Obama, même si j’avais des préjugés contre lui, cette illusion promus par tant de médias restait très puissante. Dans les derniers mois, cependant, il ne faisait même plus semblant, en nommant des faucons à des poste-clés.

Maintenant, le ton russe s’est infléchi, Poutine a réalisé que ceux qui ravageaient de façon sanglante la Syrie le faisaient parce qu’ils étaient des criminels en puissance, sans aucun respect pour quelque règle que ce soit, autre que leur intérêt à eux. Il s’est enfin décidé, avec sept ans de retard, à dénoncer les attaques sous faux drapeau et la propagande des occidentaux, alors qu’il est trop tard. Il essaie plus ou moins de se rattraper au Vénézuéla, où il apparaît beaucoup moins tergiverser qu’en Syrie, en appelant un chat un chat, un agresseur un agresseur, et en apportant vraiment une assistance au pouvoir vénézuélien. Il se peut qu’il soit aussi intervenu en Algérie, le site Alg24 ayant annoncé le mois dernier que la police algérienne avait arrêté des terroristes étrangers, israéliens semble-t’il (la nouvelle semble avoir été retirée, sans commentaires ni rectificatif, sans démenti officiel non plus, ce qui suggère qu’elle était très sensible), la suite d’une coopération russe ? Tandis que sur le front ukrainien, il se montre maintenant inflexible, mais c’est alors que des forces navales de l’OTAN peuvent désormais croiser près des côtes russes.

JacquesL

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Re : La Syrie n'a pas gagné la guerre. La gagnera-t-elle ?
« Réponse #3 le: 14 mai 2019, 02:18:30 pm »
Andrew Korybko a écrit deux autres articles qui complètent celui-ci :

Pourquoi la Russie, gavée de pétrole, n’aide-t-elle pas son allié syrien qui subit une grave crise énergétique ?
 
L’accord sur le port de Tartous : un piège stratégique pour la Syrie ?

Du coup, je me réinterroge sur les deux petits pétroliers russes qui brûlaient au large du Kertch, qui semblaient avoir un passé de forceurs de blocus syrien.