Jean-Jacques D. a écrit :
Pour faire suite à nos échanges, je me souviens d'une émission de FC
Continent sciences, du 17 mars 2005 où Pierre Jacob présente son livre
Intentionalité, problèmes de philosophie de l'esprit
(
http://books.google.fr/books?id=jYrcG7HZtHQC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false )
que l'on peut entendre ici : (après avoir passé les 50 premières secondes).
http://www.mediafire.com/listen/pggugqaz3z83m5s/CS20050303_-_Ce_que_penser_veut_dire_avec_Pierre_Jacob.mp3J'en ai retenu quelques idées :
Avant la contribution majeure de Franz Brentano (XIXe)
(
http://fr.wikipedia.org/wiki/Franz_Brentano )
Descartes (XVIIe) clarifie
ce qu'est la science physique,
en précisant l'idée de mécanisme,
la contribution de la raison à la connaissance
(pour déjouer les illusions des sens)
la dualité ontologique du matériel et de la pensée.
(
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ontologie_%28philosophie%29 )
Il systématise l'idée du sens commun,
que chacun d'entre nous se considère
et considère ses congénères comme des êtres
à part dans la nature, y compris des animaux,
par la capacité de raisonner, et la liberté de choisir.
Franz Brentano désigne par le terme d’intentionnalité :
Ce qui caractérise tout phénomène mental,
c'est ce que les scolastiques du moyen âge nommaient
l'in-existence intentionnelle (ou encore mentale) d'un objet,
et que nous décrivons plutôt, [...], comme la relation à un contenu [...]
À ne pas confondre avec le substantif « intention » actuel !
Je comprends plutôt qu'il s'agit de quelque chose comme les images mentales
dont parle Alain Connes. (
http://www.youtube.com/watch?v=k0kr7e9RSKU )
Alexius Meinong (
https://en.wikipedia.org/wiki/Alexius_Meinong )
a systématisé l'idée en différenciant deux formes d'existence
qu'on pourrait simplifier par « Il y a » et « il est ». Donc nous pouvons
nous représenter des objets inexistants (Y-a-t-il un cercle carré ? )
et des objets ayant une réalité (Soit n un nombre pair).
Bertrand Russell (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Russell )
a rejeté cette distinction dans un article intitulé
De la dénotation (
https://fr.wikipedia.org/wiki/De_la_dénotation )
en dénonçant l'erreur qui consiste à considérer
le verbe « être » comme un prédicat, à considérer l’existence
comme propriété. Pour lui, l'existence doit être considérée
comme un quantificateur.
Il est inutile d'opposer l'animal et l'être humain sur cette question.
Il est, me semble-t-il, suffisant de considérer que l'homo-sapiens
est pourvu de cette double faculté de « physique naïve »
et de « psychologie naïve » :
La « physique naïve » nous permet de comprendre
les déplacements et les propriétés immédiates des corps.
Descartes en a fait un travail systématique.
La « psychologie naïve » est cette croyance que les êtres humains
sont pourvu de raison (Descartes) l’intentionnalité (Brentano)
et la liberté au sens moderne (Nietzsche, Wittgenstein...).
Et notamment si chacun d'entre nous se sent pourvu
de raison et de conscience, pour le sens commun,
tout autre être humain est pourvu de la même faculté.
Il me semble que c'était là une des facettes importantes
de nos échanges. En résumé, nos élèves pensent.
Nous ne pouvons que le croire.
L'autre facette est celle de la compréhension.
C'est à sujet que l'on peut se reporter
à Cassirer. (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ernst_Cassirer )
Il montre que les concepts utilisés en mathématiques
et dans les sciences de la nature ne sont pas des concepts désignant des choses,
mais des relations. [...]
La représentation mentale produite par l'esprit permet à l'être humain
de toujours mieux connaître le monde qui l'entoure.
à Castoriadis (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cornelius_Castoriadis ), Foucault
(
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Foucault )
et bien d'autres encore qui décrivent
ce besoin de comprendre le sens qui semble consubstantiel à l'humain.
En résumé, je ne pense pas utile de prendre parti dans l'affrontement
« propre de l'homme » ou pas. Il me suffit d'accepter l'idée
que les élèves ont besoin de comprendre.
Vécu que je partage avec beaucoup d'entre nous,
Denis étant celui qui s'en réclame le plus.
Cela me suffit pour ne pas faire porter la responsabilité du « décrochage »
aux élèves sans pour cela déplacer la responsabilité sur les profs.
Je pense plutôt, comme Rudolf, que le programme y est pour beaucoup.
J'ajouterai que l’accumulation de lacunes y est aussi pour beaucoup.
--
Jean-Jacques D.