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Auteur Sujet: Grand écart, par "Jules"  (Lu 961 fois)

JacquesL

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Grand écart, par "Jules"
« le: 30 novembre 2011, 10:58:04 pm »
Première publication le 27 novembre 2006.
"Jules" a écrit, sous le titre "Grand écart" :
Citer
J'enseigne les mathématiques en lycée et je voudrais pousser un coup de
gueule à propos de la classe de Seconde que j'ai cette année.

Cette classe est constituée d'élèves en grande majorité très faibles et sans
aucun goût pour le travail et l'abstraction. Ils arrivent du collège avec
des connaissances très réduites pour s'intégrer dans une classe de Seconde,
et n'ont, pour beaucoup, aucune envie de progresser.

Prétendre leur enseigner le programme de Seconde est une gageure. J'ai
pourtant essayé, en édulcorant mes exigences au fil des semaines. Mais il
est impossible de faire progresser des élèves qui ne savent pas tenir le
moindre raisonnement, ni faire le moindre calcul. Pour la première fois de
ma carrière, j'ai renoncé à corriger les fautes d'orthographe et de français
dans les copies : avec une faute à chaque mot et une absence de syntaxe qui
rend certains textes inintelligibles, il faudrait réécrire entièrement
certains devoirs.

Pourtant, j'aime faire des mathématiques et transmettre ce bonheur à des
élèves, même faibles. Mais, dans ce cas, le décalage est tellement énorme
entre les connaissances et les capacités de ces élèves et le programme que
je suis censé leur enseigner qu'il s'agit d'une mission impossible.

Je suppose que certains vont ironiser en disant que je découvre enfin
l'Amérique, mais je voulais pousser ce coup de gueule. Je constate amèrement
à quel point l'Education nationale marche sur la tête. C'est une folie que
de vouloir apprendre des savoirs un peu sophistiqués à des élèves qui n'ont
pas assimilé les rudiments élémentaires du français et du calcul.

Quelle est la solution, je n'en sais rien. Mais je ne suis pas non plus
candidat à la présidence de la République. Je constate simplement que c'est
un gâchis de me payer pour faire cours à cette classe.

Jules

Quelques réponses, sur fr.education.divers :
Citer
On ne vous demande pas de comprendre, seulement de faire vos 28/35 heures de présence dans cet établissement. Préférez-vous être au chômage (ou sans emploi) comme la plupart des parents de vos élèves ?

Par "Charlie" :
Citer
Jules wrote:

>
> Quelle est la solution, je n'en sais rien. Mais je ne suis pas non plus
> candidat à la présidence de la République. Je constate simplement que c'est
> un gâchis de me payer pour faire cours à cette classe.
>
> Jules


Une question bête...

Penses-tu que tout le ramdam sur le prétendu "socle commun des
connaissances" (ce qui est dans l'absolu une bonne idée) qui, dans les
faits renforce la baisse des exigences va améliorer la situation ?

J'ai enseigné plus de vingt-cinq ans en Seine Saint-Denis dont
une vingtaine d'années dans le même collège...
Comment expliques-tu qu'avant la réforme décrétée par Chevènement
(le roi du double discours, avec une mise en avant de
l'instruction publique dans les médias, et une pratique totalement
inverse) qui fut mise en application une fois qu'il n'était plus
ministre, qu'avant la réforme Jospin sur le service public d'éducation,
et tous les discours démagogiques sur la "démocratisation de
l'enseignement" transformant dans les faits les établissements
scolaires de banlieue en ghettos, comment expliques-tu donc que
la majorité des élèves du collège Jean Lurçat de Saint-Denis que
nous orientions en seconde, ont réalisé des études supérieures,
y compris dans de grandes écoles comme l'école polytechnique ?

Comment expliques qu'aujourd'hui on en vienne à parler de
discrimination positive, de note de vie scolaire, etc... ?

Pardonne-moi, mais la responsabilité en incombe aussi au corps
enseignant qui a accepté d'avaler toutes les couleuvres, par
confort, en refusant de voir les mutations profondes,
notamment sur le plan technologique dans la société.

La réforme Chevènement de 80% d'une classe d'âge niveau BAC
et l'abandon de l'orientation en fin de cinquième ne fut dictée
que par des nécessités industrielles liées à la fin du taylorisme
et au passage à l'automation (la dernière grande grève historique
d'OS eut lieu au début des années quatre-vingt à Aulnay).

A cette époque le parti communiste, totalement skizophrénique,
mais très influant en Seine Saint-Denis, refusait de voir
la réalité en face, s'accrochant à de seuls combats certes
nécessaires mais d'arrière garde sans être accompagnés de
perspectives contre la casse du tissu industriel, refusait
de reconnaître que nous vivions une mutation technologique,
et refusait de voir que nous entrions dans la paupérisation de
populations entières, déclassées, et sans la moindre perspective.

Pour obtenir des ordinateurs j'ai dû faire dans le mouvement
du 93 deux mois de grève.

La violence dans les établissements scolaires de banlieue,
notamment dans les collèges, a commencé à se généraliser à
partir du moment où furent détruits la réalité des niveaux
et des classes.
Plus aucun môme de banlieue qui, contrairement à ses soeurs
et/ou frères, quelques années auparavant, ne pouvait se
prévaloir d'un niveau comparable à ses pairs du lycée Henri IV.

On ne dira jamais assez, or qu'aujourd'hui on parle de "sauvageons"
et de "racailles" que le mouvement du 93, l'une des plus longues
grèves de toute l'histoire de l'éducation, démarra par l'occupation
pacifique du lycée Henri IV par quelques centaines de lycéens du 93,
en réponse à Claude Allègre qui, démagogiquement, demandait aux
lycéens ce qu'ils voulaient apprendre, et tenait le discours
ségrégationniste : on ne peut pas enseigner la même chose partout.

Certes avec des mômes qui sont en échec, qui n'ont pas les bases
et refusent l'école, foutant la merde et empêchant les autres
de travailler, on ne peut plus enseigner la même chose partout.

Chevènement a tout fait pour saboter le plan IPT, pour des raisons
politiciennes, et parce que c'était une idée de Fabius.

C'est la DGT, l'ancêtre de France Télécom, qui parce qu'elle finançait
le projet, a imposé contre l'avis de Chevènement un volet télématique.

La France, malgré son avance technologique en matière de
télé-informatique, notamment sur les Etats-Unis, a accumulé des
années de retard, notamment avec un système de tarification à la con...

Il aurait fallu conserver les niveaux quatrième et troisième tels quels
et permettre aux élèves qui étaient orientés, pour la plupart par
l'échec en CAP, de se retrouver dans des conditions identiques à celles
qu'ils vivaient en ateliers (10 h par semaine par groupes de 12) en
mettant les moyens sur l'informatique et un enseignement par
unités de valeur capitalisables.

Charlie

par "My Dreamy" :
Citer
Sylvain wrote:


>> Renseignez -vous au prés des prof de collèges, c'est eux qui les ont
>> formés.


Non. Ils ont fait ce qu'ils ont pu après le passage en primaire.......

Je n'ai aucunement la prétention de former un élève de 4° qui me sort qu'un
pronom personnel, c'est "ce qui est devant le verbe" ou que "qui" est "sujet
de 15 dans la phrase "J'ai une soeur qui a 15 ans". (après 10 minutes, à 26,
de toutes les catégories grammaticales énoncées pour trouver le mot
"relatif").

Marie Do

Par HunchLuc :
Citer
>
> Quelle est la solution, je n'en sais rien. Mais je ne suis pas non plus
> candidat à la présidence de la République. Je constate simplement que c'est
> un gâchis de me payer pour faire cours à cette classe.
>
> Jules


Jules, je pense que ce n'est pas un gachis, et j'espère que le prof de maths de mon fils ne baissera pas les bras, même s'il doit parfois être désespéré! Parce que de notre côté nous, les parents, faisons tout notre possible... même si cela ne se voit pas! Je viens de finir un DM de mathématiques avec mon fils, on y a passé plusieurs heures, pour que tout soit bien écrit, bien rédigé. Pourtant je sais qu'au prochain devoir surveillé, seul devant sa feuille et son sujet, sa note ne sra pas bien haute. Je me demanderai alors si le temps passé avec lui aura bien servi à quelquechose. Et comme au fond de moi-même je pense que OUI, même si c'est infime, et bien je ne baisserai pas les bras! J'espère que tu en feras autant.

>


Par "Julian" :
Citer
Cela n'est - il pas conforme aux bulletins obtenus au collège? Sinon, tu devrais faire remonter ton avis dans les établissements concernés.

Le "show" doit continuer!? Une fois que les lycées auront cédé - c'est peut - être même déjà trop tard - ce sera le tour des universités. Ces dernières pensent que le mal est déjà fait. Elles se trompent. Elles n'en ont vu que les prémisses. Tous "masterisés" ! C'est çà l'égalité des chances!?

Lesquels parmi ces élèves peuvent suivre un enseignement des mathématiques plus poussé? Résiste! Evalue sans t'occuper de la folie générale!


Par "Nivalis" :
Citer
j'enseigne dans un lycée professionnel et crois-moi c'est pire. Bien souvent
je m'aperçois que je fais de la garderie par rapport à ce que je devrais
faire en théorie

Sans doute dû aux élèves qui sont devenu paresseux, à leur parents qui ne
les cadrent plus, à la Direction bien souvent incapable de prendre des
décisison et qui ne veulent pas de vague, à dos dirigeants incapable de
pondre autre chose que du vent et peut-être à nous coincé dans nos rigidités
intellectuelles et à notre corporatisme;

Sans compter la pesanteur administrative