Il est difficile de ne pas trouver opaques les nouvelles d'Ukraine.
En gros : les orientaux du Donetsk favorables à Moscou ont pris tous les pouvoirs, et comptent les garder au moins dix ans pour devenir les seuls actionnaires-propriétaires du pays.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/10/11/verdict-attendu-dans-le-proces-de-ioulia-timochenko_1585437_3214.htmlSelon un sondage effectué par le Cercle démocratique ukrainien, 53,5 % des personnes interrogées estiment que le procès contre Mme Timochenko est une persécution contre un opposant politique, tandis que 35,8 % d'entre eux considèrent les poursuites légales.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/10/12/ioula-timochenko-fera-appel-de-sa-condamnation_1586368_3214.htmlhttp://www.lemonde.fr/europe/article/2011/10/12/le-president-ianoukovitch-agit-en-violation-des-normes-europeennes_1586221_3214.htmlEn dix-huit mois de présidence Ianoukovitch, l'Ukraine est devenue une autocratie où le régime fixe lui-même les limites de la compétition politique. S'il n'est pas arrêté, le pays se transformera en autocratie complète.
Ce jugement est-il définitif ?
On a le droit de faire appel dans les quinze jours, mais cette justice aux ordres nous rend sceptiques.
-20111108-[titres]]http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/11/08/ukraine-la-strategie-du-pouvoir-consiste-a-le-garder-au-moins-dix-ans_1600261_3214.html#xtor=EPR-32280229-[NL_Titresdujour]-20111108-[titres]Que pensez-vous du traitement réservé à Ioulia Timochenko, que vous n'avez jamais épargnée lorsque vous conseilliez son ancien allié, le président Viktor Iouchtchenko ?
La multiplication des enquêtes contre elle ont pour objectif de démontrer qu'elle appartient au monde criminel. Je suis à 100 % contre sa détention. Elle est coupable politiquement, mais pas pénalement. Je suis aussi contre son exclusion du champ politique. Sans elle, la concurrence va s'affaiblir. En plus, l'emprisonnement stimule sa popularité, qui était basse. Elle appartient, comme Ianoukovitch, à une époque révolue, aux années 1990. Il faut du changement. J'aimerais que les institutions prévalent, au détriment des personnalités.
Les gens sont irrités par les profondes inégalités sociales, la confiscation des actifs par le clan de Donetsk, la réduction des dépenses publiques. Avant, un consensus populiste existait : on ne touchait pas aux retraites – 55 ans pour les femmes, 60 ans pour les hommes –, à la médecine et à l'éducation gratuite, aux transports très peu coûteux. Aujourd'hui, on assiste à un démontage de cet héritage socialiste. Mais pour faire cela, il faut lui substituer une entente libérale, un nouveau contrat social, qui garantirait les droits démocratiques et économiques. Ce n'est pas le cas, d'où les mouvements de protestation sociaux, comme celui des vétérans d'Afghanistan ou des liquidateurs de Tchernobyl. Ioulia, elle, aurait pu assurer ce consensus.
On a parfois du mal à saisir la logique politique du pouvoir…
La stratégie du pouvoir consiste à le conserver au moins dix ans. A mettre la main sur les actifs et l'argent, à transformer l'Etat en société à l'actionnariat fermé. Pour cela, le régime voulait écarter Ioulia Timochenko du pouvoir, car c'est la seule concurrente. Avant, les conflits avaient lieu entre les forces orangistes et le Parti des régions [formation russophone de l'est du pays, à présent au pouvoir], voire entre les orangistes. Cela produisait une forte instabilité, mais cela permettait aussi de trouver des solutions politiques aux tensions sociales. Là, je m'attends à une profonde instabilité des élites et du peuple, à des soulèvements, voire à une révolution à l'issue incertaine.