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Auteur Sujet: Huygens sur Titan, dernière mission spatiale européenne ?  (Lu 1862 fois)

JacquesL

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Huygens sur Titan, dernière mission spatiale européenne ?
« le: 17 février 2007, 02:15:17 pm »
Posté le 24/01/2005 12:43:05

 Huygens sur Titan, dernière mission spatiale européenne  ?, par Roger-Maurice Bonnet

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-395095,0.html


POINT DE VUE
Huygens sur Titan, dernière mission spatiale européenne  ?, par Roger-Maurice Bonnet
LE MONDE | 21.01.05

L'agence spatiale européenne (ESA) vient d'offrir aux Etats membres qui la financent, à l'Europe et au monde, un succès historique qui marquera la conquête de l'espace comme l'ont fait auparavant Spoutnik-1, Iouri Gagarine, Neil Armstrong, les premiers atterrissages sur Mars et Vénus et le survol (par la même ESA) de la comète de Halley, dix-neuf ans avant l'atterrissage de Huygens dans les brumes orange de Titan. Succès de tous les records. De froid : moins 180 degrés au point d'atterrissage. De chaud : plus de 12 000 degrés à la surface de son bouclier thermique lors de l'entrée dans l'atmosphère de Titan. De distance : plus lointain atterrissage d'un engin spatial jamais tenté, à 1,2 milliard de kilomètres de la Terre. De précision : grâce au tracking par interférométrie à longue base (VLBI), qui permet de connaître la position de la sonde sur Titan à 1 kilomètre près.

De temps enfin : sept ans et trois mois de voyage de la Terre à Saturne. Succès technique incontestable de l'industrie spatiale européenne d'Alcatel Espace (ex-Aerospatiale), contractant principal, et des laboratoires européens et américains qui ont conçu, développé et réglé les délicats instruments de mesure embarqués sur la sonde.

Succès pour tous ceux, scientifiques ou non-scientifiques, qui s'intéressent aux origines des "mondes" et de la vie, et aux mystères de cette énigmatique lune de Saturne, soudainement dévoilée le 14 janvier 2005 et qui n'a sans doute pas fini de nous épater. Succès de la coopération exemplaire entre l'ESA et la NASA, où les équipes ont depuis vingt ans travaillé en étroite coordination, dans une atmosphère de confiance et de respect mutuels.
...

Pourrait-on refaire Huygens aujourd'hui ? Qu'il me soit permis d'en douter. L'enthousiasme du succès ne saurait faire oublier une réalité moins joyeuse. Sur le podium à Darmstadt, les scientifiques, s'ils avaient le sourire juvénile, ne pouvaient cacher leur âge, proche de celui de la retraite pour certains, déjà dépassé pour d'autres. Si tous ont eu la prudence de s'entourer de collaborateurs plus jeunes, peu, à ma connaissance, disposent dans leurs laboratoires de la relève qui leur permettrait d'inventer et de construire les instruments d'une nouvelle mission. On ne forme plus en Europe - et en France en particulier - les scientifiques et instrumentalistes sans lesquels Huygens n'aurait pu être fait. Ses successeurs ne pourront pas voir de sitôt le jour sans un changement fort de politique, en particulier au niveau de l'évaluation des carrières des chercheurs. Développer les instruments et les senseurs nécessaires aux découvertes spatiales, comme beaucoup d'entre nous l'ont fait dans un passé pas trop lointain, n'est hélas plus une activité prisée par ceux qui suivent, dans les comités du CNRS ou des universités, l'évolution des chercheurs, considérée trop risquée, longue, peu productrice de publications, donc incompatible avec l'obtention d'un diplôme en trois ans, à la valeur souvent modeste, et si possible d'un poste dans un laboratoire. Pourquoi les jeunes chercheurs s'engageraient-ils dans cette voie ?
...

... le grand exploit qu'est Huygens risque, hélas, de n'avoir pas de suite.

Roger-Maurice Bonnet est ancien directeur scientifique de l'Agence spatiale européenne et président du Comité mondial de la recherche spatiale (Cospar).
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 22.01.05
« Modifié: 09 mars 2007, 02:12:51 pm par Jacques »