Le verrons nous de notre vivant ? La Terre est telle rendu assez âgée pour éviter se genre d'évènement sismologique ?
Tu es loin du compte, là, pour évaluer "Terre âgée".
Imagine qu'à l'école primaire, pour te punir d'une vantardise de trop, la maîtresse t'ait donné la tâche de compter jusqu'à un milliard. A raison d'un nombre par seconde, et de huit heures par jour, tu cesseras de compter plus de nonante-trois ans plus tard.
La Terre a 4,6 milliards d'années d'âge, et l'évolution du Soleil nous accorde encore quelques cinq milliards d'années comme planète habitable. Compare à une vie humaine. La Lune n'a pratiquement plus d'activité tectonique depuis trois milliards d'années, ou un peu moins : trop petite, vite refroidie et figée. La Lune est 81 fois plus petite que la Terre, dont l'évolution tectonique est toujours très active, avec des rouleaux de convection dans le manteau. On a eu du mal à comprendre et à modéliser, car le plus gros du dégagement de chaleur, dû aux désintégrations d'uranium et de thorium, est concentré dans le manteau, et non dans le noyau.
Le Yellowstone recommencera-t-il à péter ? Oui assurément, s'il est sur un point chaud, car ça c'est inépuisable. Le point chaud actuellement sous le Piton de la Fournaise a donné 2000 m de basalte sur le sous-continent Indien, quand celui-ci est passé dessus, à la fin du Crétacé. Le point chaud sous le Mauna Loa a donné naissance à deux belles rides au fond du Pacifique (ou plutôt une, mais coudée), à mesure que la plaque Pacifique défilait dessus.
Mais aussi bien le Toba que le Yellowstone en diffèrent, car ce sont tous deux des volcans gris, émettant des pyroclastes très siliceux (de la pierre ponce pulvérisée), qui n'avaient été fluidifiés en profondeur que par une grosse concentration en gaz dissous. Tous deux sont inféodés à un plan de subduction de Benioff, tout comme le Saint-Helens ou le Santorin. Aussi longtemps que la plaque Pacifique s'enfoncera sous l'Amérique du Nord, soit quelques deux cents à trois cents millions d'années encore, le Saint-Helens et le Yellowstone continueront à péter, chacun à son rythme. Le Yellostone va-t-il péter demain ou dans cent mille ans ou la moitié ? Nul ne le sait. Mais on sait qu'il n'y aura plus une récolte sur le continent Nord Américain pendant quelques années, et qu'éventuellement, cela déclenchera une nouvelle glaciation.
Je n'ai pas dit qu'elle était agée, mais je demandait si elle l'était.
En l'état actuel de nos connaissances, on est pratiquement certains que le Yellowstone pètera encore plusieurs fois, peut-être aussi longtemps que la plaque Pacifique et la plaque Juan de Fuca continueront à plonger sous la plaque Amérique du Nord.
Figure (grande) :
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8a/Plates_tect2_en.svgToutefois, l'enregistrement auquel moi grand public j'ai accès, se limite aux trois super-éruptions des deux derniers millions d'années. Soit environ un centième de la durée de vie du plan de Benioff qui enfonce le Pacifique sous l'Amérique, ce qui est fort peu.
Verras-tu cette super-éruption de ton vivant ?
Faisons les deux hypothèses simplificatrices suivantes :
H1 :
Il te reste cinquante ans à vivre.
H2 :
La prochaine super-éruption est équiprobable au cours des cent prochains milliers d'années.
Il est clair que ces deux hypothèses sont fort simplificatrices.
On fait le quotient : 50/100 000 = 1/2000.
Voilà, tu aurais une chance sur deux mille de voir cette prochaine extinction de masse sur une large partie du continent Nord-Américain, et des chances guère inférieures d'en être personnellement victime. Si le Yellowstone dépose trois mètres de cendres volcaniques (de la pierre ponce pulvérisée) sur les plaines à blé du Middle-West en cinquante ans d'éruption, vous en aurez probablement quelques décimètres aussi à Mourial, et vous aurez des problèmes pulmonaires voire de la fluorose avant. Le Laki en 1783 a fait une forte mortalité en Europe, par fluorose, pour ne pas parler de L'Islande elle-même, ravagée.
La précédente éruption du Yellowstone était bien avant le Sapiens Sapiens, mais au temps de l'Homo Erectus, et il n'y en avait pas encore en dehors de l'Afrique, en population bien réduites.