Anomalocaris et le restant de la faune de Burgess diffusés en animation vidéo, lundi 27 décembre 2010 sur la 5, à 20 h 39, et samedi 15 janvier 2011, à 23 h 02.
Il y en a 85 minutes.
Déjà répertorié de telles animations :
http://www.wat.tv/video/terre-avant-dinosaures-1cgrw_1cba2_.htmlhttp://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=954.0Mais c'était le Cambrien et le Silurien.
Finalement je l'ai vue, cette animation, et je suis scandalisé d'une telle accumulation d'erreurs, approximations, contre-vérités, sous le culte de l'image de synthèse et du récit dramatisé à outrance. Et tout ça sur le ton de la certitude absolue. C'est scandaleux, c'est de l'abus de confiance à jet continu.
Le langage est complètement farfelu et incontrôlé : voilà que la chaleur est "
une force". Sûr qu'avec cela le grand public va désormais assimiler les moteurs de la tectonique terrestre ! Traduction hâtive, des verbes sont employés à l'envers : "
remonter dans le temps", signifie au contraire dérouler le temps normalement, et non pas remonter.
Aucun âge géologique n'est nommé. On balance à la poubelle avec une ingratitude totale deux siècles d'observations de terrain, il ne reste plus que des datations absolues, sans aucune mention des problèmes qui demeurent encore pour dater de façon sûre. Dans le monde réel des paléontologues, on date en relatif, par rapport à la strate, par rapport à d'autres fossiles, microfossiles, voire phytolites et pollens, et la nature du sédiment. En dernier on budgète les datations absolues par des méthodes de labo de physique, fort coûteuses.
Parmi les spécialités scientifiques qui n'ont PAS, jamais été conviées à contrôler le scénario et le baratin, il y a à coup sûr les pédologues, les sédimentologues, les tectoniciens, etc. ; l'écologie végétale est aussi tout à fait absente, l'écologie marine n'est guère effleurée. Le comportement des animaux disparus doit tout aux mangas pour galopins de six ans, et rien aux connaissances en comportement animal : ils passent leur vie à rugir de façon émouvante et impressionnante, et agiter les mâchoires pour rien, pattes figées...
Contraintes de l'image de synthèse, les végétations terrestre ou sous-marine sont d'une pauvreté épouvantable.
Evidemment on a eu droit aux couplets du réchauffement climatique qui serait dû au dioxyde de carbone, aux glaciations du Vendien (devenues unique pour les besoins du drame) qui seraient dues à quelque carence en CO2 (alors qu'en réalité la teneur atmosphérique de l'époque était dans les 15 à vingt fois l'actuelle), et qui auraient disparu suite au même CO2 relâché par les volcans.
La description des glaciations par murs de glace est grotesque. Et de la déglaciation par recul des mêmes murs de glace, tout aussi grotesque.
Grâce à cette magie carbocentrique, la nébulosité ne jouerait plus le moindre rôle dans les variations climatiques, et encore moins les causes extraterrestres qui agissent dessus. Passez muscade !
Rien sur les émissions de dioxyde de soufre par les volcans. Rien sur le volcanisme sous-marin, soit 90 % du volcanisme réel. Heu si, les souffleurs apparaissent au début, mais leur rôle réel est laissé mystérieux.
Non, les premières terres émergées, les premiers radeaux de croûte continentale n'ont PAS été des volcans, mais des cratons, en anorthosite, comme sur la Lune, par différenciation chimique.
Les bombardements météoriques n'apparaissent dans l'animation qu'aux moments et avec la composition strictement nécessaire au récit dramatique. Encore de l'abus de confiance.
En revanche il est probablement exact que l'eau des océans n'aurait été apportée et surtout retenue que par des bombardements cométaires plus tardifs que ceux des premières accrétions.
Toujours pour les besoins du récit dramatique, la présence d'ozone en haute atmosphère, est datée dans le film à la déglaciation vendienne. Du coup, ils font démarrer de là les débuts de la végétation émergée. C'est un peu court comme causalité, et comme datation.
Les ouvertures d'océans, la Thétys ou l'Océan Atlantique sont grevées de confusions cocasses. Les contraintes de la tectonique sont remplacées par les contraintes de l'animation d'images de synthèse.
A tout instant transparaît le mépris des vidéastes pour les contraintes du travail scientifique, et de ses corrections constantes au cours des âges. Ils exigent eux vidéastes de regarder le grand public au fond des yeux, et de lui dicter seuls les nouvelles Certitudes...
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