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Auteur Sujet: Gayeté (Pierre de Ronsard, Folastries)  (Lu 3763 fois)

JacquesL

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Gayeté (Pierre de Ronsard, Folastries)
« le: 13 septembre 2010, 09:57:56 am »
Gayeté


Jaquet aime autant sa Robine
Qu'une pucelle sa poupine :
Robine aime autant son Jaquet
Qu'un amoureux fait son bouquet.
Ô amourettes doucelettes,
Ô doucelettes amourettes,
Ô couple d'amis bienheureux,
Ensemble aimez et amoureux !
Ô Robine bien fortunée
De s'être au bon Jaquet donnée !
Ô bon Jaquet bien fortunée
De s'être à Robine donné !
Que ni les robes violettes,
Les rubans, ni les ceinturettes,
Les bracelets, les chaperons,
Les devanteaux, les mancherons
N'ont eu la puissance d'époindre (1)
Pour macreaux (2) ensemble les joindre.

Mais les rivages babillards,
L'oisiveté des prés mignards,
Les fontaines argentelettes,
Par un petit trac mousselet (3)
Du creux d'un Antre verdelet,
Les grandes forêts renouvellées,
Le solitaire des vallées
Closes d'effroi tout à l'entour
Furent cause de tel amour.

En la saison que l'hiver dure,
Tous deux pour tromper la froidure,
Au pied d'un chêne mi-mangé
De main tremblante ont arrangé
Des chenevotes (4), des fougères,
Du chaume sec et des bruyères,
Des buchettes et des brochars (5),
Et soufflant le feu de deux parts
Chauffaient à fesses acroupies
Le clair dégoût de leurs roupies (6).

*


Après qu'ils furent un petit
Désangourdis, un appétit
Se vint ruer en la poitrine
Et de Jaquet et de Robine.

Robine tira de son sein
Un gros quignon buret (7) de pain,
Qu'elle avait fait de simple aveine (8)
Pour tout le long de la semaine :
Et le frottant contre des os,
En éternuant des naseaux
De l'autre côté reculée
Mangeait à part son éculée. (9)

D'autre côté Jaquet épris
D'une faim enragée, a pris
Du ventre sa panetière
Une galette toute entière
Cuite sur les charbons du four,
Et blanche de sel tout autour,
Que Guillemine sa marraine
Lui avait donné pour étrenne.
Comme il repassait, il a veu (10)
Guignant par le travers du feu
De sa Robine recourssée (11)
La grosse motte retroussée,
Et son petit cas (12) barbelu
D'un or jaunement crépelu
Dont le fond semblait une rose
Non encor' à demi-déclose.

Robine aussi d'une autre part
De Jaquet guignait le tribart (13)
Qui lui pendanit entre les jambes
Plus rouge que les rouges flambes
Qu'elle attisait soigneusement.
Après avoir vu longuement
Ce membre gros et renfrogné,
Robine ne l'a pas dédaigné,
Mais en levant un peu la tête
A Jaquet fit cette requête :

Jaquet (dit-ell') que j'aime mieux
Ni que mon coeur ni que mes yeux,
Si tu n'aime mieux ta galette
Que ta mignarde Robinette
Je te pri' Jaquet, choisi moi
Et mets la quille que je vois
Dedans le rond de ma fossette.

Hélas ! (dit Jaquet) ma doucette,
Si plus cher ne t'est ton grignon (14)
Que moi Jaquinot ton mignon,
Aprroche toi mignardelette,
Mignardelette doucelette,
Mon pain, ma faim, mon appétit,
Pour mieux t'embrocher un petit.

*

A peine eut dit qu'elle s'approche,
Et le bon Jaquet qui l'embroche
Fit trépigner tous les Sylvains
Du dru maniement de ses reins.
Les boucs barbus qui l'aguettèrent, (15)
Paillards, sur les chèvres montèrent,
Et ce Jaquet contr'aguignant (16)
Allaient à l'envie trépignant.

Ô bienheureuses amourettes,
Ô amourettes doucelettes !
Ô couple d'amants bienheureux,
Ensemble aimez, et amoureux !
Ô Robine bien fortunée
De s'être au bon Jaquet donnée !
Ô bon Jaquet bien fortunée
De s'être à Robine donné !
Ô doucelettes amourettes,
Ô amourettes doucelettes !



(1) faire sentir un désir
(2) sans doute maquereaux au sens d'entremetteur
(3) piste, chemin d'herbe
(4) chanvre
(5) morceaux de bois en forme de broche
(6) goutte qui pend au nez
(7) sombre, foncé
(8) avoine
(9) contenu d'une écuelle
(10) vu
(11) retroussée
(12) sexe féminin
(13) sexe masculin
(14) croûton de pain
(15) être aux aguets
(16) lorgner, regarder avec envie




in Livret de Folastries 1553
« Modifié: 14 septembre 2010, 01:23:46 am par Jacques »

JacquesL

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Les nouvelles modes de la cour, chantées par Pierre de Ronsard :
« Réponse #1 le: 13 septembre 2010, 11:13:41 pm »
Adieu, Cons rondelets, Corralines Fossettes,

Adieu, Cons rondelets, Corralines Fossettes,
L’Entretien de Nature et de tout l’univers;
Adieux, antre Velus, pleins de plaisirs divers,
Fontaines de Nectar, Marbrines Motelettes.


Ores (1), en votre lieu sont les fesses molettes,
Et les Culs blancs de chair, de tout Poil découverts ;
Les Culs plus que les Cons sont maintenant ouverts :
Les Mignons de la Cour y mettent leurs lancettes.


Le Roi ne m'aime point (2), pour être trop barbu ;
Il aime à semencer le champ qui n'est herbu ;
Et comme un vrai Castor, chevaucher le derrière ;


Lorsqu'il fout les Culs, qui sont Cons rétrécis
Il tient du naturel de ceux de Medecis, (3)
Et prenant le Devant, il imite son Père !



1578



(1) dorénavant
(2)  sous Henri III Ronsard perdit sa position de poète officiel au profit de Philippe Desportes
(3)  à l'époque on attribuait aux Médecis en particulier, et aux italiens en général, des tendances homosexuelles

JacquesL

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Je te salue, Ô merveillette fente,
« Réponse #2 le: 13 septembre 2010, 11:18:09 pm »
Je te salue, Ô merveillette fente,


Je te salue, Ô merveillette fente,
Qui vivement entre ces flancs reluis ;
Je te salue, Ô bienheureux pertuis,
Qui rend ma vie heureusement contente !


C'est toi qui fais que plus ne me tourmente
L'archer volant qui causait mes ennuis ;
T'ayant tenu seulement quatre nuits
Je sens sa force en moi déjà plus lente.


Ô petit trou, trou mignard, trou velu,
D'un poil folet mollement crespelu,
Qui à ton gré domptes les plus rebelles :


Tous vers galans devraient, pour t'honorer,
A beaux genoux te venir adorer,
Tenant au poing leurs flambantes chandelles !



1552
« Modifié: 21 septembre 2010, 12:08:27 pm par Jacques »