Je ne sais pas si je réussirai "incontestablement" ...
Je cogite beaucoup depuis que j'ai accepté ce poste ... Moi qui ai été si exigeante avec mes profs, du primaire à la thèse, je ne vais sans doute pas être à la hauteur de ce que j'ai attendu d'eux. Et dans ma philosophie de vie j'essaie toujours de faire ce que j'attends des autres ... ou de ne pas attendre d'eux ce que je ne peux pas faire. Je ne sais pas si c'est bien, mais c'est ainsi. Il va falloir que je m'assouplisse !
Pour l'instant mon principal boulot pour me préparer est donc de continuer à faire le deuil suivant : je ne serai pas une prof parfaite comme je l'aurais voulu. De même que je ne suis pas une fille parfaite, une femme parfaite, une citoyenne parfaite. C'est sain : je me dirige vers une plus grande humanité ! Mais pourquoi diable cela semble-t-il si évident aux autres
Enfin, en révisant dans les bouquins je prends conscience de tout ce que j'ai à transmettre, et notamment des méthodes : faire attention au français dans un énoncé, toujours bien être attentif aux dimensions, etc.
Grande ville : oui, Bobo. Bourgeoisie privilégiée : oui, et ça m'a beaucoup fait cogiter aussi. Parce que ça rejoint l'éternelle question du développement, du modèle qu'on plaque là-bas, des "élites" qu'on forme comme on forme les nôtres ... et on voit le résultat !!! Est-ce que se poser ces questions-là suffit à limiter les conneries qu'on peut faire là-bas ? Je ne sais pas ... Je verrai ...
Ah ! L'intelligence émotionnelle ........ Si vous saviez !!! Tout le monde me le recommande ! Je vais finir par l'acheter ce pavé ! Je l'ai feuilleté, un jour où mon envie de lire était en dessous de zéro, après une période où j'ai dévoré Paulo Coelho, Boris Cyrulnik, Jacques Salomé, Alice Miller, Marie Balmary, Guy Corneau ... même Bourdieu ! Je crois que c'est un peu pour ça aussi que je pars (deux ans, renouvelable) : vivre un peu, arrêter de me réfugier dans les bouquins, qui ont pourtant l'énorme avantage de ne pas m'en vouloir quand l'émotion déborde et que les larmes coulent à flot .....
L'intelligence émotionnelle, est-ce que ça s'apprend à l'école
Oui, moi aussi j'essaie d'écouter de plus en plus. Je ne crains plus le silence. J'ai appris beaucoup de lui : j'ai appris à m'écouter. Ceci dit il m'a fallu beaucoup parler, aussi, en thérapie, pour écouter mes mots, parce que seule je n'écoutais que mes larmes.
Depuis plusieurs mois l'idée a même commencé à germer dans mon ventre de construire un projet sur l'écoute (tiens ça me rappelle ce terme d'"écoute sensible" qu'emploie René Barbier :
http://www.barbier-rd.nom.fr/ecoutesensible2.htmce texte-ci est également magnifique, à lire jusqu'au bout :
http://www.barbier-rd.nom.fr/pedagocaresse.html). Me lancer en soins palliatifs ...
Ma grand-mère, qui est en maison de retraite et que je vais voir souvent (oui les burkinabè que je connais m'ont dit que c'était ça qui les choquait le plus en France), m'a dit l'autre jour : "si tu trouves pas de boulot tu pourrais bosser avec les vieux comme moi !". J'étais très émue, de sentir que mon accompagnement est humain et chaleureux pour elle, qu'elle ressent ma patience, qu'elle ose lâcher prise peu à peu et me laisser laver ses parties intimes plutôt que de rester dans sa merde, dans une réelle rencontre physique.
Merci, c'est bon de rencontrer des gens comme vous.