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Auteur Sujet: Du vocabulaire de l'esclavagisme en archéologie linguistique.  (Lu 1881 fois)

JacquesL

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Citer
D'autres sources sont indirectes par nature, telle que l'étude linguistique des sociétés fondées sur l'esclavage. C'est étonnant ce que la langue peut être bavarde, quand on ose lui poser de bonnes questions !

Citation de: ADN_ARN
Quand à l'étude linguistique que tu cites, j'avoue ne jamais en avoir entendu parler, ce qui devrait me donner un nouveau champ d'exploration, que malheureusement je n'aurai peut-être pas le loisir de parcourir à fond vu qu'il se fait tard à l'horloge de mon éternité personnelle ...

...

Cette étude linguistique m'intrigue vraiment. Aurais-tu un lien Internet qui permette de survoler le sujet ? Ou alors pourrais-tu résumer simplement la chose ?

Ma source maîtresse, mais je doute qu'on en trouve quoi que ce soit sur le Net, c'est le regretté Emile Benveniste :
Le vocabulaire des institutions indo-européennes. Deux tomes. Aux Editions de Minuit.
Problèmes de linguistique générale. Deux tomes. Aux éditions Gallimard.

Benveniste ne communiquait jamais un seul de ses doutes ni de ses questions. Il ne communiquait que ses certitudes.
Il a écrit que l'étymologie de merk, mark, mercedis, merere était inconnue.
J'ai trouvé qu'il nous avait pourtant donné toutes les clés, et lui ai posé la question, mais ma lettre m'est revenue avec le tampon "Décédé".
"*mei *moï" est bien connue comme racine indo-européenne de l'échange.
En latin : "moerus" et "moenus" nous ont donné mur, munir, immune, munition, commun... des dizaines de mots français.
En allemand, "gemein", "Gemeinerat", etc.
En russe "mir", "meniat' ", "meniala"...

Et la racine "alf ,*arkh" est aussi bien connue dans ses variations. Sens générique : honneur (les ahriman : les sages de bon conseil), et valeur d'échange d'un corps humain quand on le vend en mariage, ou quand on le vend comme esclave.

Dans Homère, un compliment aux belles pucelles, est qu'elles sont "alfesiboïaï" : elles rapporteront des boeufs à leur père.

En grec archaïque, Benveniste s'intéresse aussi aux deux désignations de la richesse : celle qui marche sur ses pieds (troupeaux) et celle qui ne marche pas. Il ne le précise pas, mais on peut comprendre qu'à l'époque où cette distinction linguistique s'est figée, l'une était en transmission patrilinéaire, l'autre en transmission matrilinéaire.

D'une manière générale, Benvéniste s'arrêtait soudain, effrayé, quand ses découvertes le menaient aux fondements esclavagistes des sociétés indo-européennes, soit probablement à partir de la seconde invasion Kourgane, la première qui n'ait pas détruit les artisans des pays envahis.

Benveniste s'arrêtait effrayé, quand après avoir mis en évidence qu'à Rome "Libertas" désigne la condition juridique de celui qui n'est pas esclave, il remarqua que "liberi" désigne simultanément les enfants, et les jeunes pousses végétales. Il se refusa à bien fouiller l'autre usage romain de la même racine. Or en botanique on utilise encore ce mot de liber : le feuillet vert et vivant par où poussent les arbres, sous l'écorce. Cela me semble pourtant bavard, mais c'est vrai que du point de vue scientifique, il a eu du mal, et j'aurais encore bien plus de mal, à trouver des preuves solides dans l'archéologie linguistique.

Pour ma part, confronté de près aux nombreuses astuces pour empêcher les enfants de pousser, dont Aldous Huxley nous a touché un mot à sa façon dans son Brave new world, je n'avais pas besoin qu'on me fisse un dessin.

D'autres auteurs plus obscurs, étudiant aussi les vieux proverbes, sont arrivés à la conclusion que les sociétés indo-européennes méprisaient solidement le travail et les travailleurs. Il a fallu Martin Luther pour rendre "Arbeit" à peu près présentable. Etymologie ? Orbos, c'est à dire orphelin, non protégé.

Côté langues sémitiques, ce n'est pas mieux.
Au Tchad, les Toubous, ethnie redevenue dominante après la chute de Tombalbaye, désignent leur Nord montagneux et aride : Dar al Islam.
Le Sud du pays, où vivent les noirs, demeure "Dar al Abid", Terre des esclaves.


J'oubliais de rappeler qu'au temps des Mérovingiens, les couvents et le clergé chrétien avaient des esclaves.
L'évêque Grégoire de Tours n'a pas de mots assez durs contre tel comte qui le premier, a osé affranchir ses esclaves, au temps de Chilpéric et de Gontran. Et de Frédégonde...


Liens pour l'hypothèse Kourgane, une genèse des indo-européens :

http://www.indo-europeens.info/theorie_des_kourganes.html
http://www.ieiop.com/pub/11sergent_076661d9.pdf
http://wapedia.mobi/fr/Kourgane
http://bbouillon.free.fr/univ/hl/Fichiers/Cours/indo2.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypoth%C3%A8se_kourgane
http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_indo-europeens_des_parentes_linguistiques_aux_concordances_mythologiques.asp
http://www.ciep.fr/publications/genetique/genetique25.php
Et un débat en forum à :
http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=41&t=15031&start=45&st=0&sk=t&sd=a
« Modifié: 20 mai 2010, 12:30:41 am par Jacques »