" Le monde musulman de la naissance a la renaissance ", d'Abdelghani Megherbi.
Je l'avais acheté à Alger, en 1978.
Je ne le citerai que de mémoire.
Megherbi exhortait à ce que les pays musulmans reprennent leur domination sur le monde, comme au Moyen-âge.
Son argument principal était la supériorité à la guerre : les guerriers musulmans prennent plus de risques, et meurent volontiers au combat.
Il dit cela : "La supériorité de l'idée".
Pacifiste total, Georges Brassens avait répondu d'avance :
Mourir pour des idées. L'idée est excellente !
Moi j'ai bien cru mourir de ne l'avoir pas eue.
Durant ces mêmes deux voyages à Alger, j'avais aussi acheté quelques exemplaires de la presse locale en langue française, tel que El Moudjahid.
Et là, même phénomène que dans "Le Temps de Paris" : si les éditoriaux et les grands articles sont plutôt bien tenus, propres, c'est à la critique cinématographique qu'il faut lire la ligne éditoriale réelle du journal, celle de la guerre sous idéologie de guerre de religion. Guerre civile pour Le Temps de Paris (Nous les Chouans contre eux les incroyants !), guerre de conquête extérieure pour El Moudjahid, dénigrant "l'Occident décadent aux moeurs dépravées"...
Autres sources à consulter :
L'art de la guerre, tome 1, du général Emile Wanty, éditions Marabout.
Mahomet. par maxime Rodinson.
"Abtar", c'est à dire n'engendrant pas de garçons, soit presque un impuissant dans la culture arabe de l'époque, et marié à une femme vieille, Khadidja, Muhammad, caravanier d'origine modeste, n'en avait pas assez pour son ambition. Il fait alors comme les autres prophètes de sa région, il va jeûner quarante jours dans le désert jusqu'à avoir des visions. Il se désigne alors par sa Voix : "Tu es l'envoyé d'Allah". Celui-ci n'était encore qu'un dieu parmi les autres dans la Mecque. Muhammad va en faire la promotion, pour en faire le dieu unique, nettement plus pratique pour les projets politiques et militaires de Muhammad. Les arabes du désert étaient des guerriers nés, endurants, sachant se dissimuler... mais individualistes. Muhammad les optimise alors pour les guerres modernes de ce temps là, en les disciplinant totalement, il organise leur soumission aux ordres d'Allah, et donc de son prophète. Soumission, en arabe cela se dit "islam", et "soumis", cela se dit "muslim".
Alors que la plupart des autres religions ont leurs origines dans le lointain du néolithique, et leur histoire est impossible à retracer précisément, l'islam offre un cas chimiquement pur, d'un système politico-religieux entièrement optimisé, dès le début, pour la guerre de conquête.
En 627, la bataille du fossé illustre bien la distance culturelle qui séparait alors les arabes, des techniques militaires ailleurs courantes. Les mecquois étaient excédés de voir leurs caravanes attaquées et pillées par cet honnête brigand de grand désert, qu'était devenu Muhammad, et ses guerriers auxquels le paradis était promis. Ils lancèrent une expédition sur Yathrib (Médine actuellement). Muhammad en fut averti à temps, et sur les conseils du persan salm?n al-f?ris?y, fit creuser un fossé autour du camp des soumis. Cela suffit à désorienter les assaillants, qui ne pouvaient plus lancer leurs charges de cavalerie. Le siège dura plus d'un mois, sans aucune action militaire sérieuse. Les mecquois traitèrent Muhammad de lâche... Mais leur expédition demeura vaine.
Cette transition de la guerre comme moyen de briller par son courage et sa force, pour se qualifier sur le plan de la compétition sexuelle, à la guerre par armées disciplinées, était achevée en Chine au 4e siècle AC, au temps des Royaumes Combattants. Sun Tzu fit décapiter le cavalier qui était allé seul faire une démonstration victorieuse dans les rangs ennemis : "Il est brave, mais indiscipliné".
Dans les grands empires hydrauliques d'Egypte et de Mésopotamie, la transition était accomplie encore plus tôt. En Grèce et en Macédoine également. Voir la formation de la phalange macédonienne. Voir aussi la précision nécessaire aux rameurs d'une trière.
Chez les amérindiens des plaines d'Amérique du Nord, cette transition n'était pas du tout commencée, quand ils eurent à faire face à l'invasion par les blancs. Leur société était certes fondée sur la guerre, et les prises de butin comme qualification à la maturité sexuelle, mais cela ne fit pas le poids devant les technologies et les techniques de guerre des blancs.
Le summum du disciplinage de soldats et de mépris de chaque vie humaine, fut atteint durant la guerre de Corée : les chinois lançaient les attaques nocturnes sur les postes américains par vagues humaines. Leurs rangs d'assaillants se faisaient massacrer par les mitrailleuses, jusqu'à ce que les défenseurs aient épuisé leurs munitions, ou que les armes surchauffées s'enrayent. De nombreux soldats étaient ainsi lancés sans armes. A charge pour eux de récupérer les fusils des morts.
Pouvons-nous leurs donner des leçons d"humanisme ? Durant la guerre de 14-18, le commandement programmait ainsi : "Nous allons lancer une petite offensive là. Nous perdrons mille hommes de part et d'autre, et tout le monde sera content."
Le point clé, est que depuis la naissance et les perfectionnements de la guerre au cours du Néolithique, la guerre est le premier facteur de sélection entre les sociétés et civilisations. Les civilisations demeurées individuelles et chamaniques, tels les Nénetz de Sibérie, les Sami dans le Nord de l'Europe, ne purent faire face aux civilisations guerrières, et furent refoulées vers les terres les plus ingrates quant aux survivantes, et nous ignorerons tout de celles qui furent exterminées.
Le commerce inégal, l'esclavagisme et les épidémies firent le reste.